Leader de la microfinance belge, microStart octroie quelque 500 microcrédits par an. © BELGA

«Aucune banque ne voulait me prêter d’argent»: le microcrédit, solution pour les moins nantis

Nathan Scheirlinckx
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif

Pour ceux que les banques ne veulent plus financer, il existe une solution, encore méconnue du grand public: le microcrédit. Témoignages et conseils.

En septembre 2023, la Carolorégienne Magda Vassias se lance dans le grand bain. Avec son frère Thierry, elle crée «Les Belg’Idées», concept store à mi-chemin entre création et philosophie de vie. Un aboutissement doublé de soulagement pour la fratrie, obtenu grâce à un microcrédit de l’organisme belge microStart. «J’ai décidé de me lancer comme indépendante après une période de chômage, raconte Magda. Alors que mon projet tenait la route, aucune banque ne voulait me prêter d’argent, juste parce que j’étais chômeuse.»

«Quand tu es nouveau dans le milieu de l’entreprenariat, on ne te fait pas confiance»

Daniel Cisneros Perez, entrepreneur

Daniel Cisneros Perez, cuisinier dans une école d’Ottignies et créateur d’un atelier de production de tortillas, a vécu les mêmes difficultés. «Quand tu es nouveau dans le milieu de l’entreprenariat, on ne te fait pas confiance.» Lui aussi a pu démarrer son activité en contractant un microcrédit auprès de microStart. «Cela m’a permis d’avancer dans la vie», explique-t-il.

A qui s’adresse le microcrédit?

C’est pour permettre à des néo-entrepreneurs comme Magda et Daniel de lancer leur entreprise que le mécanisme de microcrédit existe. «Nous nous adressons aux personnes qui n’osent pas ouvrir la porte d’une banque ou qui font face à des refus bancaires», décrit Lorraine de Fierlant, ancienne échevine «Liste du Bourgmestre» à Schaerbeek et actuelle CEO de microStart.

Concrètement, le microcrédit consiste en un prêt réduit (de 500 à 25.000 euros) réservé aux publics plus précaires, pour faire face à une difficulté financière passagère ou donner un coup de pouce à l’auto-entreprenariat. Leader de la microfinance belge, microStart octroie quelque 500 microcrédits par an. Soit dix fois plus que les autres acteurs du marché national (Credal en Wallonie, Brusoc à Bruxelles et Herfboom en Flandre), assure Lorraine de Fierlant.

La différence avec les banques

«En plus du financement de mon projet, je bénéficie encore maintenant d’un accompagnement très humain, qui contraste avec le flicage des banques, confie Magda Vassias. Les conseillers qui nous aident nous font confiance sans demander une panoplie de garanties et documents.»

«Avec certains profils, les banques se montrent plus exigeantes dans l’octroi d’un financement»

Lorraine de Fierlant, CEO de microStart

«Avec certains profils (Horeca, bâtiment et construction, taxis et coursiers), les banques se montrent plus exigeantes dans l’octroi d’un financement, estime la CEO de microStart. C’est pour ça qu’on milite pour un renvoi automatique des refus bancaires vers les organismes de microcrédit, qui restent méconnus pour le moment.»

Ceux qui utilisent le plus le microcrédit

Le principe du microcrédit tarde à se faire connaître car il est surtout utilisé dans l’hémisphère sud, principalement dans les pays en voie de développement. Mais le concept s’est progressivement fait une place en Belgique et aux alentours.

Les profils qui recourent au microcrédit sont diversifiés: migrants, chercheurs d’emploi, jeunes de moins de 30 ans, allocataires du CPAS… «Je constate aussi qu’il y a plus de femmes que d’hommes, note Lorraine de Fierlant. Elles n’obtiennent pas aussi facilement un crédit que leurs homologues masculins, alors qu’elles remboursent mieux.»

La CEO de microStart estime aussi que le microcrédit peut être une solution au mal belge des malades de longue durée. «Ces personnes veulent réorienter leur carrière pour la gérer plus librement, en retrouvant du sens à leur métier.»

Un concept présent dans la DPR

Lorraine de Fierlant se dit ravie que les lignes politiques bougent enfin. «J’ai été ravie de retrouver le microcrédit dans la DPR (NDLR: déclaration de politique régionale). Nous sommes dans les starting blocks. C’est la première fois que le monde politique réfléchit sérieusement à cette alternative.»

Tous deux en faveur de l’emploi et de entrepreneuriat, Engagés et MR pourraient donner un coup de boost au microcrédit. «Pour les activités de micro et petits crédits, le Gouvernement évaluera la possibilité d’augmenter les plafonds de crédits accessibles en ligne et « automatiquement » en cofinancement bancaire via les dispositifs de financement dédiés. Les initiatives de microcrédits privés seront soutenues et amplifiées afin d’augmenter les montants disponibles pour faciliter le démarrage d’activité par les indépendants et entrepreneurs», indiquent-ils dans leur accord de gouvernement régional.

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