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« Stop béton »? Pourquoi la maison quatre façades a encore le vent en poupe

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Terrains à bâtir, matériaux, taux d’intérêt… Tout concourt à la hausse du coût d’un projet de construction. Mais malgré un repli des permis en 2023, ce n’est pas la chute libre. La maison quatre façades a encore le vent en poupe.

Vous avez dit «stop béton»? Peut-être en 2050, comme le souhaitent la Wallonie et la Flandre. Mais en 2022, les communes et Régions ont encore accordé 26 000 permis pour de nouvelles maisons unifamiliales, indique Statbel, l’office belge de statistique. Un chiffre globalement stable depuis plus de vingt ans, hormis quelques périodes de repli: de 2011 à 2018, par exemple, ainsi qu’en 2023. Depuis la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation persistante du prix des matériaux de construction, la cadence a ralenti. D’après les données les plus récentes de Statbel, les autorités communales ou wallonne ont octroyé 5 335 permis pour la construction de logements unitaires durant les onze premiers mois de 2023, contre 6 094 pour la même période de l’année précédente (-12,4%). Le rêve de construire une maison quatre façades n’a donc pas disparu.

Evidemment, le coût total d’un projet de construction varie fortement en fonction du prix du terrain à bâtir, reflétant lui-même l’attractivité de la commune concernée et la disponibilité foncière. En Wallonie, le prix moyen au mètre carré a grimpé de 36% ces dix dernières années, selon les chiffres de la Fédération du notariat (Fednot). Il a davantage progressé en province de Liège et de Hainaut. En termes absolus, c’est le Brabant wallon qui affiche le prix moyen le plus élevé. Mais avec ses 211 euros par mètre carré, celui-ci reste meilleur marché que l’ensemble des provinces flamandes. Car, contrairement au nord du pays, la Wallonie regorge encore de terrains potentiellement constructibles. D’après l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), 29,5% du plan de secteur affecté en zone d’habitat ne comportent toujours aucune construction. La disponibilité foncière est logiquement plus importante dans les communes plus rurales du sud du sillon Sambre-et-Meuse.

Le nombre de permis délivrés ne révèle cependant rien du montant total que les ménages peuvent encore, avec la conjoncture actuelle, consacrer à leur projet de construction. De manière générale, leur capacité d’emprunt a considérablement fondu depuis 2021, alors même que le coût d’un projet a fortement augmenté. Au-delà du choix de certains matériaux, les nécessaires économies qui en résultent portent aussi sur les caractéristiques énergétiques du bien (une pompe à chaleur moins performante, un report d’investissement dans des panneaux photovoltaïques…). Elles peuvent donc pénaliser le pouvoir d’achat futur.

Enfin, d’innombrables professionnels ou promoteurs ont dû revoir à la hausse les prix convenus au départ. Dans un contexte où l’instabilité règne encore, beaucoup ne garantissent plus du tout les prix de certains matériaux, occasionnant bien des nuits blanches aux ménages qui n’avaient pas imaginé une telle explosion de leur budget.

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