Composer une assiette coûte bien plus cher qu’il y a 10 ans. © Illustrations réalisées par une intelligence artificielle (OpenAI ®) - crédit : Roularta Media Group

Petit-déjeuner, barbecue, dessert… L’augmentation moyenne des prix traquée sur 10 années (infographies)

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Le coût de la vie a explosé en quelques années en Belgique. L’indice des prix à la consommation le mesure de façon précise, mois après mois. En regroupant quelques produits, voici l’évolution du prix pour un barbecue, un petit-déjeuner, un apéro ou une petite touche sucrée, depuis 2015.

L’inflation moyenne attendue pour 2025 s’établit à 2,8%, selon les dernières prévisions du Bureau du Plan. Dit simplement, le coût de la vie augmentera d’autant cette année. Alimentation, énergie, logement, dépenses de santé, de loisirs… autant de postes dont les tarifs continuent d’évoluer, plutôt à la hausse donc. Ceux-ci forment l’indice des prix à la consommation qui est suivi, mois après mois, par Statbel, l’office belge de statistique.

En isolant l’alimentation, le mouvement est clair: à part quelques légères descentes, la courbe des tarifs continue de grimper, inlassablement, rendant toujours plus cher le passage à la caisse. D’un indice proche de 100 en mars 2015, la courbe dépasse désormais les 143 points, soit une augmentation moyenne des prix de 43,7% en une dizaine d’années.

La Belgique subit ici un «effet boule de neige», détaillé par l’économiste Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. «Avec l’indexation automatique des salaires, unique à la Belgique, les prix réagissent plus vite. Comme les salaires rattrapent plus rapidement l’inflation que dans les autres pays, les entreprises les répercutent aussi davantage sur leurs prix de vente», analysait-il pour Le Vif. Le schéma de l’effet boule de neige est le suivant: les entreprises sont confrontées à des hausses de coûts, le prix des biens augmente, les salaires font pareil à leur tour, ce qui représente une nouvelle charge pour les entreprises et ainsi de suite.

Même la légère baisse de certains critères au cours de l’année dernière, qui entrent en compte dans le calcul de l’indice des prix à la consommation, n’a pas véritablement freiné l’inflation globale. «Tout simplement car certains coûts ne diminueront pas, comme les salaires», selon l’économiste Philippe Ledent (ING).

Augmentation de 40% à 52% selon le plat

Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur les indices suivis côté alimentation et boisson. Statbel propose un niveau de détail allant jusqu’au produit, comme le pain, les pâtes, la volaille, les œufs, le vin ou encore le fromage, notamment. Le Vif a recomposé, sur la base de produits précis, quelques ensembles, pour obtenir le prix d’un barbecue, d’un petit-déjeuner, d’un apéro ou d’un dessert, avec les indices entre mars 2015 et mars 2025.

Les prix précis dépendent de nombreux facteurs difficilement objectivables au niveau individuel, que ce soit sur la qualité du produit ou la quantité exacte. L’idée est donc plutôt de recomposer une assiette-type, pour en observer la variation relative (en pourcentage) plutôt qu’absolue (en euros).

Côté barbecue, un assortiment complet avec viande, salade de pâtes avec herbes aromatiques et quelques légumes, féculents ainsi que boissons diverses, permet de mettre en lumière les quelques produits qui plombent la note des grillades, dont le prix moyen affiche une hausse de 52% depuis 2015. C’est le cas de l’huile d’olive pour agrémenter ses préparations ou encore des pommes de terre, plus forte hausse de cette recomposition. La quantité réelle de produit fera varier d’autant le prix exact, le léger filet d’huile d’olive comptera pour moins que le morceau de viande de plusieurs dizaines de grammes. Idem côté petit-déjeuner, où le beurre explose, mais les cinq grammes accompagnant une tartine ne pèseront pas lourd dans le décompte final.

Les variations de prix des biens ne livrent évidemment qu’une facette de la réalité des ménages. Le salaire, la situation familiale, le nombre d’enfants, le type de produits (grandes marques ou distributeurs) influencent eux aussi le pouvoir d’achat.

La Belgique se prémunit également des variations de prix grâce à son mécanisme d’indexation automatique. Début janvier, un demi-million de salariés ont ainsi vu leur salaire augmenter, de 3,58%, suivant l’inflation, tandis que d’autres métiers ont également été indexés. «Des indexations qui marquent un retour à la normale», pointe le secrétariat social Partena, qui rappelle que «l’année 2022 avait été marquée par la guerre en Ukraine et la crise énergétique», poussant les prix, et donc l’inflation, à la hausse. La nouvelle donne géopolitique et l’instabilité commerciale lancée par Donald Trump pourraient ne pas favoriser un retour au calme.

 

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