Pourquoi le cours du cacao explose
Le cours du cacao a atteint des sommets inédits, culminant à 4 147 dollars la tonne sur le marché à terme de New York, un niveau qui n’avait plus été observé depuis 1977 selon l’agence Bloomberg.
Cette flambée s’explique par les conditions météorologiques désastreuses que connaît actuellement l’ouest de l’Afrique, les pluies abondantes compliquant les récoltes. Les exportations en cacao de la Côte d’Ivoire par exemple sont en recul de plus de 30% cette année par rapport à la même période il y a un an. Il s’agit, avec le Ghana, du plus grand producteur mondial. Les cultures ne sont en outre pas épargnées par les maladies, qui prolifèrent en raison de conditions très humides.
Mardi, le cours prenait encore 0,9% avant de reculer quelque peu. Depuis le début de l’année, il a augmenté de 60% à New York, selon les calculs effectués par Bloomberg. Le début de la période des achats de fin d’année joue probablement un rôle dans la hausse récente.
La Belgique est le pays du chocolat. Quelque 8.500 personnes travaillent chez nous dans ce secteur et la hausse du cours du cacao a des répercussions, explique la fédération de l’industrie alimentaire Fevia. « La pâte et le beurre de cacao constituent les ingrédients de base dans la confection de chocolat. Une directive européenne impose des seuils pour ces deux éléments et on ne peut donc pas modifier la recette ainsi dans l’idée de jouer sur les coûts de fabrication. »
Pour pouvoir faire face à une telle situation, les producteurs vont essayer de répercuter la hausse des matières premières sur leurs client. La Fevia s’attend à ce que le chocolat devienne plus cher à l’avenir. « Nous devrions assister à une tendance à la hausse du prix pour le consommateur en raison de la flambée du cours du cacao. Et d’autant plus si les volumes de la fève diminuent la saison prochaine à la suite de récoltes mondiales mitigées. » La fédération ajoute que le prix du sucre aussi a fortement augmenté en Europe.
La Fevia pointe d’autres défis que vont devoir relever les producteurs de chocolat, comme la nouvelle législation européenne qui va demander des changements dans la chaîne d’approvisionnement. Elle cite ainsi la législation sur les produits qui n’entraînent pas de déforestation (EUDR), et la directive sur la diligence raisonnable qui doit inciter les entreprises à appliquer des normes plus strictes en matière d’environnement et de droits humains, en renonçant notamment au travail des enfants.
Enfin, en Belgique, le coût salarial constitue un autre frein pour les fabricants. L’indexation automatique des salaires représente un désavantage concurrentiel pour le chocolat belge dont la moitié de la production est exportée.