Bon de caisse de Belfius: « Une manière d’éviter d’augmenter les taux d’épargne »

Relancé par la banque Belfius à la mi-avril, le bon de caisse serait une façon d’éviter d’augmenter les taux d’intérêt sur les comptes épargne. « Proposer un produit à terme comme celui-là coûte beaucoup moins cher aux banques », explique Nicolas Claeys, spécialiste placements chez Testachats..

Ce mercredi 17 avril, la banque Belfius a relancé son bon de caisse, après un an de mise au frigo. Le principe: confier une somme d’argent aux mains d’une banque, à durée et à taux fixes. «Le bon de caisse se trouve à mi-chemin entre le livret d’épargne et le compte à terme», introduit l’économiste Bertrand Candelon (UCLouvain). «Ce placement est intéressant pour les épargnants qui ne veulent pas prendre de risques, car il rapporte plus que les comptes épargne des grandes banques», complète Nicolas Claeys, spécialiste placements chez Testachats.

Le bon de caisse commercialisé par la banque Belfius en Belgique se décline en plusieurs maturités. Celles-ci donnent la possibilité de placer son argent – avec une somme minimale de 250 euros à engager – pour une durée comprise entre un et dix ans, avec des taux correspondants qui diffèrent. Aux taux bruts affichés, il faut retirer 30% de précompte mobilier pour obtenir les taux nets.

• 1 an: 3% (2,1% net)
• 2 ans: 2,6% (1,82% net)
• 3 ans: 2,5% (1,75% net)
• de 4 ans à 6 ans: 2,4% (1,68% net)
• de 7 ans à 10 ans: 2,3% (1,61% net)

« Le taux d’intérêt baisse au fur et à mesure que la durée du placement augmente, décortique Bertrand Candelon. Il y a un phénomène d’inversion de la courbe des taux: l’idéal pour l’investisseur est de miser sur un placement de un ou deux ans.»

« Comme toutes les grandes banques, elle maintient les taux assez bas sur les comptes d’épargne »

Nicolas Claeys, spécialiste placements chez Testachats.

Le bon de caisse, une manière d’éviter de relever les taux sur les comptes épargne

Proposer un bon de caisse, ne serait-ce pas une manière d’éviter d’augmenter les taux d’intérêt sur les livrets d’épargne? «Totalement, répond le spécialiste placements de Testachats. Proposer un produit à terme comme celui-là coûte beaucoup moins cher aux banques. Elles ne devront rémunérer que l’argent issu de cette opération commerciale, et non les dizaines de milliards d’euros d’épargnes qui dorment sur les livrets de leurs clients, pour prendre Belfius comme exemple.» Proposer un bon de caisse permettrait, en outre, à la banque de donner l’impression de se bouger pour l’épargne.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’annonce de la banque Belfius? «Comme toutes les grandes banques, elle maintient les taux assez bas sur les comptes d’épargne», rappelle Nicolas Claeys. Conséquence: beaucoup de consommateurs ont déplacé leurs économies des comptes épargne et des comptes à vue, vers d’autres produits financiers. «D’après les chiffres de la Banque Nationale de Belgique (BNB) portant sur 2023, reprend l’expert, les sommes présentes sur les livrets d’épargne ont fondu de 30 milliards d’euros et de un milliard d’euros sur les comptes à vue. À l’inverse, les placements à taux fixe ont absorbé 64 milliards d’euros l’an dernier». La faute, entre autres, aux différentes versions du bon d’Etat.