Jérôme Powell, le patron de la FED, la réserve fédérale américaine, n’exclut pas une baisse des taux directeurs. © AFP

L’économie américaine inquiète, emportant les bourses mondiales avec elle: c’est grave docteur?

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Plusieurs indicateurs attestent un net ralentissement de l’économie américaine, que d’aucuns craignent incontrôlé. Un cocktail détonant pour les marchés, alors que les incertitudes géopolitiques se multiplient.

Rouge, rouge sang, rouge écarlate: depuis vendredi les bourses mondiales font la tronche. C’était encore le cas ce lundi, de Wall Street à Tokyo en passant par ce bon vieux Bel20, qui a ouvert en repli de plus de 3%. Bref, tout le monde chute, et la pente est assez raide…

En cause, la divulgation vendredi des mauvais chiffres du marché de l’emploi américain, où le taux de chômage a bondi en juillet pour atteindre 4,3%, suscitant une réaction immédiate du président Joe Biden. «L’emploi croît plus progressivement», a reconnu ce dernier, faisant toutefois valoir que ce ralentissement intervient à un moment où «l’inflation a considérablement diminué». À trois mois d’une élection cruciale dont il s’est écarté au profit de sa vice-présidente Kamala Harris, Biden entendait bien éteindre l’incendie naissant, se félicitant que «les investissements des entreprises restent solides», participant à «créer des emplois bien rémunérés dans les communautés laissées pour compte.»

Marchés nerveux

Seul problème, dans un contexte géopolitique tendu, les marchés sont peu réputés pour leur calme. Et la crainte d’une récession américaine, dont la presse américaine se fait actuellement l’écho, n’est pas pour arranger les choses. C’est du côté du Japon que la chute boursière était, à l’heure d’écrire ces lignes, la plus lourde ce lundi (-12,4%), après avoir déjà diminué de plus de 5% vendredi. Si ce plongeon inédit s’explique par des caractéristiques propres à l’économie japonaise, il n’en reste pas moins que c’est précisément le ralentissement économique aux États-Unis qui a déclenché la débâcle boursière. Les analystes pointent plusieurs indices qui ont affolé la bourse nippone: outre l’emploi américain, on citera la chute de l’indice manufacturier (qui mesure l’activité des décideurs du secteur et constitue un excellent indicateur de santé économique aux États-Unis), ou encore la méforme des valeurs technologiques.

Pas de quoi affoler le bon docteur Biden: «Il reste encore beaucoup à faire, mais nous progressons en favorisant la croissance de l’économie à partir du niveau intermédiaire et de la base vers le haut», assurait-il ce dernier vendredi. Ce qui est plutôt vrai, au moins pour ce qui est de l’emploi. «Même si le taux de chômage a augmenté, le taux d’emploi a également progressé ce qui indique une augmentation de la main-d’œuvre», observait ce lundi Bernard Keppenne, économiste en chef chez CBC.

Autre motif d’apaisement, selon lui, le fait que «les indices des services devraient rester positifs aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis». Pour le reste, la nervosité boursière n’en demeure pas moins grande, dopée par la crainte d’un embrasement du Moyen-Orient. «Preuve que la crainte d’un ralentissement domine, le prix du baril, qui aurait dû s’envoler avec les tensions actuelles au Moyen-Orient, est en forte baisse», fait ainsi remarquer Bernard Keppenne, de sorte que l’indicateur principal de mesure de la volatilité des marchés boursiers américains (appelé le VIX) s’est envolé».

Que va faire la FED ?

Tous les yeux sont désormais tournés vers la FED, l’équivalent de la banque centrale européenne aux États-Unis, qui mène depuis des mois une politique visant plutôt à juguler l’inflation, en maintenant notamment des taux d’intérêt hauts, ce qui tend à ralentir l’économie. Mais il apparaît que la FED n’avait pas anticipé un aussi gros ralentissement de l’économie américaine, lequel semble se confirmer. Logiquement, l’inflation étant moins forte (autour de 2,5% sur un an au dernier pointage), on pourrait penser que la réserve fédérale américaine va baisser ses taux d’intérêt afin de protéger l’emploi (son autre mandat principal). Cette option était sur la table il y a quelques jours encore, avait reconnu Jérôme Powell, le patron de la FED…

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