électricité
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300 à 400 euros en plus sur la facture d’électricité: «Sans le retour d’un élément, on court à la catastrophe»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les prix de l’électricité connaissent des niveaux qui n’avaient plus été atteints depuis deux ans. Comment expliquer ce pic et quel impact sur la facture des ménages belges? Trois questions au professeur Damien Ernst (ULiège), spécialiste des questions énergétiques.

Damien Ernst, comment peut-on expliquer ce pic actuel du prix de l’électricité?

La première cause réside dans l’augmentation des prix du gaz, qui tournent autour des 45 euros par mégawattheure. Deuxième cause -la principale-, c’est l’absence de vent. Il ne souffle plus sur l’Europe: cela implique la réactivation de centrales au gaz, qui dégagent une faible efficacité énergétique. En d’autres termes, elles demandent beaucoup de gaz pour produire une quantité relative d’électricité. Le coût marginal de production s’en retrouve gonflé. Les prix de l’électricité oscillent actuellement entre 200 et 300 euros du mégawattheure: ce sont des prix très élevés. On paie donc réellement cette absence de vent sur les marchés court terme, qui abritent les achats qui n’ont pas été assez anticipés (forward). Les températures basses peuvent également impacter les prix.

La situation est-elle comparable à la crise énergétique en 2022?

Il faut être très clair: si le vent reste faible sur l’Europe, et que des températures relativement froides se maintiennent, on court vraiment à la catastrophe. Car cela pourrait créer des trous importants dans les réserves de gaz. L’électricité qui n’est pas générée via l’éolien doit être compensée avec des centrales au gaz. Il faut donc vraiment espérer que le vent revienne sur l’Europe.

Il faut être très clair: si le vent reste faible sur l’Europe, et que des températures relativement froides se maintiennent, on court vraiment à la catastrophe. La situation pourrait créer des trous importants dans les réserves de gaz. L’électricité qui n’est pas générée via l’éolien doit être compensée avec des centrales au gaz.

Damien Ernst (ULiège)

D’autant plus que durant les mois de décembre/janvier/février, la production de photovoltaïque est quasi nulle. Le renouvelable repose donc presqu’uniquement sur le vent durant cette longue période.

La facture des ménages sera-t-elle directement impactée par cette hausse de l’électricité?

Bon nombre de contrats sont indexés sur le prix du marché day-ahead, soit le marché où les prix sont élevés pour l’instant. Si cette situation perdure, la facture d’électricité annuelle pour un ménage moyen pourrait augmenter de 300 à 400 euros. L’impact sera encore plus important pour les ménages qui se chauffent uniquement à l’électricité. Ce qu’on observe actuellement ne présage rien de bon. On roule lentement vers un mur. Cette direction pourrait changer si le vent se lève durablement.

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