Comment se générer un revenu récurrent et automatique (sans travailler)

Réaliser de gros bénéfices et accéder à l’indépendance financière en un clin d’œil. Les idées fausses véhiculées par les influenceurs abondent. Qu’en est-il réellement?

L’indépendance financière et l’idée d’un revenu passif tentent de plus en plus de Belges, pour anticiper sa retraite, voyager six mois par an, financer un projet personnel… Pourtant, chacun a sa définition de la liberté financière. Pour certains, elle signifie travailler dur pour se permettre une retraite (très) anticipée: c’est l’objectif d’un certain nombre de jeunes actifs du mouvement Fire (Financial Independence, Retire Early), venu des Etats-Unis. Pour d’autres, c’est accorder plus de place aux voyages ou aux loisirs. Pour d’autres encore, il peut simplement s’agir de ne pas dépendre d’un employeur. Peu importe la façon dont elle est perçue, l’indépendance financière ne tombe toutefois pas du ciel.

Le revenu passif, késako?

Un revenu passif est un gain récurrent et automatique qui découle d’une activité ne nécessitant que peu ou pas d’assistance, tout le travail se faisant en amont. Il ne faut donc pas être disponible 100% du temps pour générer des gains. Ainsi, profiter d’un revenu passif permet principalement d’augmenter ses capacités financières tout en se consacrant à une autre activité.

C’est à la portée de tous, à condition d’avoir le bon état d’esprit.

La clé de la réussite? Ne pas être passif. Sur Internet, différentes activités sont vantées pour leurs revenus passifs: le coaching, l’e-commerce, le dropshipping (technique de vente sans stock), l’animation d’un blog, la rédaction de livres… Mais se lancer dans l’une d’entre elles ne garantit pas un résultat immédiat. «Le revenu passif dont les gens parlent sur les réseaux sociaux, qui semble être de l’argent facile, ça n’existe pas ; cela demande des sacrifices, il faut beaucoup travailler», prévient Sébastien Aguilar. Fondateur de Fire Belgium, une communauté qui propose d’apprendre à mieux gérer ses finances personnelles, ce jeune entrepreneur a pris sa «retraite» à l’âge de 33 ans – il vit désormais de ses rentes. Yoran Brondsema, coauteur du best-seller néerlandophone De hangmatbelegger (Investir depuis son hamac) et de différentes plateformes dédiées à l’investissement (Curvo…), abonde dans le même sens: «Il est illusoire de penser qu’il suffit de se lancer dans le dropshipping pour engranger des bénéfices importants du jour au lendemain.»

Ce n’est pas de l’argent facile

Selon Sébastien Aguilar, trois activités génèrent des revenus passifs. Dans ces trois cas de figure, il est indispensable d’élaborer une stratégie à long terme. Mais aussi, pour créer du revenu passif, d’investir. Soit du temps, soit du capital, au point de parvenir à un niveau de rendement supérieur au coût de la vie. A noter que l’on peut aussi investir beaucoup de temps à créer un capital que l’on placera plus tard.

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1. L’entrepreneuriat: investir… son temps

Selon Sébastien Aguilar, un projet entrepreneurial est idéal pour les personnes qui ont peu de capital, mais une très bonne idée. «Il est possible de développer un revenu passif par ce canal, à condition de beaucoup travailler. Ça peut néanmoins devenir passif si on l’optimise en ce sens. Par exemple si l’entrepreneur conçoit un produit utile ou innovant qui pourra être acquis par beaucoup de gens à plusieurs reprises, ça fonctionnera. Il faut aussi que l’entrepreneur parvienne à développer un système où la vente et l’acquisition de nouveaux clients soient automatisées», précise le fondateur de Fire Belgium.

Le projet, «hors du commun», doit aussi reposer sur des données fiables. «Le principe est le même que quand on monte une entreprise. Il faut qu’il y ait une demande et qu’un problème soit résolu. Toutefois, réaliser cela tout en visant le revenu passif, c’est dix fois plus d’investissement personnel, puisque le but est de ne plus travailler par la suite», argumente Yoran Brondsema.

