Les riches un peu plus pauvres en 2023: « C’est l’arbre qui cache la forêt » (infographie)
La Banque nationale de Belgique (BNB) a publié des chiffres sur les inégalités de patrimoine, qui diminuent légèrement. Pour autant, les 10% des Belges les plus riches possèdent 55% du patrimoine. Pour Julien Desiderio, conseiller politique chez Oxfam, cela pose un problème d’équité fiscale.
En 2023, les ménages belges possédaient plus de 2.800 milliards d’euros d’immobilier résidentiel et d’actions cotées, formant ensemble le patrimoine net. C’est 19% de plus qu’il y a 5 ans. Voilà ce qui ressort d’une étude sur les inégalités de patrimoine réalisée par la Banque nationale de Belgique (BNB). Le plat pays est moins inégalitaire en termes de richesse, mais les chiffres continuent d’interpeller. Les 50% les moins nantis de la population ne possèdent que 8% du patrimoine. Alors que les 10% les plus riches en possèdent 55%.
La catégorie de population la mieux lotie (les 10% les plus riches, dernier décile) a perdu du patrimoine : elle possédait encore 59% du total en 2010. Dans le même temps, les moins bien lotis ont plus de patrimoine qu’avant (certes limité, de l’ordre d’1% supplémentaire).
Si les plus riches ont perdu et que les moins riches ont un peu récupéré, où se situe le problème ? « Les inégalités de patrimoine baissent légèrement, mais ce n’est pas suffisant », juge Julien Desiderio. Le conseiller en politique fiscale chez Oxfam explique cette tendance par deux facteurs. L’indexation automatique des salaires, qui garantit une certaine harmonie entre les revenus. Et le fait que les Belges ont une brique dans le ventre.
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Les plus riches profitent de leurs actions cotées
En Belgique, 70% des ménages sont propriétaires d’un bien immobilier. Et alors que les 10% les plus riches détiennent la majorité du patrimoine, ils ne possèdent ‘que’ 29% de l’immobilier résidentiel. Sans cet intérêt pour l’immobilier, le pays serait bien plus inégalitaire. Car la situation est toute autre, quand on regarde l’autre composante du patrimoine net des ménages. Les plus nantis détiennent 79% des actions cotées. « C’est au niveau des actifs financiers que se trouve la véritable inégalité, pointe Julien Desiderio. Les plus riches font des plus-values en revendant leurs actions. Tirer de la richesse d’un bien immobilier, pour les propriétaires, s’avère moins évident ».
« Le patrimoine net est moins inégalitaire parce que les prix de l’immobilier ont augmenté ces dernières années »
Julien Desiderio, conseiller en politique fiscale chez Oxfam
Le fait que la Belgique soit un pays de propriétaires fausse la donne, selon le conseiller Oxfam. « Le patrimoine net est moins inégalitaire parce que les prix de l’immobilier ont augmenté ces dernières années. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt des plus-values liées à la revente des actions, qui ont aussi augmenté et concernent les tranches de population les plus riches ».
Un problème d’équité fiscale, dénonce Julien Desiderio. Car l’argent issu de la revente et de l’échange d’actions sur les marchés boursiers reste majoritairement exonéré de taxation. Contrairement au revenu lié au travail, qui compose la plus grande partie du pouvoir d’achat des ménages moins bien lotis.
« La baisse de la taxation sur le travail devrait être financée par une augmentation de la taxation du capital »
D’autres études avaient déjà mis en lumière les inégalités de patrimoine en Belgique. Des chercheurs de la KULeuven ont démontré en 2022 que les 1% les plus riches possédaient 24% du patrimoine net. Mais, selon le conseiller politique Oxfam, « l’étude de la BNB est salutaire, car elle donne aux politiques des tendances claires sur les inégalités de patrimoine, et les objectifs à atteindre pour les réduire à l’avenir ».
Qu’en pense le ministre fédéral de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) ? « Cette étude confirme que la baisse de la taxation sur le travail devrait être financée exclusivement par une augmentation de la taxation du capital. Nous espérons que le prochain gouvernement ira dans ce sens ».
Une mesure qui était au programme de la réforme fiscale, et dont l’échec ternit le bilan de la Vivaldi. Sans savoir quel exécutif émergera à l’issue des élections, la BNB liste trois éléments à prendre en compte pour éviter que les inégalités de patrimoine ne se creusent. Il s’agit de l’intelligence artificielle, de la transition énergétique et du vieillissement de la population.
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