Coût du chauffage
©BelgaImage

Le gaz, l’essence et le diesel seront nettement plus chers à partir de 2027: «Les consommateurs ne semblent pas s’en rendre compte»

Un nouveau système européen d’échange de quotas d’émission rendra les combustibles fossiles plus chers à partir de 2027. La facture moyenne de gaz naturel augmenterait alors de 183 euros par an. «Les politiciens ont agi comme si c’était encore loin, mais…»

Quiconque souhaite émettre du gaz à effet de serre doit acheter des quotas. Un tel système existe depuis un certain temps dans l’Union européenne pour les industries polluantes. A partir de 2027, un système similaire sera introduit pour le chauffage des bâtiments au fioul ou au gaz naturel et pour les voitures fonctionnant à l’essence et au diesel. Les fournisseurs de carburant devront acheter des crédits pour les émissions des carburants qu’ils vendent. Des coûts supplémentaires qui seront répercutés sur le consommateur, tout comme ceux liés à l’administration de ce système de crédit.

Cet impact sur le portefeuille sera très concret à partir de 2027, pour ceux qui utilisent encore des énergies fossiles pour chauffer la maison ou se déplacer. Jusqu’en 2030, ce coût sera limité par un prix maximum effectif de 45 à 55 euros par tonne d’émission de CO2. Selon un calcul de Ruben Baetens (KU Leuven) dans Het Laatste Nieuws, cela coûterait 183,6 euros supplémentaires par an sur la facture moyenne de gaz naturel.

Après 2030, ce plafond disparaîtra et le libre échange de quotas d’émission entrera en jeu. Chaque année, 4,4% de quotas d’émission seront enlevés du marché, afin d’atteindre l’objectif de zéro émission d’ici 2044. Cela pourrait rapidement faire monter le prix jusqu’à 200 euros la tonne de CO2. Pour une famille moyenne qui chauffe sa maison au gaz naturel, cela peut représenter jusqu’à 812 euros en plus par an. 1.000 litres de fioul coûteraient 620 euros de plus qu’aujourd’hui. L’essence et le diesel à la pompe deviendraient également plus chers d’un demi-euro par litre.

«Nous ne devrions pas faire peur aux gens avec ces coûts supplémentaires. Cela peut encourager les consommateurs à consommer moins ou à rechercher des alternatives respectueuses de l’environnement, explique l’expert en énergie Jan Gilot (PowerPulse). Mais il est clair que les combustibles fossiles deviendront de plus en plus chers, surtout à partir de 2027.»

La facture des énergies fossiles va-t-elle augmenter de 4,4% chaque année? «Non, ce n’est pas si simple. Les prix peuvent rester relativement bas. Ces crédits seront vendus lors d’une sorte d’enchère et lorsque la demande est faible, les prix resteront limités car il y a suffisamment de crédits disponibles sur le marché. Si les gens passent massivement à l’énergie verte avec des voitures électriques et des pompes à chaleur, il y aura moins de consommation de combustibles fossiles et moins besoin de ces crédits. Les prix augmenteront alors moins fortement. Le comportement des gens déterminera le coût des crédits».

Etablir un plan social climatique

L’organisation flamande Bond Beter Leefmilieu (BBL) est favorable à ce nouveau système d’échange de quotas d’émission, baptisé Emissions Trading System 2 (ETS 2). Yelter Bollen, expert en fiscalité environnementale au BBL, explique: «L’ETS 2 est un instrument très important, car peu de progrès ont été réalisés dans le secteur des transports et du chauffage en termes de verdissement au cours des vingt dernières années. Ces prix plus élevés peuvent entraîner un changement de comportement, mais ils génèrent également des revenus supplémentaires».

L’ETS 2 rapportera également beaucoup d’argent au gouvernement. Une petite partie de ces nouveaux revenus est reversée au Fonds social européen pour le climat, mais la plus grande partie est redistribuée entre les États membres. En Flandre, l’accord de coalition stipule par exemple que la totalité du montant sera consacrée à la transition climatique et à un plan social climatique. Ce à quoi cela devrait ressembler concrètement relève de la nouvelle ministre du Climat, Melissa Depraetere (Vooruit).

«BBL préconise d’utiliser ces montants pour aider les personnes qui n’ont pas assez d’argent à investir dans une pompe à chaleur ou une voiture électrique, pour rendre possible le leasing social de voitures électriques et pour réaliser des rénovations au niveau du quartier. Le gouvernement pourra ainsi accélérer la transition énergétique», déclare Yelter Bollen.

Peut-être un an de retard

L’augmentation des prix aura-t-elle définitivement lieu? «Oui, du fait de la législation européenne», répond Jan Gilot. «Seule une nouvelle législation européenne peut inverser cette tendance, mais je ne m’attends pas à ce que cela se produise sous l’actuelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Cela reviendrait à saborder sa propre politique, établie ces cinq dernières années. La loi prévoit simplement un report d’un an si les prix de l’énergie atteignent leur maximum en 2026, comme au début de la guerre en Ukraine.»

«Je pense que de nombreux citoyens n’ont jamais entendu parler de l’ETS 2 et ne savent donc pas que dans trois ans, les prix du gaz deviendront beaucoup plus chers, ajoute Jan Gilot. C’est un problème, car les gens doivent en tenir compte lorsqu’ils sont aujourd’hui confrontés au choix de chauffer leur maison au gaz naturel, au mazout ou avec une pompe à chaleur ou d’acheter une nouvelle voiture. C’est aussi quelque chose de complètement nouveau pour de nombreuses entreprises.»

Yelter Bollen, du BBL, partage cet avis: «Les consommateurs ne sont pas suffisamment informés, car nos politiques ont agi ces dernières années comme si la hausse des prix était encore loin. Le gouvernement doit désormais aider les ménages vulnérables à absorber la hausse des prix qui arrivera à partir de 2027».

Entre l’ETS 1 et l’ETS2, une grande différence

Outre les points déjà abordés, l’accord de coalition flamand prévoit également un transfert de taxes qui rendra l’électricité moins chère au détriment des combustibles fossiles. «L’ETS 2 ne suffira pas à rendre l’énergie verte suffisamment intéressante comparé aux énergies fossiles, explique Yelter Bollen. Les deux mécanismes sont nécessaires, ce tax shift ayant comme avantage le fait qu’il est neutre sur le plan budgétaire, alors que l’ETS 2 génère des revenus pour l’Etat.»

Le premier système européen d’échange de quotas d’émission (ETS 1), destiné aux grandes entreprises, a déjà fait l’objet de nombreuses critiques. Par exemple, Knack écrivait en 2020 comment les entreprises polluantes réalisaient des bénéfices en thésaurisant des quotas d’émission gratuits et en les revendant ensuite. ArcelorMittal a gagné 510 millions d’euros et Tata Steel 1,5 milliard d’euros.

«La grande différence entre ETS 1 et ETS 2 est que cette fois, aucun quota d’émission gratuit n’est distribué, estime Jan Gilot. Les fournisseurs de carburant devront acheter des crédits dès le départ et n’en recevront pas, ce qui rendra la thésaurisation plus difficile.» Yelter Bollen, de l’Association pour un meilleur environnement, est d’accord, mais insiste: «Il doit y avoir un contrôle».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire