Immobilier, Bourse, assurances: que choisir quand on est un jeune investisseur?
Il n’existe aucune formule magique pour le jeune investisseur. Le choix dépendra surtout de son profil et de ses objectifs. La clé sera de diversifier.
Jeune investisseur: se tourner vers la brique?
L’immobilier est souvent considéré comme une valeur refuge: il est tangible et le marché belge est en progression continuelle. Entre 2018 et 2022, les prix moyens des maisons et appartements ont grimpé respectivement de 27,5% et 20% alors que l’inflation s’élevait à 15,4% (source: Baromètre des notaires). Par ailleurs, pour l’investisseur, l’immobilier offre un rendement grâce à la location et une plus-value en cas de revente du bien. La brique n’est toutefois pas l’investissement le plus accessible quand on est un jeune investisseur de moins de 30 ans. D’autant que les taux des prêts hypothécaires ont augmenté ces deux dernières années. Alors qu’ils avoisinaient 1% en 2021, ils se maintiennent au-dessus des 3% depuis le début de 2023. Mais il est possible d’investir dans des bâtiments moins coûteux à l’achat (garages, kots…) ou de financer une partie de son achat immobilier en se constituant un capital grâce à des placements en Bourse, par exemple.
A ne pas négliger: l’immobilier implique des frais d’entretien, des risques de vacance locative ou de défauts de paiements qui peuvent grever la rentabilité (3% à 5% de rendement locatif brut en Belgique). Patrick Wangneur, conseiller en structurations patrimoniales et prévoyance chez CBC Banque, rappelle encore «d’être attentif à l’évolution des normes énergétiques qui peuvent devenir de plus en plus contraignantes». En Flandre, les acheteurs de biens énergivores ont désormais l’obligation de les rénover dans les cinq ans après l’acquisition.
«Comparé à d’autres produits, l’immobilier est beaucoup moins liquide, avertit Thomas Ruelle, directeur personal banking Wallonie chez ING Belgium. Si l’on veut vendre son bien pour récupérer du capital, cela prend un certain temps. Il est aussi très concentré, car on place une grosse partie de son patrimoine dans un seul bien.» On peut toutefois diluer le risque en investissant dans plusieurs types de bâtiments ou encore en plaçant son argent dans «l’immobilier-papier» via des sociétés immobilières réglementées (SIR), des fonds immobiliers ou des entreprises immobilières cotées en Bourse. Cette formule permet d’éviter les frais d’entretien et d’investir dans plusieurs secteurs de l’immobilier avec un montant de départ d’à peine quelques centaines d’euros.
Rentrer sur le marché avant qu’il évolue positivement puis sortir avant qu’il baisse, cela s’apparente plutôt au Monopoly.
Bourse: la régularité souvent récompensée
La Bourse a pris un coup de jeune grâce à la digitalisation des outils, à la «gamification» de certaines applications ou encore à l’accroissement des conseils en investissement sur les réseaux sociaux. Et elle a le grand avantage d’être accessible avec quelques dizaines ou centaines d’euros.
Ces tendances rendent le trading plus accessible mais n’empêchent pas les erreurs. «Le piège principal est de vouloir battre à tout prix le marché ou de se croire plus malin que les autres, alerte Thomas Ruelle. La bonne nouvelle est que l’investissement ne récompense pas seulement le risque, mais aussi la régularité, c’est pourquoi il est important d’avoir un horizon de temps suffisamment important – minimum cinq ans. Si, à l’inverse, on cherche juste à rentrer sur le marché avant qu’il évolue positivement puis à sortir avant qu’il baisse, cela s’apparente plutôt à du casino…»
Pour un jeune investisseur, Thomas Ruelle conseille de se tourner, au début, vers des fonds plutôt que vers des actions ou des obligations. «Ces dernières nécessitent beaucoup de suivi et le risque est loin d’être diversifié. Même si l’on achète plusieurs actions dans des entreprises, des zones géographiques et des secteurs différents, leur comportement peut être corrélé, ce qui est moins le cas dans un fonds car un travail est réalisé en amont par le gestionnaire pour s’assurer que le portefeuille soit cohérent et diversifié. Les fonds sont, par ailleurs, plus monitorés que les actions directes des sociétés cotées, et il sont plus facilement classifiables pour des débutants en fonction des profils de risque, des thèmes d’investissement (industries spécifiques, devises, développement durable…), etc.»
Etaler ses investissements est la meilleure façon de limiter les risques et d’optimiser les rendements face aux fluctuations du marché. «On ne peut pas déterminer avec exactitude si le marché baissera ou montera, donc mieux vaut étaler ses investissements dans le temps pour neutraliser les effets des fluctuations, souligne Patrick Wangneur. Mathématiquement, on voit en effet que si on investit cent euros pendant dix mois, le cours moyen est beaucoup plus bas que si on investit mille euros en une fois, donc le rendement par la suite est plus important.»
Assurances: avantages fiscaux et optique à long terme
En assurances, il faut distinguer les contrats d’épargne (type épargne-pension) avec rendement annuel minimum garanti (branche 21) et les produits couplant une assurance vie avec des fonds d’investissement en Bourse (branche 23). Dans ce dernier cas, l’argent versé par le souscripteur est investi sur les marchés via un fonds, ce qui permet généralement d’augmenter les rendements mais expose aussi à davantage de risques. Par ailleurs, les assurances de la branche 23 ne garantissent aucun rendement minimum ni l’assurance de récupérer son capital.
«Ce genre de produits s’adresse donc plutôt aux investisseurs dynamiques, alors que ceux au profil plus défensif se tourneront davantage vers la branche 21», souligne Patrick Wangneur avant d’ajouter que les assurances de la branche 23 «sont assez similaires à des fonds d’inves- tissement comme les Sicav (Sociétés d’investissement à capital variable). Une assurance reste, par contre, un contrat avec un preneur, un assuré et un bénéficiaire. Il est donc plus compliqué à mettre en place qu’une Sicav, mais la fiscalité est parfois plus attrayante.»
Les assurances de la branche 23 permettent généralement d’éviter le paiement d’un précompte mobilier. Comme celles de la branche 21, elles donnent droit à un avantage fiscal de 25% ou 30% selon les primes versées (maximum 990 ou 1 270 euros par an), à condition qu’il s’agisse d’une épargne-pension. Le capital constitué est par contre bloqué jusqu’à une certaine échéance et il n’est pas possible d’y accéder au préalable, sauf à des conditions généralement désavantageuses.
34%
des 16-29 ans et 30% des 30-39 ans investissent dans les monnaies virtuelles, contre seulement 11% des 50-59 ans.
Ne pas négliger l’épargne
L’épargne est un préalable à l’investissement car elle permet de se constituer un capital garanti disponible soit immédiatement grâce à un compte d’épargne, soit à plus long terme via une épargne-pension de la branche 21, par exemple. L’épargne-pension et celle à long terme sont par ailleurs fiscalement avantagées en Belgique, ce qui offre un rendement supplémentaire. Cet avantage fiscal s’élève à 30% sur les primes versées et il peut même être supérieur pour les indépendants qui contractent une pension libre complémentaire pour indépendant (PLCI): «C’est généralement un produit à taux garanti, donc défensif, mais avec un avantage fiscal qui peut grimper jusqu’à 50% puisqu’il est repris comme dépense dans les charges déductibles. La PLCI a, en plus, un effet sur les cotisations sociales car celles-ci sont calculées sur un revenu net imposable charges déduites. Les deux combinées peuvent donner un avantage total qui dépasse allègrement les 60%», conclut Patrick Wangneur.
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