2. L’immobilier: un mélange d’entrepreneuriat et de capital

Investir dans l’immobilier est aussi une façon de s’assurer un revenu passif, à condition d’être prêt à endosser une casquette d’entrepreneur, estime Sébastien Aguilar. «L’immobilier n’offre pas forcément plus de rendement, mais demande un capital et plus de travail. La rente immobilière revêt un aspect passif, mais aussi un aspect actif, car il faut chercher un locataire, gérer les travaux, les contrats… à moins de déléguer la gestion à une personne tierce. Ce type d’investissements se destine donc aux personnes qui ont à la fois du temps et du capital à injecter dans le projet.»

3. L’investissement: injecter du capital

A l’autre extrême, un investisseur peut générer des revenus passifs en faisant fructifier ses placements, ce qui n’est pas chronophage. D’ailleurs, les experts interrogés recommandent les investissements indiciels: les Exchange Traded Funds (ETF). Sébastien Aguilar parle en connaissance de cause: «Je vis de la rente de mes investissements, je me connecte une fois tous les six mois, je prends mon argent et c’est tout. Pour obtenir ce résultat, il m’a fallu investir au bon endroit, avoir une bonne stratégie et optimiser cet investissement, insiste-t-il. Mes investissements et ma méthode de retrait me garantissent un portefeuille qui a 99,9% de chances de me procurer tout ce dont j’ai besoin pour les soixante prochaines années.»

Séduisant mais… comment y parvenir? Pour réaliser ce type d’investissements, les adeptes du mouvement Fire tablent sur la «règle des 4%». Celle-ci stipule que l’on peut retirer de son portefeuille 4% de liquidités chaque année. Ainsi, celui-ci a très peu de chances de tomber à zéro. «C’est le calcul de base. Il arrive que l’on soit encore plus prudent», ajoute Sébastien Aguilar. Ainsi, par exemple, une personne qui investit cent mille euros dans des fonds indiciels à coûts faibles pourra retirer quatre mille euros chaque année (+ inflation éventuelle) et s’attendre à ce que son portefeuille (équilibré, avec des actions et des obligations) dure très longtemps.

La «règle des 4%» stipule qu’on peut retirer de son portefeuille 4% de liquidités chaque année.

Autre exemple: le rendement d’un ETF (Exchange Traded Funds) qui suit l’indice MSCI World. «Il s’agit ici d’un indice global qui investit sur les marchés développés – Etats-Unis, Allemagne, Japon… – dans plus de 1 500 entreprises», précise Yoran Brondsema. Si l’on observe le graphique ci-dessous, on constate que dix mille euros investis en 1979 valent aujourd’hui 650 000 euros, soit un rendement annuel moyen de 9,8%.

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Ce type d’investissements est-il risqué? «Le risque zéro n’existe pas, évidemment, mais il n’est pas le même que celui encouru par des investisseurs qui injectent de gros montants dans des actions individuelles, où le risque de tout perdre est réel», rassure Sébastien Aguilar.

Un revenu à la portée de tous?

Oui et non. «Ce n’est pas ce que les gens veulent entendre, mais le principe du revenu passif ne convient pas aux personnes qui ne veulent rien faire, fait remarquer Sébastien Aguilar. Il faut travailler sur un produit qui deviendra suffisamment intéressant pour se vendre tout seul ou se former et réaliser des investissements. Si l’on sait comment s’y prendre, pour dix euros, il est possible d’acheter un ETF et d’être actionnaire de toutes les plus grandes entreprises du monde. Cela ne requiert pas un master en finances et cela s’apprend rapidement, avec un cours, un coaching, un livre. Certaines personnes commencent avec dix euros, d’autres avec cent… C’est la même stratégie, quel que soit le patrimoine. Techniquement, c’est à la portée de tous, à condition d’avoir le bon état d’esprit.»

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