Thierry Fiorilli
C’est beau comme… le combat Stop béton du réseau Occupons le terrain
Ça commence par un strip, où deux oiseaux migrateurs discutent le coup sur leur branche.
Case 1:
– OLT démarre sa campagne «Stop béton maintenant»…
– Et ça consiste en quoi?
Case 2:
– Demander au monde politique de faire le contraire de ce qu’ils font depuis 50 ans…
– Et ils y croient vraiment?
Case 3:
– C’est ça ou finir coulé dans le béton!
C’est le début de la dernière newsletter d’OLT, le réseau belge Occupons le terrain, créé en 2018 et unissant une cinquantaine de collectifs citoyens «qui veulent résister aux logiques de bétonnage à tout crin, de rendement à court terme et de domination des intérêts privés. Ensemble, ils veulent assurer à la fois le droit au logement et la préservation des territoires, des cadres de vie, de la biodiversité et des espaces verts.» Sa campagne «Stop béton maintenant» a démarré le 26 mai, à Namur. Devant le siège du parlement de Wallonie, les membres y ont enterré symboliquement «tout ce que nous risquons de perdre si nous n’agissons pas rapidement».
Vaine mobilisation? Le réseau réplique en citant Bertolt Brecht: «Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.» Et annonce d’autres actions ces prochains mois, puisque «plus on fera du bruit, plus on acquerra de la visibilité, moins les autorités pourront nous ignorer». Ces autorités auxquelles OLT demande «une rupture franche et rapide» avec les «pratiques du passé», reposant sur le Plan de secteur wallon de 1980 qui, ces 40 dernières années, a «condamné à la disparition près de 1.100 km² de terrains vivants – bois, champs, pâtures… – en les convertissant en zones à bâtir. Plus de la moitié ont été construits ou artificialisés, sous la forme de lotissements, zonings industriels, zones commerciales… Soit la superficie cumulée des cinq principales villes wallonnes (Charleroi, Liège, Namur, Mons, La Louvière) ou celle de 82.000 terrains de football.»
«En 40 ans, des espaces verts équivalant à 82.000 terrains de foot ont été construits ou artificialisés.»
La campagne veut donc opposer «une réaction radicale et structurelle». Notamment en poussant les citoyens à:
1. Interpeller les présidents de parti francophones avant les élections régionales (le 9 juin), pour qu’ils s’engagent à faire réviser le Plan de secteur wallon d’ici à 2030, rendre non constructibles d’ici là tout terrain présentant un intérêt environnemental et/ou agricole, encadrer strictement «les prix des terres agricoles afin de favoriser leur utilisation agricole juste et durable», encadrer tout aussi strictement les loyers et accorder des aides publiques massives pour la rénovation et l’isolation des bâtiments existants;
2. Inciter les collectifs à envoyer un questionnaire, avant les communales (le 13 octobre prochain), aux sections locales des partis pour «comprendre comment chacune des listes se positionne sur l’aménagement du territoire, le logement, la préservation des terres agricoles et de la biodiversité et la démocratie citoyenne». Avec argumentaire à la clé.
Ça a été pensé, débattu, nourri et approuvé en assemblée générale fin 2023. Ça déboule maintenant sur la place publique. C’est mené de façon très pro. C’est incontestable sur le fond, pas désolant du tout sur la forme et portant sur des enjeux cruciaux, qui concernent vraiment tout le monde. Ce qui en fait l’initiative la plus intéressante d’avant scrutins de cette année. La plus belle.
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