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proxy Delhaize © Belga

Franchise des Delhaize: « Le personnel préfère travailler dans une structure familiale »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La décision de Delhaize de franchiser ses 128 succursales encore intégrées suscite beaucoup d’inquiétude parmi les employés. Aujourd’hui, encore une centaine de supermarchés de l’enseigne sont restés portes closes. A en croire le gérant d’un Delhaize franchisé, le personnel est pourtant satisfait de travailler pour une structure plus familiale.

Pour le Setca, le Syndicat des Employés, Techniciens et Cadres de Belgique, l’annonce de Delhaize s’apparente à une déclaration de guerre, même si la direction souligne que le personnel conservera les mêmes conditions de travail. Pour Myriam Delmée, présidente du Setca, ces collaborateurs verront bien « leurs conditions de travail se dégrader de 20 à 25% ».

Selon elle, il y aura plus de travail, des baisses de salaire, la fin des suppléments salariaux pour les prestations au-delà de 18h00, du travail le dimanche… « Plus de flexibilité, du travail étudiant débridé (au préjudice des personnes à temps partiel, NDLR)… » Tous ces éléments, qui peuvent paraître anecdotiques séparément, forment, pris ensemble, « un séisme », estime Myriam Delmée.

Tristan Dufoing, propriétaire d’un proxy Delhaize à Jupille, et d’un autre à Louveigne, ne partage pas cette vision. « Je peux comprendre que les employés des Delhaize non franchisés s’inquiètent parce que pour eux, c’est l’inconnu, mais nous avons déjà eu des employés Delhaize intégrés, et je peux vous dire qu’ils se sentent très bien chez nous. Nous avons une autre manière de gérer, nous sommes beaucoup plus arrangeants », explique-t-il.

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Plus flexibles

« Aujourd’hui, dans un supermarché, si on demande à quelqu’un qui s’occupe du rayon de fruits et légumes de faire de la caisse, il faut toute une procédure. Ici, nous nous entretenons avec la personne et nous tenons compte de ses préférences. Nous sommes beaucoup plus flexibles, et finalement, le personnel est beaucoup plus satisfait de travailler dans une telle structure plus familiale, plus petite, avec moins de structure », ajoute-t-il.

Jérémy Akili, gérant du Proxy Roi Chevalier à Bruxelles, partage son avis. « J’imagine que l’inconnu leur faire un peu peur, mais après les conditions de travail du personnel des magasins franchisés ne sont pas très éloignées des magasins intégrés. »

En revanche, la reprise d’une franchise n’est pas à sous-estimer. « Nous sommes trois associés depuis treize ans. Nous sommes assez satisfaits, même si c’est beaucoup de travail. La grande distribution c’est une machine qui ne s’arrête jamais. C’est relativement lourd, mais intéressant, et valorisant », raconte Jérémy Akili.

Tristan Dufoing parle lui aussi d’une expérience positive. « Je ne compte pas mes heures, et mes seuls congés, c’est quand je pars en vacances. Je suis dans mes magasins dès sept heures du matin, et je travaille jusqu’à 23h-minuit tous les jours. C’est la réalité, mais je le fais toujours avec plaisir. Le jour où ça me dérangerait, j’arrêterais ce que je fais », déclare-t-il.

Ancrage familial

Selon le gérant de Jupille et de Louveigne, la réussite du rachat des 128 magasins mis en vente dépend du profil que Delhaize va trouver. « Si c’est un Qatari qui arrive et qui rachète le magasin, je peux vous dire que ce sera un échec. Par contre, si vous avez quelqu’un qui a la passion et qui a le virus de la grande distribution, il n’y a pas de raison qu’il ne réussise pas. Nous avons un ancrage familial qu’il n’y a pas dans les grands Delhaize. Et vous savez, la clientèle est bien contente de trouver un magasin ouvert le dimanche », ajoute-t-il.

Interrogée par Belga, la professeure de marketing à la KU Leuven, Els Breugelmans confirme que ce sera un défi de trouver des entrepreneurs pour tous les magasins que le groupe Delhaize veut franchiser.  Elle souligne que le marché est aujourd’hui « très concurrentiel » et que le contexte « n’est pas favorable non plus » pour reprendre un magasin. La Belgique compte en moyenne 3,4 magasins pour 10.000 habitants, contre 1,79 aux Pays-Bas par exemple. « La Belgique ne bénéficie pas d’un paysage facile sur le plan de la concurrence, il y a trop de magasins aujourd’hui », explique la professeure.

« Et il y a aussi beaucoup d’achats frontaliers ». Elle souligne aussi le contexte économique avec les coûts élevés de l’énergie, des marges réduites et la forte inflation. « En termes de coûts, c’est un mauvais timing », ajoute-t-elle.

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