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Bpost dans la tourmente: ce que l’on sait

Le gouvernement aurait surpayé les services de l’entreprise postale.

Bpost a finalisé les trois examens de conformité qui étaient en cours (plaques d’immatriculation, comptes 679 et amendes) et a comptabilisé une provision de 75 millions d’euros pour éventuellement rembourser les différents services de l’Etat à l’issue de négociations qui vont s’ouvrir avec eux, a annoncé la présidente du conseil d’administration de l’entreprise, Audrey Hanard, vendredi.

En ce qui concerne l’impact d’EBIT négatif de la révision des prix des services prestés en 2023 auprès des trois administrations (les SPF Justice, Finances et Mobilité), la provision annuelle a été réduite à 10 millions d’euros sur la base de l’analyse de bpostgroup, a indiqué l’entreprise. « Les rapports finaux (de ces trois audits internes) ont été remis aux conseils externes des services publics concernés. Les rapports ont mis en évidence un certain nombre de mauvaises pratiques et/ou de risques. bpostgroup reconnait pleinement la nécessité d’assumer ses responsabilités et a pris proactivement des mesures. Sur base d’analyses juridiques et économiques, l’entreprise comptabilise une provision de 75 millions d’euros », a indiqué l’entreprise publique autonome détenue à 51 % par l’Etat et cotée en Bourse dans un communiqué. 

Bpost: « Un nombre limité de personnes ont agi à l’encontre des lois »

« Trois examens de conformité avaient été lancés après un premier (qui est clôturé, NDLR) concernant un appel d’offres pour la livraison de journaux et de magazines, qui avait révélé « un certain nombre de mauvaises pratiques et/ou de risques », rappelle bpostgroup, selon qui le gouvernement aurait surpayé les services de l’entreprise. Les enquêtes ont porté sur le traitement des amendes routières (CBF) nationales et internationales, la gestion des comptes 679 (qui représente le préfixe des numéros de comptes de plus de 200 institutions publiques gérés par Bpost au profit de l’État) et la production, la livraison et radiation des plaques d’immatriculation. Elles ont révélé qu' »un nombre limité de personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise, ont agi à l’encontre des lois et règlements applicables, et sans contrôle approprié », révèle à présent la société.

« Dans le cadre de son engagement à rembourser toute surcompensation, bpostgroup comptabilise une provision de 75 millions d’euros. Sur la base de son évaluation juridique et économique approfondie, bpostgroup estime que ce montant correspond au remboursement de la surcompensation à rembourser à l’État belge au cours des dernières années, pour les trois contrats. Ce chiffre reste préliminaire, car il ne reflète pas encore le point de vue de l’État belge », explique l’entreprise.

La ministre Petra De Sutter salue le retour à la transparence

L’impact financier pour Bpost sera de 85 millions d’euros, a admis le CEO ad interim, Philippe Dartienne, lors d’un point de presse en fin d’après-midi à Bruxelles. Mme Hanard a pour sa part encore déploré le comportement d’un « petit nombre de collaborateurs » de l’entreprise, ajoutant que « quatorze employés (avaient été) identifiés et que Bpost avait mis fin à sa collaboration avec huit personnes, alors que d’autres ont déjà quitté l’entreprise. »

La ministre en charge des Entreprises publiques Petra De Sutter (Groen) a salué vendredi soir l’annonce par Bpost de la constitution d’une provision de 75 millions pour pouvoir éventuellement rembourser l’Etat belge sur une série de services potentiellement surfacturés par le passé. « Chez Bpost, le virage vers l’ouverture est en cours. Ce ne fut pas comme cela par le passé. Mais avec l’arrivée d’un nouveau CEO, il y a un momentum où la transparence et la déontologie reprennent le dessus« , a commenté la ministre.

Pourquoi Bpost est dans la tourmente

« Les temps changent et c’est particulièrement bienvenu dans le cas présent. (…) Pour une entreprise publique autonome comme Bpost, la confiance de ses clients et partenaires est son bien et son terreau le plus précieux ». Dans un communiqué distinct, le président de la commission Entreprises publiques de la Chambre, Jean-Marc Delizée (PS) annonce vendredi soir inviter la présidente du CA de Bpost et la présidente du comité d’audit à venir s’exprimer en commission la semaine du 2 octobre sur les rapports d’audit. Il demande également à ce que les documents relatifs à ces audits soient fournis au Parlement.

Bpost est dans la tourmente depuis bientôt un an. L’ancien CEO, Dirk Tirez, et deux haut dirigeants ont démissionné à la suite d’irrégularités présumées dans l’attribution du premier contrat de distribution de journaux et de magazines. Une polémique a également éclaté à propos d’experts détachés de Bpost qui travaillaient au cabinet de la ministre de tutelle, Petra De Sutter (Groen). L’entreprise s’est récemment attaché les services d’un nouveau CEO en la personne de Chris Peeters, qui doit quitter le 30 octobre la fonction de « grand patron » du gestionnaire du réseau belge de transport d’électricité Elia.

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