Cinq façons de battre l’inflation et arrêter de perdre des plumes
Une inflation élevée ne pèse pas seulement très lourd sur le budget des Belges, pris à la gorge par la hausse des prix énergétiques et de tant d’autres produits. Elle fait également fondre le patrimoine de ceux qui ont constitué des économies au prix, parfois, de longues années de frugalité. Voici quelques pistes pour limiter la dépréciation de son épargne.
Il faut remonter à août 1975, au lendemain du premier choc pétrolier, pour trouver un taux d’inflation proche de ce qu’il est aujourd’hui en Belgique. En août 1975, ce taux atteignait 11,42%. En octobre dernier, l’inflation s’établissait à 12,27% et à 10,63% en novembre. Ce léger tassement, lié à une baisse des prix de l’énergie, laisse espérer que le pic inflationniste aurait été atteint dans notre pays. Mais l’inflation sous-jacente, celle qui ne tient pas compte de l’évolution des prix énergétiques et des produits alimentaires non transformés, continue, elle, à inquiéter. De 6,5% en octobre, elle s’est établie à 7,16% en novembre. Conclusion? Une inflation s’installe durablement au cœur de notre économie.
Il n’y a aucun espoir de voir le rendement de l’épargne rattraper l’inflation à court ou moyen terme.
«Dans une économie aussi homogène que celle des Etats-Unis, presque fermée, proche du plein emploi et dont les capacités de production sont utilisées au maximum, les hausses de taux successives initiées par la Réserve fédérale ont permis de freiner l’inflation, commente Bruno Colmant, membre de l’Académie royale de Belgique. En Europe, c’est très différent. Dans une économie aussi ouverte et dépendante de ses importations énergétiques, tout économiste en herbe sait qu’on ne combat pas une inflation importée avec des hausses de taux. Celles annoncées par la BCE (NDLR: en juin et en septembre) sont graves puisqu’elles imposent aux particuliers et aux entreprises de subir, en plus de l’inflation, des charges d’intérêt croissantes sans apporter la moindre solution. On est dans un cul-de-sac.»
Crise économique et sociale
Une impasse que notre économiste voit persister encore longtemps. «Nous allons vivre dans un contexte d’inflation bien plus élevée que ce que nous avons connu depuis plus de vingt ans.» Selon lui, la récession qui se profile à l’horizon – probablement pour cette fin d’année – la fera baisser autour des 5% en 2023 et 2024 (les dernières prévisions du Bureau du plan attestent une diminution à 5,3% en 2023). «L’inflation peut ralentir quand elle crée sa propre récession, comme ce fut le cas dans les années 1980, après le deuxième choc pétrolier. Le pouvoir d’achat diminue, la demande baisse et l’économie se refroidit. On doit s’attendre à de nombreuses fermetures d’entreprises dans les prochains mois.»
Comment les Belges peuvent-ils se protéger? «Certes, beaucoup bénéficient de l’indexation des salaires et des allocations sociales, mais cela ne suffit pas. La crise économique se mue en crise sociale. Pour les plus bas revenus, l’indexation est loin de suffire pour compenser la hausse des prix énergétiques et de certains produits de base. On voit baisser les achats alimentaires, les gens font des arbitrages entre leurs dépenses. La seule façon de se protéger contre l’inflation, c’est de diminuer sa consommation. Et de faire des économies, notamment en matière énergétique.»
Quant aux épargnants, qui voient fondre la valeur de leur épargne, ils ont peu d’espoir en vue. Même si quelques petites banques commencent à initier un mouvement à la hausse du rendement des comptes d’épargne. «Il n’y a aucun espoir de voir le rendement de l’épargne rattraper l’inflation à court ou moyen terme« , affirme Bruno Colmant. A plus long terme, la Bourse, qui a fortement chuté, devrait offrir de meilleures perspectives.
D’autres pistes s’offrent néanmoins encore à ceux qui veulent empêcher leur patrimoine de se réduire inexorablement. Nous en passons cinq au crible, avec des spécialistes.
Nos cinq pistes pour mettre l’inflation K.O.
1. Contrer l’envolée des prix de l’énergie
Les prix de l’énergie et des matières premières se sont envolés, gonflant les profits des entreprises actives dans ces secteurs. Est-il possible de profiter de ces hausses en investissant dans les titres de ces sociétés ou les instruments de placements basés sur leurs secteurs? Pas forcément comme on l’imagine…
Si le prix du gaz a explosé, ce n’ est pas le cas du pétrole. Les yo-yo du Brent (référence européenne) l’ont déjà fait caracoler beaucoup plus haut qu’aujourd’hui puisqu’il avoisine les 80 dollars alors qu’il valait encore 124 dollars en juin dernier. Pour Nicolas Deltour, head of investment strategy chez Belfius, «les banques centrales ont fait beaucoup pour lutter contre l’inflation. Cela va donner un coup de frein à l’économie. Il faut se rappeler qu’il y avait déjà une inflation avant la guerre en Ukraine, à cause des pénuries et des délais de livraison postpandémie. Or, cette tension se détend un peu partout aujourd’hui. Résultat: tant le WTI (NDLR: référence américaine) que le Brent se détendent eux aussi.»
Quant au prix de l’électricité, «il est totalement biaisé en Europe du fait de l’arrêt des contrats russes et surtout de sa formule de calcul, qui sera d’ailleurs revue». Il est donc «très compliqué de deviner quel fournisseur d’électricité sortira gagnant de cette redistribution des cartes», relève le stratégiste. Pour ce qui est des majors du pétrole, c’est la taxation de leurs «surprofits» qui pourrait constituer un risque non négligeable pour l’investisseur. De plus, «le marché fonctionne par anticipation», et «ces titres ont déjà pas mal monté ces derniers mois. Qui peut deviner quelle sera leur santé dans deux ou trois ans»?
En revanche, il voit une belle opportunité dans les entreprises qui proposent des solutions pour économiser l’énergie. «Je ne pense pas qu’aux traditionnels panneaux photovoltaïques. Il y a tout ce qui est isolation, traçabilité des déperditions de fluides, modélisation en lieu et place de tests physiques sur les bâtiments, solutions du vivant… Pour moi, toutes ces technologies sont promises à un très bel avenir.»
2. Acheter des métaux précieux
Le métal jaune est réputé offrir un refuge aux investisseurs quand tout va mal. Mais est-ce vraiment si simple? En vingt ans, le prix de l’or a été multiplié par près de six, jouant manifestement en plein son rôle attitré. Aujourd’hui, l’once fluctue autour des 1 750 dollars après avoir connu un pic de près de 2 000 dollars au plus fort de la panique, causée par la pandémie en 2020. Mais s’il est indéniablement sensible aux événements internationaux qui affectent les marchés, le métal jaune n’offre pas la parade parfaite pour automatiquement compenser les pertes que subiraient les autres actifs. Loin s’en faut.
«C’est une matière très spéculée par des fonds spécialisés. Ils ont recours à des stop-loss visant à limiter leurs pertes en cas de chute. Dès qu’un plancher est atteint, des ventes massives sont automatiquement déclenchées, ce qui amplifie très fort les mouvements sur le marché», prévient Nicolas Deltour chez Belfius. La chute peut parfois être vertigineuse, comme ce fut le cas juste après la crise de l’euro en 2012, lorsqu’il a perdu un tiers de sa valeur.
«Donc, oui, ce statut de refuge n’est pas usurpé et on peut toujours l’envisager, mais on peut trouver franchement mieux… Comme le dollar par exemple, ne serait-ce que parce que l’or ne fournit aucune rémunération, contrairement aux devises. Ce n’est pas un détail quand vous cherchez du rendement», poursuit le spécialiste. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, expliquent les gestionnaires de patrimoine, son poids ne dépasse jamais 2%, 3% voire grand maximum 4% dans les (gros) portefeuilles.
Quant à prévoir son évolution future, «c’est encore plus compliqué. D’abord à cause de ces ressorts particuliers liés aux fonds spéculatifs mais aussi parce que l’autre grand débouché de l’or, les applications industrielles, aujourd’hui en plein boom et dont la demande est donc intégrée dans le cours actuel, apporte, elle, de la cyclicité, c’est-à-dire le contraire de la contracyclicité recherchée.» Reste la demande pour les bijoux, typiquement en Inde, mais «on ne peut pas dire que la situation économique actuelle de ce pays soit appelée à soutenir le pouvoir d’achat de la classe moyenne ces prochaines années». Quant aux banques centrales, «elles préfèrent les paniers de devises aux métaux précieux» pour regarnir leurs réserves. En tout état de cause, «l’investisseur se protégera probablement davantage contre l’inflation par d’autres actifs, comme les actions de qualité».
Le statut de refuge de l’or n’est pas usurpé et on peut toujours l’envisager, mais on peut trouver franchement mieux…
Si malgré tout cela, il aura toujours ses aficionados, le métal jaune présente aussi le désavantage, quand on l’achète physiquement, d’impliquer des frais de manutention, de détention et de sécurisation. On peut éviter cette rente négative en achetant des ETF (part d’un stock d’or) mais «il faut s’assurer qu’il y a bien de l’or physique derrière et qu’il ne s’agit pas d’un montage synthétique qui vous fait supporter un risque de contrepartie». Enfin, les mines d’or dont on peut acheter des actions sont «terriblement énergivores» et «leurs coûts d’exploitation toujours plus élevés à mesure qu’elles creusent».
3. Investir dans l’immobilier
Malgré quelques remous sur le marché, l’immobilier locatif reste une valeur sûre. Souvent jugé plus rentable que l’épargne bancaire, il a aussi la réputation d’être une valeur refuge et un rempart potentiel contre l’inflation. A condition d’être attentif à la situation et à la qualité du bien, deux critères devenus essentiels pour optimiser son rendement. Le marché immobilier belge bénéficie en effet d’une certaine stabilité à long terme et progresse de manière régulière depuis de longues années, même s’il connaît des fluctuations. En 2020 et 2021, le déséquilibre entre l’offre et la demande a, par exemple, fait exploser les prix des biens résidentiels et a poussé certains investisseurs à interrompre momentanément leurs achats. «A cette époque, on était clairement sur un marché peu favorable aux acquéreurs, toutefois certains biens comme les immeubles de rapport ont été épargnés par la flambée des prix car il y avait moins de candidats à l’achat, souligne Gaëtan Breuls, fondateur et gérant de Locustone, bureau de conseils et d’accompagnement en achat immobilier. Maintenant la situation et les prix se stabilisent et il y a donc moins de pression sur les rendements locatifs.» Les investisseurs immobiliers ne sont par contre pas épargnés par l’augmentation des taux d’emprunt, qui touche surtout ceux qui disposent de peu de fonds propres. «Quand les taux étaient très bas, il était intéressant d’emprunter au maximum, mais aujourd’hui il est préférable de financer 50% de son achat en fonds propres pour conserver une certaine rentabilité, ce que tout le monde ne peut pas se permettre», poursuit Gaëtan Breuls.
L’immobilier reste donc un investissement intéressant, mais vers quel type de bien se tourner? Appartements et maisons, commerces, bureaux, entrepôts, locations de vacances, kots étudiant et colocations, garages… Les possibilités sont multiples. «Avant tout, il est important de définir pourquoi on souhaite investir dans l’immobilier, conseille Gaëtan Breuls. Pour placer de l’argent et constituer une épargne en vue de la pension ou pour générer directement des revenus?» Si l’objectif principal est d’obtenir rapidement du rendement, il est préférable de se tourner vers des biens comme les petits logements et les colocations qui permettent d’optimiser les mètres carrés et de dégager des revenus locatifs plus élevés que dans une habitation classique. En contrepartie, ces biens impliquent davantage de risques: la présence de plusieurs locataires augmente les risques de vide locatif, les studios prisés par des personnes à faibles revenus peuvent être davantage exposés au non-paiement des loyers.
Ceux qui préfèrent un investissement plus sûr se tourneront vers les appartements classiques ou les petites maisons de ville. «On ne pense pas toujours aux maisons deux façades, or, elles permettent une meilleure maîtrise des charges que les appartements et offrent la possibilité d’installer une colocation quand elles possèdent trois ou quatre chambres. Elles sont par contre plus difficiles à trouver car c’est un créneau dans lequel les investisseurs sont en concurrence directe avec les particuliers qui achètent une habitation, souligne le gérant de Locustone. Pour ceux qui osent, une solution est de se tourner vers les maisons avec de lourdes rénovations. Il faut être patient car les délais des entrepreneurs pour les travaux sont longs, mais c’est un bon investissement qui permet souvent de dégager 3% à 4% de rendement net.» Sans oublier l’augmentation de la valeur du bien à long terme.
Le type de bien est loin d’être le seul critère influençant le rendement. Ce dernier est par exemple en moyenne plus élevé en Wallonie (4 à 5% net) qu’à Bruxelles (2 à 2,5%), une différence qui s’explique par des prix d’achat significativement moins chers dans le sud du pays, mais des loyers fluctuant peu selon les régions. Avec l’augmentation des coûts de l’énergie et du temps passé à domicile, l’état du bien devient un critère incontournable. «Il est de plus en plus intéressant de se tourner vers des logements bien isolés et avec un bon système de chauffage, car les locataires sont très attentifs au PEB. Si les charges énergétiques sont trop élevées, ils risquent de rencontrer des difficultés à payer le loyer.» On remarque aussi que les biens en moins bon état sont plus exposés au vide locatif et pourraient prochainement être désavantagés par les autorités.
4. La piste qui mène vers la forêt
Les terrains sont une alternative ou un complément intéressant à l’investissement dans un bien immobilier. Les terrains à bâtir restent des valeurs sûres et incontournables, mais ils se font de plus en plus rares… Il existe d’autres solutions comme les terrains agricoles ou les forêts. L’investissement forestier séduit notamment grâce à sa dimension écologique. L’intérêt financier est, quant à lui, variable mais intéressant, surtout à long terme. Et quand on mesure l’actuelle flambée des prix du bois…
Autrefois, ce type d’investissement attirait principalement les professionnels du bois et les chasseurs. Désormais, un nombre croissant de particuliers et sociétés s’y intéressent. «Trois motivations reviennent chez ceux qui investissent dans des forêts: créer des havres de biodiversité, avoir un coin de verdure pour faire un peu de camping sauvage ou produire du bois de chauffage», remarque l’équipe de Biens Ruraux, société spécialisée dans la vente de terrains agricoles et parcelles forestières par appels d’offres.
L’intérêt financier de l’investissment forestier est variable mais intéressant, surtout à long terme.
Si l’aspect écologique prend parfois le pas sur la recherche de rendement, les forêts et bois n’en restent pas moins d’intéressants placements à long terme. La valeur des terrains nus (hors bois croissants), par exemple, a triplé en dix ans. Le rendement tourne généralement autour des 3% (hors loyers liés à la chasse ou autre) mais il est très variable: «Les revenus dépendent notamment de l’âge et de la qualité des essences qu’ on retrouve sur le terrain, ainsi que du marché du bois au moment de la vente, car ce qu’on plante aujourd’hui sera exploité par la génération suivante», souligne l’équipe de Biens Ruraux. Il est donc préférable d’investir dans plusieurs types de forêts et d’éviter les monocultures. Cela permet par la même occasion de se prémunir des risques liés aux insectes ravageurs tels les scolytes, qui ont fortement endommagé les épicéas ces dernières années. Les investissements forestiers peuvent aussi être touchés par les incendies ou les aléas climatiques (sécheresses, tempêtes…) mais ces risques sont souvent difficiles à anticiper.»
En ce qui concerne les compétences et l’implication des investisseurs, une bonne gestion forestière est importante pour notamment programmer les travaux à réaliser, budgétiser les coûts et les rentrées financières etc., mais il n’est pas nécessaire d’être un expert. «Il est possible de se former sur le tas, sinon les propriétaires peuvent faire appel à des gestionnaires forestiers pour les aider, y compris lors de l’acquisition», précise-t-on chez Biens Ruraux. L’investissement forestier est donc accessible au plus grand nombre, d’autant plus que les budgets sont très variables: «Un fond forestier – soit le terrain nu – coûte en moyenne entre 5 000 et 12 000 euros par hectare, mais en fonction du bois croissant qui s’y trouve, cette valeur peut grimper jusqu’à 70 000 euros.» D’autres facteurs comme la localisation, les types de sol, la présence d’eau, la facilité d’accès, etc. peuvent aussi influencer le prix. Toutefois celui-ci reste avant tout lié à la superficie.
