Faillite de la Sabena: 1,1 milliard récupéré à ce jour

La Sabena reste la plus grosse faillite qu’a connu le royaume de Belgique. La curatelle, qui a porté 14 dossiers en Cassation et récupéré 1,1 milliard d’euros dont 800 millions versés aux créanciers à ce jour, espère clore l’ensemble du dossier en 2024.

La tâche d’un curateur est-elle de vendre au plus vite, quitte à brader, ou valoriser les actifs de l’entreprise en faillite tout en veillant aux intérêts des créanciers? Le trio de curateurs de la Sabena a choisi la seconde option pendant 21 ans. « On a bien fait de persister. En gérant les actifs en bon père de famille pour les vendre au bon moment, on a récupéré quelque 1,1 milliard à ce jour. Si on avait liquidé rapidement comme certains le préconisaient à l’époque, on n’aurait récupéré que 100 millions », argumente Christian Van Buggenhout qui espère clore le dossier en 2024.

   « Cela a pris du temps, on a travaillé en deux temps mais la faillite est monstrueusement vaste et compliquée« , ajoute l’avocat d’affaires qui a passé les quatre dernières années à gérer lui-même l’hôtel Memling de Kinshasa pour éviter qu’il perde de la valeur, faute de direction appropriée. « En maximisant le patrimoine, on a récupéré à ce jour 1,1 milliard d’euros et on a versé plus de 800 millions d’euros aux créanciers. L’ensemble des 1.100 membres du personnel a reçu ses indemnités de rupture pour un total de 516.000 euros. En ce qui concerne les prépensionnés, on atteint un dividende de 36,5% et on espère qu’il montera à 42% d’ici à la fin du processus. »

   La Société anonyme belge d’exploitation de la navigation aérienne était propriétaire de bien plus que des avions: quatre hôtels, des appartements et des villas sur plusieurs continents, une toile signée Magritte et bien d’autres biens. L’un de ses derniers fleurons, un hôtel de 180 chambres à Kinshasa, vient d’être cédé. Grâce à un glissement de propriété et un partenariat dont l’avocat d’affaires ne souhaite pas livrer les secrets.

   « On aurait pu vendre cet hôtel huit fois si les Etats et les banques européennes n’étaient pas aussi regardantes sur l’origine des fonds. Ils ont refusé de comprendre que la RDC est un état de liquidités. Ils ont même été jusqu’à fermer les comptes historiques de l’hôtel », s’indigne Me Van Buggenhout.

   Le curateur aime citer l’exemple de la division de maintenance des avions de Sabena Technics pour illustrer sa stratégie payante. « Nous ne l’avons pas laissée partir en liquidation tout de suite. Nous l’avons d’abord redressée et avons attendu le redressement du secteur de l’aviation avant de la céder au groupe français TAT. » Les moteurs d’avions ont rapporté 50 millions d’euros en location, puis encore 15 millions au moment de la vente.

   Il reste à vendre un immeuble de 26 appartements à Kinshasa, une luxueuse villa (valeur de 2,2 millions d’euros) occupée par un ancien pilote qui la louait et prétend en être devenu le propriétaire, et quelques autres bricoles. « Tout devrait être clôturé dans le courant de l’année 2024« , a assuré l’avocat d’affaires.

   La curatelle a également réduit le passif de la société de 3 milliards d’euros à 600 millions. Exceptionnel, selon la principale intéressée qui ne s’est pas fait que des amis. « On est passé 14 fois en Cassation. Ce sont des procédures qui ont chacune pris de nombreuses années à aboutir. Il faut de la patience », témoigne Me Van Buggenhout qui a récupéré 1,4 milliard d’euros en contestant la dette envers les « leaseurs » d’Airbus.

   La curatelle n’a pas hésité à attaquer – avec succès – l’Etat belge pour récupérer les montants du fonds de fermeture. Mais l’un des bras de fer qui n’a pas été remporté est celui engagé contre SAIRGroup, l’ancienne maison-mère de Swissair, actionnaire de la Sabena aux côtés de l’État belge.

   Les Belges ont été contraints, par la cour d’appel de Bruxelles, d’accepter une créance de plus de 17 millions d’euros introduite par le liquidateur de Swissair alors qu’ils estiment que c’est Swissair qui devait 47 millions à la Sabena.

   « La Justice suisse nous a salement rejetés. Elle évoque la territorialité quand ça l’arrange, pas lorsqu’il s’agit de nous faire assumer les nôtres« , regrette l’avocat d’affaires. Il clame depuis des années que la compagnie belge a été pillée par la compagnie suisse alors qu’elle devait la recapitaliser.

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