Bientôt une baisse des prix de l’immobilier?
BNP Paribas Fortis, leader sur le marché des crédits hypothécaires en Belgique, s’attend à une légère baisse des prix de l’immobilier cette année. Une prévision qui ne vaut toutefois pas pour les nouvelles constructions et les habitations à haute efficacité énergétique.
Les différences de performance énergétique se ressentiront de plus en plus dans les prix, prédit la banque. Selon ses calculs, à critères équivalents, la différence de prix entre une maison avec le meilleur score de PEB (certificat de performance énergétique des bâtiments) et une passoire énergétique est déjà de 84.000 euros. D’ici à 2050, le gouvernement souhaite que chaque maison ait le score énergétique le plus élevé. Y parvenir sera une tâche gigantesque, craint Laurent Loncke, directeur général de la division Retail chez BNP Paribas Fortis. « Cela dépend de chaque région, mais aujourd’hui, environ 5% des biens immobiliers en Belgique sont prêts pour 2050. Nous devons nous améliorer de 3% chaque année pour atteindre l’objectif. »
Pour cela, quelque 300 milliards d’euros devront être investis, a-t-il calculé, et 160.000 logements être rénovés chaque année. D’après les économistes de BNP Paribas Fortis, ces investissements auront un impact sur l’inflation. « Nous nous attendons à une ‘greenflation’. Cela représente une inflation légèrement plus élevée de 2 à 4% dans les années à venir, liée aux coûts de rénovation », explique Tim Spellemans, expert en prêts hypothécaires au sein de la banque.
Les sommets atteints cette année par les prix du gaz et de l’électricité ont boosté les emprunts pour rénovation (+17%) chez BNP Paribas Fortis, avec en moyenne 95.000 euros empruntés, note-t-on. Plus spectaculaire encore est, selon l’institution bancaire, la croissance du nombre de prêts énergie (+145%) qu’elle a enregistrés, la majorité d’entre eux (57%) étant destinés à l’installation de panneaux thermiques ou photovoltaïques.
Pour le reste, le bilan 2022 du marché des emprunts hypothécaires est pour le moins paradoxal, constate BNP Paribas Fortis. Le montant total des crédits hypothécaires contractés en Belgique a certes augmenté de 3% pour atteindre un montant record de 42,8 milliards d’euros, mais leur nombre (255.000 crédits) s’est tassé de 5% par rapport à 2021. La banque, qui finance une habitation sur 4 en Belgique, a noté en son sein une croissance du montant total des crédits hypothécaires contractés (hors refinancement) de 4% l’an dernier.
Pour les économistes, la brusque hausse des taux longs explique en partie ce recul du nombre de crédits contractés. Après six années de taux bas, l’ère des taux plancher semble en effet révolue. D’ailleurs, 13% des clients de BNP Paribas Fortis ont opté pour un taux variable. La banque a, de plus, constaté une augmentation générale des montants empruntés en 2022 (+9% pour atteindre 203.000 euros).
Le célibat et la jeunesse ne semblent en tous cas pas des freins à l’accès à la propriété. Ainsi, 26% des crédits hypothécaires ont été contractés par des « millenials » l’an dernier. Le nombre d’emprunts accordés aux jeunes primo-accédants connaît même une croissance de 10% par rapport à l’année précédente et la quotité reste stable d’une année à l’autre (81%). Avec un nombre d’emprunts en hausse de 6% par rapport à 2021, les célibataires et les familles monoparentales représentent, eux, 32% du montant total octroyé en 2022.