Faut-il boycotter le Black Friday ?
Ce vendredi 25 novembre, c’est le Black Friday. Tout comme son alternative éco-responsable… le Green Friday, qui prend le pied de cette journée de surconsommation.
Impossible de le rater, les affiches placardées à tous les coins de rues annoncent le « Black Friday » et promettent une avalanche de promotions.
L’événement marketing est né aux Etats-Unis dans les années 1970. Le principe est simple : pendant une journée, qui s’étend de plus en plus sur une semaine, les enseignes proposent à leurs clients des réductions alléchantes. Le dernier vendredi du mois de novembre sonne le coup d’envoi commercial des fêtes de fin d’année.
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La campagne promotionnelle américaine s’est ensuite exportée outre-Atlantique à l’aube des années 2010. L’événement – qui ne remportait qu’un succès modéré en Europe – s’est démocratisé pour s’ancrer progressivement dans les habitudes des consommateurs. D’après le baromètre de Safe shops, l’association belge du secteur du commerce électronique, les Belges consomment deux à trois fois plus lors du « Black Friday » que d’ordinaire.
52 enseignes belges se mobilisent pour le Green Friday
Face à cette frénésie de consommation est né le « Green Friday« , une alternative éthique et éco-responsable au « Black Friday ». Cette initiative, qui a vu le jour en 2017, sensibilise les citoyens quant au coût social de la surconsommation et les pousse à consommer de manière consciente.
En Wallonie et à Bruxelles, ce projet est porté par la fédération Ressources, qui promeut l’économie circulaire et rassemble les commerces qui s’y consacrent. « Nous mettons l’accent sur nos valeurs : le réemploi, la seconde main, la réparation, etc. Contrairement à la France, seules les enseignes qui font partie de notre fédération peuvent s’associer aux Green Friday », explique Frank Kerckhof, porte-parole pour Ressources. En tout, 52 enseignes participent à l’événement. Elles s’engagent à ne pas proposer de réductions à leurs clients à cette période et, surtout, à organiser des événements de sensibilisation.
Une campagne de sensibilisation est organisée
« Il y a plusieurs types d’activités qui sont organisées par nos partenaires : certains mettent l’accent sur la communication et engagent la discussion avec leurs clients autour de la surconsommation et de ses conséquences. D’autres invitent leur clientèle à visiter leurs ateliers et à voir l’envers du décor. Ils veulent prouver que le commerce durable est aussi un projet de société qui crée du lien. D’autres encore renseignent le coût énergétique de leur marchandise comparativement à leur équivalent neuf, pour conscientiser les consommateurs », précise Frank Kerckhof.
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La fédération a également prévu une campagne de sensibilisation « poignante » sur les réseaux sociaux. Pour Frank Kerckhof, c’est l’occasion de toucher un public plus large : « Nous nous adresserons aux entreprises et aux CEO sur Linkedin, aux adultes sur Facebook et aux plus jeunes sur Instagram. » C’est aussi un moyen pour le « Green Friday » de se faire une place sur la toile puisque les Belges consomment de plus en plus en ligne.
« Nous ne cherchons pas à culpabiliser les clients mais simplement à les informer quant aux alternatives existantes », poursuit le porte-parole de Ressources. Le mouvement « Green Friday » note d’ailleurs des résultats encourageants. « D’après les études que l’on réalise chaque année, on remarque que le grand public est de plus en plus sensible à notre discours. C’est déjà une grande victoire, bien que leurs pratiques de consommation ne changent pas toujours aussi vite que leur mentalité », poursuit-il.
La crise du pouvoir d’achat en faveur du Black Friday
Est-ce suffisant pour contrebalancer l’attractivité du « Black Friday » ? D’après une étude réalisée dans les grandes villes européennes par le bureau Harris Interactive à la demande de Green Friday, 70% des répondants sont conscients de la surconsommation engendrée par le « Black Friday ». Mais 55% comptent tout de même y participer. « Une décision d’autant plus encouragée par le contexte socio-économique actuel. « Nous nous attendons à un solide Black Friday cette année, car le phénomène a récemment pris de l’ampleur. De plus, face à un pouvoir d’achat en berne, les remises attireront encore plus les consommateurs », prédit Greet Dekocker, directrice générale de SafeShops.be.
« C’est normal de penser à son portefeuille », affirme Frank Kerckhof. Mais le porte-parole de la fédération Ressource appelle les consommateurs à la prudence. Il semblerait que les promotions proposées ne soient pas toujours très avantageuses. « Il arrive que les commerçants gonflent artificiellement les prix des articles tendances juste avant les périodes de soldes. Ils tentent ainsi d’attirer les clients avec des prétendues réductions sur des prix qui sont en réalité les prix de base », dénonce Test Achats depuis plusieurs années. Le « Black Friday » serait donc une prouesse de marketing plus qu’un bon plan pour les consommateurs.
Des enseignes ferment leurs portes
En réaction aux dérives du « Black Friday », certaines enseignes internationales ont décidé de rester portes closes, ce 25 novembre. C’est le cas de la marque de vêtement Xandres et du magasin de décoration d’intérieur Dille et Kamille. « Notre volonté n’est pas de voir fermer tous les magasins mais nous soutenons l’initiative de ces deux marques. L’idée est que les enseignes boudent de plus en plus le Black Friday et lui préfèrent une consommation raisonnée », énonce Frank Kerckhof.
Malgré les déclarations de la fédération Ressource, le Green Friday est encore loin de prendre le pas sur le Black Friday qui a généré en Belgique 126 million de chiffre d’affaires en 2020.
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