jus d'orange
jus d'orange © Getty

La rupture de stock guette le jus d’orange

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le jus d’orange pourrait bientôt manquer dans les rayons des supermarchés. En effet, les producteurs de jus ont de plus en plus de mal à trouver du concentré d’orange, essentiel pour certains jus d’orange.

Unijus, l’Union française interprofessionnelle des jus de fruits, explique cette pénurie annoncée par le fait que la Floride, deuxième producteur mondial, après le Brésil, a fort souffert de l’ouragan Ian en septembre 2022.

A cela s’ajoute que la Floride lutte depuis 17 ans contre la maladie du dragon jaune, ou Huanglongbing (HLB). Cette bactérie se transmet par un insecte, le psylle asiatique des agrumes, et verdit les fruits de l’arbre touché, qui deviennent impropres à la consommation. Le plus souvent, l’arbre meurt en quelques années.

La maladie puis les dégâts provoqués par Ian ont mis à genoux l’ensemble de l’industrie: cette saison, la production devrait être de 16,1 millions de cagettes (41 kilos chacune), soit 60% de moins que l’année dernière.

Il s’agit d’une des pires récoltes depuis les années 1930, selon le ministère américain de l’Agriculture. Une étude de l’Université de Floride a estimé à 1,03 milliard de dollars les pertes provoquées par l’ouragan pour le secteur agricole de l’Etat, dont 247,1 millions uniquement pour les agrumes.

 « La Floride se désengage de la culture des agrumes au profit de la construction immobilière. De ce fait, les industriels américains du secteur s’approvisionnent au Brésil, pays où 85% de la production de jus d’orange est entre les mains de trois acteurs. Les flux qui se dirigeaient vers l’Europe sont aujourd’hui détournés vers les Etats-Unis, ce qui crée une tension sur les prix. La tonne de jus concentré s’achète aujourd’hui 3 400 euros contre 2 600 euros lors de la récolte précédente », explique Emmanuel Vasseneix, président d’Unijus. Le Mexique et l’Espagne ont, quant à eux, été touchés par la sécheresse et le manque d’eau.

Comme les conditionneurs de jus d’orange éprouveront des difficultés à honorer leurs commandes de produits à base de concentrés, Unijus craint des ruptures partielles ou sèches dans certains magasins. Les prix augmenteront également, les prix auprès des fournisseurs étant 50% que ceux demandés l’été dernier.

Anticipant cette éventuelle pénurie, les producteurs se tournent vers le jus pur, plus rémunérateur que le jus à base de concentré. Selon le quotidien français Les Echos, plus que le pétrole, l’orange est ainsi la nouvelle matière première fétiche des spéculateurs. La situation devrait perdurer jusqu’à la prochaine récolte, en septembre-octobre 2023.

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