Epargne: les meilleurs produits pour investir son argent en 2024
Alors que 2024 semble plus favorable aux obligations qu’aux actions, Charlotte de Montpellier, macroéconomiste chez ING, livre ses conseils pour déjouer les pièges de la diversification.
En 2024, «l’effet Tina, c’est terminé!», déclare Charlotte de Montpellier (ING) en début d’interview. Il est vrai qu’auparavant, l’acronyme de «There is no alternative» régnait en maître sur les marchés. Les taux d’intérêt et le rendement global des obligations étaient si bas que de nombreux experts affirmaient qu’il n’y avait pas d’autre choix que les actions.
La vapeur s’est inversée en 2023, signant le retour en grâce du marché obligataire. «Les obligations sont non seulement plus intéressantes qu’auparavant, mais aussi plus attractives que les autres options», confirme l’économiste.
Toutefois, avant de placer son argent dans des obligations, Charlotte de Montpellier rappelle qu’il est indispensable de déterminer son horizon de placement et son profil d’investisseur. «Une personne qui souhaite un placement sur deux ans n’aura pas les mêmes opportunités qu’une autre désireuse d’investir sur quinze ans. Les choix ne sont pas les mêmes, insiste-t-elle. De même, quelqu’un peu à l’aise avec le risque de perte ne fera pas les mêmes choix qu’un investisseur prêt à accepter les fluctuations.»
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Selon l’experte, les gens moins en phase avec les fluctuations doivent privilégier les obligations aux actions, dont les perspectives s’annoncent plus moroses en 2024, du moins sur le court terme. «Je dirais que la situation est acceptable, mais les perspectives ne sont pas faramineuses.» La spécialiste explique que les fluctuations dépendent des revenus des entreprises, de leur activité et donc, de leurs dividendes. «En outre, les perspectives économiques se sont clairement détériorées, poursuit-elle. Certaines entreprises annoncent d’emblée aux investisseurs une baisse de leur chiffre d’affaires en 2024 par rapport à 2023. C’est donc moins idéal pour les dividendes et les valorisations d’actions.»
Eviter les secteurs cycliques?
La macroéconomiste rappelle néanmoins qu’il est indispensable de diversifier son portefeuille. Ainsi, dans le cadre d’un «profil balancé» – entre le risque et le rendement, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde – il est recommandé de placer 50% de son portefeuille dans des actions, 48% dans des obligations et 2,5% dans du cash (les comptes à terme, par exemple).
Dans ce contexte, Charlotte de Montpellier estime que les actions constituent un placement plus intéressant à long terme. «Ça a toujours été une excellente protection contre l’inflation. Cela signifie qu’on peut être constructif sans être trop optimiste. C’est plus risqué et il faut être prêt à accepter plus de fluctuations, c’est vrai, mais cela a toujours été le cas. Il faut être plus sélectif, puisque nous sommes dans une phase de décélération. Des entreprises fort endettées représentent peut-être un trop grand risque», détaille Charlotte de Montpellier. Dès lors, elle recommande de se tourner vers des entreprises au bilan sain, d’investir dans des secteurs comme la technologie et l’intelligence artificielle, qui ont très bien performé. A contrario, il est déconseillé de se tourner vers des secteurs cycliques, comme la chimie, qui sont davantage affectés. Mais Charlotte de Montpellier nuance: «Si l’on part de l’hypothèse que le ralentissement ne se transformera pas en une grande crise, on peut espérer que les valeurs qui ont souffert et sont assez cycliques se redressent en 2024. Dans cette optique, c’est peut-être intéressant de se positionner là-dessus.»
Attention au taux de change
Dans la mesure du possible, la spécialiste recommande également de diversifier les régions dans lesquelles on investit. Selon elle, actuellement, l’Europe souffre un peu plus que les Etats-Unis. Un investisseur plus exposé aux Etats-Unis sera donc plus confortable. «Même si l’économie américaine était amenée à décélérer, nous restons relativement positifs sur le moyen et sur le long terme pour cette région.»
Mais attention au taux de change. «On peut détenir des investissements avec un bon rendement aux Etats-Unis mais lorsque le taux de change évolue défavorablement et qu’il fait basculer une très bonne performance, c’est moins intéressant», poursuit-elle. En outre, il est important de garder à l’esprit que l’euro a été très faible. «La devise risque de redevenir un peu plus forte, ce dont il faut tenir compte lorsqu’on décide d’investir à l’étranger.»
Par ailleurs, Charlotte de Montpellier n’encourage pas vraiment les investisseurs à acquérir de l’or. «Il faut d’abord établir une distinction claire: parle-t-on d’un instrument boursier ou d’un lingot d’or? Ce sont deux choses complètement différentes. Ensuite, il est vrai que dans un contexte perturbé, l’or rapporte. Par exemple, la Russie et la Chine achètent beaucoup d’or, ce qui raréfie la ressource et influence la demande. Mais à l’ordinaire, l’or ne rapporte pas. Lorsqu’on peut obtenir un rendement de 2,8% à dix ans avec une obligation, on se rend compte que l’or est moins intéressant», assure-t-elle.
Enfin, l’experte se montre également plus nuancée pour l’immobilier. «L’investissement résidentiel ne s’annonce pas favorable, des vents contraires vont demeurer, poursuit-elle. L’immobilier coté est plus intéressant, car il a déjà intégré les effets négatifs du choc inflationniste. Mais encore une fois, il faut être sélectif. Si l’on compare les perspectives des maisons de repos (dont l’avenir est garanti en raison du vieillissement de la population) ou de l’immobilier commercial (qui se porte moins bien), les pronostics à dix ans ne sont pas du tout les mêmes. Ici aussi, il faudra donc être sélectif dans ses choix.»
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