Les stations de ski en panique face à la hausse des prix de l’électricité

Les stations de ski françaises craignent la hausse considérable des prix de l’électricité. Si des fermetures semblent peu probables, des efforts énergétiques devront être fournis, et les frais de séjour seront revus à la hausse.

L’hiver est encore loin, mais il inquiète déjà. Plusieurs stations de ski en France et en Suisse se soucient de la hausse des prix de l’énergie. Le secteur des sports d’hiver avait déjà été mis à rude épreuve ces dernières années avec le Covid. Le gouvernement français avait fermé les remontées mécaniques lors de la saison 2020-2021, signant à l’époque une saison blanche. Cette fois, ce sont les factures d’énergie qui menacent le bon déroulement des activités.

La fermeture comme épée de Damoclès

Habituellement, les dépenses électriques représentent 5% du chiffres d’affaires des stations de ski. Il s’agit de leur troisième source la plus importante de dépenses, après l’entretien du matériel et les salaires. Les remontées mécaniques, ces moyens de transport en haute montagne, dépendent à 100% du réseau électrique. Les canons à neige artificielle sont eux aussi particulièrement gourmands en consommation d’électricité.

Du coup, la situation pourrait devenir intenable pour le secteur. Depuis janvier en France, le prix du mégawattheure a été multiplié par 10. Les factures vont dès lors s’envoler, et un vent de panique a gagné les stations. « Nous ne serons pas en capacité d’ouvrir la station, a ainsi déclaré Sébastien Giraud, directeur général de la régie des remontées mécaniques de Villard-de-Lans, à France 3 Rhônes-Alpe début septembre. Avec la hausse des prix, la facture d’électricité représenterait entre 20 à 25% de notre chiffre d’affaires. »

Des propos alarmistes qui ont provoqué un électrochoc. Une délégation de maires de stations de montagne s’est rendue à Paris dans les jours qui ont suivi. Ils ont rencontré les ministres de la Ruralité, de la Cohésion du territoire et le cabinet du ministre de l’Économie.

Une entrevue rassurante

Au terme de ces réunions, le gouvernement a fait une promesse : il n’y aura pas de coupures de l’alimentation électrique dans les stations de ski cet hiver. Là où la grande majorité des sites ferment vers 16h30 et 17h, les risques de coupure n’existent qu’entre 18h et 22h.

Le gouvernement français étudie actuellement l’élargissement d’un dispositif d’accompagnement des entreprises énergo-intensives pour compenser une partie de la hausse des prix du gaz et de l’électricité. À la suite des discussions, les professionnels du ski en montagne devraient eux aussi être inclus dans ce bouclier tarifaire.

Des efforts énergétiques doivent toutefois continuer à être fournis. « Chaque site a entendu l’appel du gouvernement et mettra en œuvre les moyens nécessaires pour parvenir à une baisse de consommation électrique de 10% en 2 ans, a exprimé Domaines Skiables de France. Pour ce faire, nous accélérerons le déploiement des éco-engagements de la branche. Il faut aussi faciliter le déploiement des énergies renouvelables en montagne. »

Des efforts pour limiter la consommation

Les Domaines Skiables de France visent la neutralité carbone d’ici 2037. Plusieurs stations modifient leur organisation pour répondre aux efforts demandés. Cela passe par la mise en place d’une éco-conduite des remontées mécaniques, la fermeture de celles-ci en période de moindre activité, la désactivation de sièges chauffants, la limitation des éclairages, la réduction de neige artificielle et la modification de certains horaires d’ouverture des pistes – avec notamment l’annulation des sessions de nuit.

La station du Val d’Allos a notamment recruté du personnel dans le but spécifique de faire des économies d’émission de gaz à effet de serre comme des frais énergétiques. Parmi les mesures adoptées, la diminution de la vitesse des remontées mécaniques : en diminuant d’un mètre par seconde la vitesse d’une remontée (passant ainsi de 5 à 4 mètres/seconde), on diminuerait de 20% sa consommation.

Des vacances de plus en plus chères

Plusieurs stations de ski l’ont déjà annoncé : une partie du surcoût énergétique sera inévitablement répercutée sur les frais des clients. « Généralement, les prix augmentent de 3% chaque année », explique l’Union Professionnelle des Agences de Voyages (UPAV). Cette année, cela pourrait être de l’ordre de 8 à 20%.

Si on prend l’exemple les tarifs affichés par une station de ski dans le Jura en 2017-2018, le prix pour un pass de 6 jours au ski était de 115 euros, contre 142 euros pour la saison dernière. Aujourd’hui, la même formule affichée pour la saison 2022-2023 s’élève à 152 euros : une augmentation de près de 33% du prix en 5 ans.

Pour le moment, les réservations des vacances au ski ne connaissent pas de diminution et sont même plutôt encourageantes. Plus de 120 000 emplois en France dépendent de l’ouverture des domaines skiables, selon les chiffres de Domaines skiables de France.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire