Hausse des faillites: un avenir imprévisible pour les entreprises en 2023
En Belgique, 479 faillites ont été prononcées par les tribunaux de l’entreprise au cours des trois premières semaines de 2023. Selon Statbel, il s’agit d’une augmentation de 4.1%, par rapport à la même période en 2019, année pré-Covid. Si l’avenir des entreprises est imprévisible, elles sont aujourd’hui mieux préparées aux chocs.
Avec 479 faillites prononcées par les tribunaux de l’entreprise dans les trois premières semaines de 2023, contre 460 pour la même période en 2019, une tendance à la hausse s’annonce. Hérité de 2022, avec 800 faillites rien qu’en décembre, le rythme rapide des faillites des entreprises belges semble alarmant.
Les faillites, ça se prépare
Henri Culot, avocat et professeur en droit économique à l’Université catholique de Louvain et professeur à l’Université Saint-Louis Bruxelles, conseille de prendre ces chiffres avec prudence. Il explique qu’« ils ne sont pas hyper significatifs car, souvent, la procédure arrive au tribunal après les fêtes. Il s’agit donc d’un rattrapage des congés de Noël, où les choses tournent au ralenti. »
Guilhem Bascle, professeur en stratégie d’entreprise et management à l’UCLouvain, confirme qu’« une tendance s’est installée depuis l’été dernier : on voit une augmentation des faillites, surtout dans les entreprises de moins de 50 personnes. Ces dernières ont pris de plein fouet les chocs qu’on a connus au niveau du prix de l’énergie, de la guerre et des difficultés d’approvisionnement.»
Le chiffre de pertes d’emploi (3091) interpelle Guilhem Bascle parce qu’il a triplé par rapport à la même période lors de l’année de référence 2019. Il a donc fait ses recherches et a observé de près l’évolution des chiffres des pertes d’emploi sur un an sur Statbel. Il constate qu’ « un pic de pertes d’emploi survient à différents moments de l’année, suivi à nouveau d’une relative stabilité. »
Pour 2023, un scénario difficile
Gerrit Budts, porte-parole de l’UNIZO (organisation qui représente les intérêts des entrepreneurs), prévoit une année 2023 dure pour les entrepreneurs, en raison de l’indexation automatique des salaires, des prix de l’énergie variables et de l’inflation.
Pour Guilhem Bascle, la période actuelle est d’une grande complexité. « On peut voir plusieurs nuages dans le ciel de 2023. D’abord l’inflation, une menace majeure qui risque encore de mordre et ronger les marges de nombreuses entreprises. Les salaires constituent une autre menace, s’ils continuent à augmenter. A cela s’ajoutent les tensions géopolitiques, un nuage imprévisible qui pourrait grossir. »
Le professeur poursuit : «En parallèle à ces menaces, les entreprises doivent, en 2023, changer leur produit ou ajuster leur modèle économique parce que le consommateur change sa demande pour obéir à certains règlements. » L’expert donne l’exemple de la voiture électrique imposée par l’Europe pour des exigences environnementales.
Le professeur se réfère à une étude du cabinet de consultance PWC (PricewaterhouseCoopers): « Pour 2023, trois quarts des dirigeants pensent que les conditions économiques vont se dégrader durant les 12 prochains mois. Par rapport au même moment l’année dernière, c’est l’inverse: les trois quarts des dirigeants prévoyaient alors une amélioration de la conjoncture économique pour 2022. C’est donc un retournement complet. Actuellement, seuls 20% des dirigeants pensent que la conjoncture va s’améliorer en 2023. »
« La bosse semble haute mais les amortisseurs fonctionnent mieux »
Après le Covid, l’inflation et la flambée des prix de l’énergie, les entreprises sont-elles davantage vulnérables ? Guilhem Bascle pense que les entreprises sont soumises à plusieurs perturbations inattendues . Il ajoute : « Beaucoup d’entreprises ont appris à être agiles par la force des choses. Elles ont été capables de faire preuve d’une résilience, d’encaisser des chocs colossaux, le Covid, le télétravail, les ruptures complètes dans la chaîne d’approvisionnement, et donc on a des compétences qui ont été renforcées fortement en termes d’agilité, chez les dirigeants, chez les collaborateurs, et les gens savent mieux se préparer en amont. Pour les prochains mois, on peut espérer avoir moins de faillites. »
Nahida Jabak
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