Energie: pourquoi c’est le moment idéal pour prendre un contrat à prix fixe sur… 3 ans

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Une nouvelle étude de la Creg souligne que les ménages belges pourraient mieux choisir leur contrat d’énergie, et ainsi réaliser des économies intéressantes. Pour Damien Ernst (ULiège), opter pour un contrat fixe sur trois ans prend tout son sens. Explications.

Les Belges trop peu enclins à chercher un meilleur contrat d’énergie ? Les conclusions d’une étude réalisée par la Creg sont en tout cas édifiantes. Cette dernière montre qu’en Wallonie, environ deux millions de ménages peuvent réaliser des économies comprises entre 150 et 300 euros par an sur leur facture d’électricité. Quant au gaz, plus d’un million de foyers pourraient gagner entre 200 et 250 euros.

Le régulateur fédéral pointe entre autres le niveau historiquement bas de la proportion de contrats à prix fixe, ainsi qu’un nombre de fournisseurs actifs en baisse. « En Wallonie, les 10 produits d’électricité les plus chers représentent 50 % de l’ensemble du marché, tandis que les 10 produits les moins chers occupent une part de 15 %. Les 10 produits de gaz naturel les plus chers représentent 57 % de l’ensemble du marché, tandis que les 10 produits les moins chers occupent une part de 17 % », détaille l’étude. Par ailleurs, la Creg conseille également aux ménages qui ont opté pour un contrat à prix fixe avant 2022 de conserver leur contrat.

Le professeur Damien Ernst (ULiège), spécialiste des questions énergétiques, confirme le faible nombre de personnes actuellement sous contrats à prix fixe. Or, rappelle-t-il, la marge de négociation pour les clients sous contrats variables est très faible. « Ces derniers sont indexés sur le marché day-ahead du Belpex. Ce sont donc des contrats qui sont très ‘dérisqués’. Les fournisseurs sont réduits au rôle de ‘passe-plat’, avec une très faible marge. Ils se trouvent tous dans un mouchoir de poche », expose Damien Ernst.

Opter pour un contrat d’énergie à prix fixe prend tout son sens

Actuellement, les contrats à prix fixes ont tendance à facturer un prix de l’électricité supérieur à celui des contrats variables, car le gaz est assez bas sur les marchés. Mais il risque de remonter de manière significative cet hiver. « On observe aussi une recrudescence de la demande en Asie. Avec un contrat fixe, on paie donc l’électricité un peu plus cher, mais on se protège pour le futur. Il est très risqué de dire aux gens de quitter leur contrat à prix fixe pour aller sur un variable. Ils peuvent y gagner à court terme, mais seront exposés à des prix significativement élevés à moyen terme », tranche le spécialiste de l’ULiège.  

Opter pour un contrat fixe maintenant prendrait donc tout son sens. « On ne va pas récupérer le gaz russe dans les mois qui viennent. Ce volume-là va disparaitre. Et il sera compliqué de le remplacer par du LNG (gaz liquéfié) à bas prix. Les prévisions sur les prix sont donc à la hausse », prédit Damien Ernst.

Viser une diminution de 30%

Est-ce le bon moment pour revoir son acompte mensuel à la baisse ? « Tout dépend de quand la personne a mis à jour son acompte pour la dernière fois. Si c’était en 2022, c’est un excellent moment pour le revoir à la baisse. Le client peut viser une diminution de 30% par rapport à 2022, sans prendre de gros risques, conseille Damien Ernst. Pour les gens qui ont négocié leur contrat à prix fixe en janvier, il est judicieux de renégocier un nouveau contrat maintenant. »

L’expert en questions énergétiques ne s’attend pas à un retour à la normale, -soit des prix oscillant entre 15 et 20 euros par mégawattheure- avant… 2027. « Pour la simple raison qu’on n’a pas vraiment une grosse capacité de LNG. Développer ces projets de liquéfaction prend du temps. Notre capacité d’importation en Europe augmente, notamment grâce au floating storage regasification unit (FSRU). Mais au niveau international, cette capacité de liquéfaction du gaz reste faible. C’est l’élément déterminant, et les nouveaux grands projets arriveront dans l’équation en 2027. Avant cette date, je ne vois pas une chute significative du prix du gaz », analyse-t-il.

Se couvrir pour 2026

Pour Damien Ernst, c’est le bon moment pour reprendre des contrats à prix fixes d’une durée de 3 ans. « Cela permet de se couvrir pour l’année 2026. On sait que cet hiver-là risque d’être tendu en termes de capacité d’approvisionnement électrique, avec la perte de certains réacteurs nucléaires en Belgique. »

Pour le professeur de l’ULiège, il ne faut pas traîner à se décider, car faute de liquidités, les fournisseurs ne seront peut-être pas en mesure d’offrir des contrats à prix fixe à tout le monde. « Les fournisseurs font du back-to-back, -quand on prend un contrat à prix fixe, ceux-ci achètent les volumes équivalents au nombre d’années du contrat. A cet égard, il y aura très peu de liquidités sur le marché en 2026, et donc les fournisseurs ne seront pas capables d’offrir à tout le monde des contrats à prix fixe. »

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