logements taille
Les logements disposent de plus d’espace et de pièces dans certains quartiers. La taille des maisons permet de réaliser la suroccupation ou sous-occupation du bien en fonction du ménage.

Taille, âge de l’habitation, occupants: voici le logement type dans votre quartier (carte interactive)

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Le découpage par quartier statistique offre une vision plus détaillée des réalités socio-économiques des communes et montre quelles zones de Bruxelles et de la Wallonie profitent de plus d’espace par habitant. Le point en carte sur la taille des logements et leur occupation.

Le centre-ville est-il déserté par les résidents? A quel point l’étalement urbain affecte-t-il une commune? Où se regroupe véritablement la masse principale d’une population? Répondre à ces questions impose une finesse accrue dans le découpage du territoire d’une commune. Les quartiers, ou «secteurs statistiques» comme les définit Statbel, l’office belge de statistiques, ont été imaginés dans cette optique.

Près de 20.000 morceaux de communes, dont la moitié environ à Bruxelles et en Wallonie, sont ainsi suivis en Belgique, via différentes données. Cette subdivision permet par exemple d’obtenir une précision accrue sur la morphologie et les caractéristiques de l’habitat,  ou encore la densité de population des différentes zones résidentielles.

Chaque quartier dispose notamment d’un suivi chiffré sur base du cadastre et des données sur la composition des ménages. En croisant les informations, il est possible de savoir où les maisons et appartements contiennent le plus de pièces par habitant. Il s’agit de l’une des mesures comparatives disponibles au niveau européen, permettant d’apprécier la suroccupation ou sous-occupation des logements.

Zoomez sur la carte pour descendre au niveau du découpage par quartier et cliquez sur un quartier, ou tapez une adresse dans la barre de recherche pour trouver plus facilement un lieu de vie.

Des habitations généreuses en pièces

Le chiffre saute aux yeux: les habitations belges sont grandes, voire très grandes. Avec 2,1 pièces* par habitant en moyenne, la Belgique se situe parmi le trio de tête européen en la matière. Un luxe et un confort marquants, alors que la demande en logements s’est transformée et se modifie encore, suivant les évolutions démographiques de la population belge. Cette caractéristique peut en effet interroger, notamment sur l’adaptation des logements aux besoins réels des ménages actuels, aux compositions bien plus diversifiées qu’il y a quelques dizaines d’années.

Deux points particuliers amènent en effet à devoir repenser l’habitat actuel: le vieillissement de la population et le rétrécissement de la taille des ménages. «La demande en logements plus petits et plus abordables suit assez logiquement l’évolution de ces deux critères. Les pensionnés n’ont plus les mêmes moyens financiers que durant leur carrière professionnelle, tandis que les personnes isolées, dont la part grandit au sein des ménages, disposent immanquablement de ressources plus faibles en ne pouvant pas mutualiser certains coûts et dépenses», détaille Jacques Teller, professeur d’urbanisme à l’ULiège.

Le marché privé a bien pris en compte ce besoin au cours des dernières années, avec une accélération de la création de logements, principalement portée par la production d’appartements. Entre 2011 et 2020, près de 140.000 logements ont été créés en Wallonie, soit plus de 15.000 logements par an. Dans le même temps, la population n’a augmenté en moyenne que de 13.000 unités par an et le nombre de ménages de 8.500 unités. «Il s’est donc créé pendant cette décennie plus d’un logement par habitant supplémentaire et pas loin de deux logements par ménage», pointe un rapport de la Conférence permanente du développement territorial (CPDT).

Adapter les logements

La part des logements produits en immeubles à appartements est passée de 29% pour la période 2001-2005 à plus de 70% en 2019, note plus loin la CPDT. Mais la demande continuera de croître, alors que la composition des ménages évolue toujours.

Jacques Teller précise que l’augmentation de l’offre, en studios et appartements, ne comble malgré tout pas l’ensemble des besoins. «En milieu urbain, la division des logements existants a effectivement progressé, mais parfois avec des habitations de moindre qualité ou mal adaptées à certains profils. Dans le périurbain et le milieu rural, on constate en revanche une sous-occupation effective des logements.»

Le professeur plaide pour une approche raisonnée de la densification des centres-villes, qui doit s’accompagner de politique de mixité des logements selon lui. «Il faut un peu de tout et ne pas sacrifier toutes les maisons de taille plus importante pour combler le besoin des plus petits ménages. Les familles recomposées tirent aussi logiquement la demande vers du plus grand. Il faut que le milieu urbain puisse également accueillir ces noyaux familiaux.»

L’exode urbain qui peut exister doit également faire réfléchir à la création d’espaces publics de qualité en ville. La volonté des ménages de déménager pour profiter d’un jardin existera toujours, mais l’aménagement d’espaces verts peut combler une partie de la demande. «Cela sera aussi nécessaire pour lutter contre les îlots de chaleur en ville. L’adaptation au réchauffement climatique est probablement l’un des grands enjeux de ces prochaines années. Pour le logement, ça signifie réfléchir à l’exposition, à la ventilation, à l’isolation etc. Repenser la division des logements et profiter des travaux pour isoler par exemple, c’est être gagnant sur tous les tableaux: cela limite la poursuite de l’artificialisation des sols pour créer du logement, ce dernier s’adapte mieux à la chaleur et enfin cela offre des logements plus adaptés à certains ménages plus petits», conclut-il.

* La «pièce» est définie comme un espace délimité, dans une unité d’habitation, par des cloisons allant du plancher au plafond ou à la toiture, assez grand pour contenir un lit d’adulte (quatre mètres carrés au moins) et ayant au moins deux mètres de haut sous plafond sur la plus grande partie de sa superficie.

 

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