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Investir dans la santé en 2024? « Ce secteur n’est pas trop cher, et il est prometteur »

Dans un contexte mitigé, le marché obligataire se distingue dans les prévisions de 2024, selon Xavier Timmermans, stratégiste en investissement chez BNP Paribas Fortis.

Inflation, remontée des taux d’intérêt, récession économique, immobilier résidentiel en berne…, à l’approche de 2024, ce cocktail détonant donne du fil à retordre aux investisseurs qui ne savent pas toujours où placer leurs deniers. Ils doivent composer avec des perspectives économiques contrastées et des risques liés à une volatilité plus élevée.

Malgré les défis actuels, il est encore possible de tirer son épingle du jeu, estime Xavier Timmermans (BNPPF). «Nous pensons que les banques centrales ont terminé leur cycle de hausse des taux d’intérêt destiné à combattre l’inflation. A ce stade, les anticipations du marché sont correctes: une baisse aux Etats-Unis de 1% et de 0,80% en Europe à partir du mois de juin.»

En 2024, on privilégie la qualité

Or, les marchés réagissent positivement à cette perspective de baisse de taux. «Au cours des cinquante dernières années, nous avons constaté de belles performances des actions et obligations à chaque fois que les banques centrales ont pivoté. Cela prime sur le ralentissement de l’économie.» A cet égard, le stratégiste juge les marchés obligataires attrayants: «En comparaison aux dix années écoulées, les rendements obligataires ont augmenté.» Et pour en obtenir un bon, inutile de s’exposer à des risques trop élevés. «Vous pouvez engranger des rendements raisonnables sur quatre à cinq ans, que ce soit en obligation d’entreprise de bonne qualité ou en obligation d’Etat», chiffre Xavier Timmermans.

En dessous des notations AAA et BBB, il pourrait y avoir des défauts. Mieux vaut privilégier la qualité.» Xavier Timmermans, stratégiste en investissement chez BNP Paribas Fortis

Néanmoins, il est important de ne pas foncer tête baissée. En cause, le contexte macroéconomique. «Nous pensons que les banques centrales baisseront leurs taux car les hausses successives précédentes ont eu l’effet escompté: elles ont ralenti l’économie et l’inflation. Mais ce ralentissement pèsera également sur les résultats des entreprises. Il faut donc rester prudent sur la qualité lorsqu’on investit dans des obligations, car certaines sociétés pourraient connaître des difficultés», souligne Xavier Timmermans.

Qu’il s’agisse d’obligations d’entreprise ou d’Etat, le stratégiste recommande donc de s’exposer à des obligations «investment grade». «Nous conseillons à l’investisseur lambda de privilégier les notations de bonne qualité, qui s’étalent entre un AAA et BBB, détaille Xavier Timmermans. En deçà, l’investisseur tombera dans les obligations à haut rendement, et il pourrait y avoir des défauts.»

Néanmoins, ces risques sont modérés, juge l’économiste. Selon lui, le marché du travail devrait résister au contexte tendu de la crise. A l’exception d’un incident géopolitique ou d’un scénario imprévu, le taux de chômage ne devrait pas monter en flèche et la consommation ne devrait pas s’effondrer. Par ailleurs, en Europe, la croissance est déjà très faible. «Les valorisations sont très basses, nous ne pensons pas que les marchés européens sont vraiment en danger», rassure-t-il.

La stratégie des extrêmes

Le conseiller recommande d’adopter la même stratégie d’investissement pour les actions. «Ce n’est peut-être pas le moment de jouer les secteurs les plus fragiles. Il est préférable de rester sur des bilans solides, même s’ils sont plus chers.» Tant pour les fonds que pour les trackers (NDLR: des fonds passifs côtés en Bourse), il faudra donc opter pour des grands indices et des grandes capitalisations. «Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible d’investir dans les actions des petites sociétés, mais cela nécessite une certaine sélectivité, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde», ajoute-t-il.

Xavier Timmermans, stratégiste en investissement chez BNP Paribas Fortis
Xavier Timmermans, stratégiste en investissement chez BNP Paribas Fortis © National

Mais attention à ne «pas mettre tous ses œufs dans le même panier». Selon Xavier Timmermans, le «gros du portefeuille doit être constitué d’obligations de bonne qualité qui procurent un rendement agréable. Il ne doit pas forcément s’agir d’un investissement à long terme (trois à cinq ans)».

En corollaire, il recommande d’investir dans un portefeuille d’actions de qualité à long terme: par exemple, dans le secteur de la santé. «Ce secteur n’est pas encore trop cher et il est prometteur, car il fera encore l’objet d’une série d’innovations grâce à l’intelligence artificielle, qui permettra d’aller plus vite dans les tests», précise-t-il. Le spécialiste ajoute que les particuliers peuvent également investir au travers de trackers sur des thèmes spécialisés comme la robotique, la sécurité informatique, la cyberinformatique, l’intelligence artificielle et l’innovation médicale. «Idéalement, il faut adopter une stratégie ou l’on privilégie les deux extrêmes: d’un côté la technologie et, de l’autre, des actions plus classiques, plus ennuyeuses, mais qui ont des bilans solides, qui paient des bons dividendes et qui ont un business sain.»

Le stratégiste déconseille d’investir dans certains titres. «Nous avons des doutes sur la poursuite de la hausse des Magnificent Seven (Apple, Alphabet, Microsoft, Amazon, Meta Platforms, Tesla et Nvidia). Entre le 31 décembre 2022 et le 22 novembre 2023, cet indice a grimpé de 102%. Nous ne pensons pas que ces valeurs feront à nouveau plus de 100% l’an prochain. Extrapoler les tendances du passé, c’est dangereux, avertit Xavier Timmermans. Il est tout à fait possible d’investir dans des entreprises plus petites, moins chères, qui se porteront très bien dans les mois à venir.»

Enfin, selon Xavier Timmermans, l’or, même s’il est cher pour l’instant (2000 dollars l’once), constitue une bonne diversification, car il permet de se prémunir des incidents géopolitiques. «Nous l’avons constaté lors de l’attaque du Hamas, l’or est une bonne valeur refuge contre un scénario auquel on donne une faible probabilité, mais qui n’est pas totalement impossible.» Quant à l’immobilier, le stratégiste se montre plus nuancé. «L’immobilier physique n’a pas connu une très grosse correction des prix. En revanche, la baisse observée dans l’immobilier coté (commercial) est plus importante», conclut-il.

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