5. Miser sur l’art… dans les règles de l’art
Le marché de l’art charrie souvent la réputation d’être résistant lorsque le ciel économique s’assombrit, malgré les risques qu’il comporte. Avec peut-être dans un coin de la tête quelques plus-values réalisées ces dernières années par des détenteurs d’œuvres célèbres: 103,4 millions de dollars pour Femme assise près d’une fenêtre de Picasso ou 93,1 millions de dollars pour In the Case de Jean-Michel Basquiat en 2021. S’il n’est pas interdit de rêver, de telles plus-values ne sont pas à la portée de toutes les bourses. «Il y a différents niveaux au marché de l’art, affirme Anne-Sophie Radermecker, chercheuse FNRS au sein de la filière de gestion culturelle de l’ULB. Pour des œuvres de qualité muséale, de grands artistes, des rendements intéressants sont bien sûr possibles. Mais si les moyens de l’investisseur sont plus limités au départ, il est quasiment impossible qu’il réalise de grosses plus-values au moment de la revente.»
Investir dans l’art et réaliser des gains importants, Henry Bounameaux, expert en œuvres d’art (Bounameaux Art Expertise), reconnaît que cela existe. «Mais essentiellement sur des marchés spéculatifs où, certes, on peut gagner beaucoup d’argent mais aussi en perdre beaucoup, avertit l’expert. Aujourd’hui, derrière l’envolée des prix de certains jeunes artistes, on aperçoit toute une dynamique de spéculation reposant sur des éléments très aléatoires.»
Les spécialistes ont souvent présenté l’art comme un marché à part et l’investissement dans celui-ci comme spécifique. «C’est un marché qui manque de transparence avec des informations publiques limitées, affirme Eugénie Dumont, art collections manager au sein de la petite équipe du département «art advisory» de la banque Degroof Petercam. Il est aussi illiquide. C’est-à-dire que chaque œuvre, unique en principe, a un nombre limité d’acquéreurs potentiels. Enfin, même si des critères peuvent être avancés pour estimer une œuvre (l’authenticité, la condition, le nom de l’artiste, le format…), il n’existe pas les mêmes méthodes de valorisation quantitative que pour d’autres actifs: la valeur des œuvres reste extrêmement subjective.»
Henry Bounameaux a l’habitude de distinguer, en matière d’art, investissement et placement. Dans son esprit, le premier a trait à des marchés spéculatifs où le risque financier est omniprésent et l’information – par exemple, l’entrée prochaine d’un artiste dans telle ou telle galerie réputée – est accessible à un nombre très limité «d’initiés». A l’inverse, le second s’attache, à des marchés aux «comportements» plus stables où un rendement, s’il n’a rien de garanti, peut venir «auréoler» la vente de certaines pièces après une période relativement longue.
«En réalité, une plus-value, c’est seulement lorsqu’on vend qu’on peut voir si elle existe ou pas, indique Henry Bounameaux. Quelqu’un qui dirait: “Achetez ceci et dans cinq ans vous me remercierez” ne serait pas honnête. En tant qu’expert, on peut surtout conseiller un client lorsqu’il veut vendre et lui dire si c’est le moment ou non de le faire. On peut aussi veiller à ce qu’il achète bien, c’est-à-dire à un prix qui, parce qu’il est correct, peut laisser entrevoir un rendement à terme. On peut, en outre, écarter facilement ce qui ne prendra jamais de valeur.»
Et les NFT dans tout cela? Si ces certificats de propriété numérique associables à des œuvres d’art ont pu affoler les compteurs ces derniers mois, les spécialistes restent très prudents. Ce que résume Eugénie Dumont en affirmant: «Il est trop tôt pour savoir ce que cela va donner.»
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