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L’eau plus chère en 2025: quelle évolution du prix de l’or bleu depuis 2010? (infographie)
Le gouvernement wallon a approuvé une augmentation du prix de l’eau, dans un contexte de tension sur les coûts pour les distributeurs. Si le prix réel payé par le consommateur a augmenté ces derniers temps, en tenant compte de l’inflation, l’eau est en réalité moins coûteuse depuis plusieurs années.
L’eau sera un peu plus chère au sud du pays en 2025. Le gouvernement wallon a autorisé une augmentation du prix de l’eau de distribution, représentant une hausse annuelle d’environ 50 euros pour un ménage avec une consommation moyenne de 70 mètres cubes.
Cette hausse de tarif est devenue essentielle pour assurer la qualité du service et soutenir les investissements dans les infrastructures de collecte et de traitement des eaux usées, justifient les différentes sociétés impliquées dans la distribution de l’or bleu. «D’un côté, les prix de l’énergie et des produits nécessaires pour traiter l’eau ont explosé. De l’autre, l’inflation et la hausse des salaires ont également fait grimper les coûts, tout comme le prix des travaux d’entretien et d’amélioration des réseaux», précise la Société publique de gestion de l’eau (SPGE), qui coordonne le secteur de l’eau et finance le secteur de l’assainissement.
Un prix qui n’a pas suivi l’augmentation du coût de la vie
Le ministre compétent en la matière, Yves Coppieters, avait indiqué fin de l’année dernière avoir reçu douze demandes de révision du prix de l’eau de la part des distributeurs wallons ainsi que de la SPGE. Ces derniers souhaitent effectuer un rattrapage, car le prix de l’eau n’a pas évolué au même rythme que le coût de la vie. «Dans un contexte de plus en plus exigeant pour un accès garanti à une eau irréprochable, il était essentiel pour l’avenir que le prix de l’eau retrouve progressivement un niveau calqué sur le coût de la vie», explique le ministre dans un communiqué. Un rappel qui évoque en filigrane la situation autour des PFAS, ces polluants éternels, détectés dans l’eau du robinet dans plusieurs communes. D’autres adaptations pourraient suivre dans les prochaines années, possiblement via un mécanisme d’indexation, afin de mieux coller aux évolutions réelles des coûts, précise encore le communiqué.
En mettant en parallèle l’évolution du prix payé par le consommateur et le prix tenant compte de l’inflation, le prix de l’eau a effectivement baissé ces dernières années.
«Entre 2017 et 2022, le prix nominal de l’eau n’a pas augmenté, ce qui s’est traduit par une diminution du prix réel, en parallèle de l’inflation, constate-t-on chez Aquawal, l’union regroupant les producteurs et distributeurs d’eau potable en Wallonie. A cela s’est également ajoutée la baisse des consommations par compteur. Cette baisse suit la diminution de la taille moyenne des ménages, qui se poursuit en Wallonie, ainsi que par une baisse de consommation d’eau de la part des ménages et des entreprises». Deux éléments qui ont logiquement entraîné une pression sur les coûts pour les distributeurs.
Le prix final de l’eau reste complexe à synthétiser, car dépendant de plusieurs facteurs, dont le coût-vérité assainissement (CVA), fixe pour toute la Wallonie et lié à la SPGE, ainsi que le coût-vérité distribution, lié à un distributeur. Ce dernier dépend directement de la commune de résidence, le marché de l’eau étant partagé entre différents acteurs, sans choix possible pour le consommateur. Le tableau ci-dessous permet de visualiser les différences de prix sur la partie distribution: un habitant dépendant d’inBW, actif dans plusieurs communes du Brabant wallon, paiera ainsi son mètre cube d’eau un peu moins cher qu’un ménage de Florennes, facturé dans cette commune par l’INASEP.
A cela il faut encore ajouter la TVA à 6%, le montant de la redevance annuelle qui diffère selon chaque fournisseur et chaque région, ainsi qu’un montant prélevé pour le Fonds social de l’eau en Wallonie et à Bruxelles.
8% des ménages en défaut de paiement
L’autorisation des augmentations fixées en Wallonie pour ces prochaines années vaudra jusqu’en 2029 et est assortie de conditions imposées. Il s’agit notamment de moderniser les infrastructures, protéger les captages, accélérer les actions pour faire face au défi climatique, ainsi que le soutien de mesures sociales.
Sur ce dernier point, un plan d’action vise à augmenter les bénéficiaires du Fonds social de l’eau, actuellement sous-utilisé, alors que la précarité hydrique reste une réalité. En Wallonie, hors communes germanophones, 135.000 ménages sont considérés en défaut de paiement des factures d’eau en 2023, soit 8% des usagers. La répartition géographique affiche les valeurs les plus élevées dans les grands centres urbains (Liège, Charleroi, Seraing, Mons…) ainsi que dans certaines communes rurales, dans le Condroz notamment, selon le suivi d’Aquawal.
La Flandre et la Région bruxelloise ont, elles aussi, annoncé des augmentations de tarif pour 2025. Dans la capitale, un plan 2023-2026 détaille les augmentations de prix validées par Brugel, régulateur du secteur. Les tarifs de l’eau ont ainsi augmenté de 14,5% en 2023, de 4,1% en 2024, avant des hausses annoncées de 2% en 2025 et 2026, sur base d’une consommation moyenne de 70 m³ par an.
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