
Le futur d’Air Belgium plus que jamais incertain: le repreneur «n’est pas réellement un partenaire de confiance» (info Le Vif)
On pensait le ciel d’Air Belgium un peu plus dégagé, il n’en est visiblement rien. Le futur de la compagnie aérienne brabançonne est toujours très incertain. Le repreneur Air One Belgium ayant tardé à respecter les conditions de la convention de transfert, le curateur demande au tribunal de Nivelles de mettre fin à la procédure.
Le futur de la compagnie aérienne Air Belgium est à nouveau menacé. L’entreprise se trouve depuis quelques mois sous procédure de transfert judiciaire et devait normalement être reprise dans les semaines à venir par deux sociétés (PESO Aviation Management et Air One Holding International) pour devenir Air One Belgium. L’évolution du dossier a cependant pris du retard et le curateur chargé de gérer le processus, Bernard Vanham, a récemment déposé une requête auprès du tribunal de commerce de Nivelles. Celle-ci vise à potentiellement mettre fin à la procédure de transfert de la compagnie aérienne wallonne.
Dans sa requête adressée au tribunal de l’entreprise du Brabant wallon, le curateur évoque le non-respect de deux conditions suspensives dans la convention de transfert d’Air One Belgium: l’autorisation de la Direction générale du Transport aérien (DGTA) et la confirmation par Sichuan, un important client d’Air Belgium, de la poursuite des contrats. Les informations, attendues pour le 31 janvier dernier, ont tardé sur le bureau du tribunal. En date du 5 février, un mail adressé à ce dernier s’étonnait, en outre, qu’aucune demande d’autorisation n’avait été adressée à la DGTA. Ce n’est que le 25 février que l’autorité aérienne a indiqué avoir reçu la demande formelle d’Air One Belgium.
Le praticien de la liquidation craint que la réalisation des conditions de la convention de transfert qu’il a conclue avec le repreneur ne soit plus possible dans les temps.
Deux avions Air Belgium cloués sur le tarmac
Du temps, Air One Belgium n’en a justement aucun à perdre. Les avions d’Air Belgium nécessitent un entretien urgent, or aucun accord n’a été conclu entre le repreneur et Altavair. Reste alors la possibilité pour la compagnie brabançonne de convaincre la société de leasing et de maintenance de «préfinancer les checks». Cependant, cette dernière aurait contractuellement le droit de mettre fin au leasing et de replacer les avions chez un autre client, souligne Bernard Vanham. «Ce risque est considérable quand on sait à quel point il y a actuellement une pénurie d’avions sur le marché», commente le curateur.
«Nous soupçonnions déjà qu’Air One n’était pas réellement un partenaire de confiance», fait savoir une source anonyme au Vif. Quant à savoir si un autre repreneur pouvait encore se manifester si la procédure de transfert prenait effectivement fin, cette même source affirme que non. «Le marché du cargo souffre pour le moment, et le futur n’est pas clair non plus.» En outre, «les caractéristiques économiques du B747-8 (utilisé par Air Belgium) ne sont pas très bonnes non plus; d’autres types d’avions de fret (Boeing 777F ou Airbus A350F) offrent une rentabilité supérieure», ajoute-t-elle.
Au moins 200 personnes perdront leur emploi
Air Belgium avait annoncé, en septembre 2023, la fin de ses vols passagers opérés en propre (vers l’Afrique du Sud et l’Île Maurice), «chroniquement non rentables». Cela avait laissé sur le carreau environ 11.000 passagers, qui espéraient être remboursés de l’achat de leur billet. La société a ensuite été placée en procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) puis en procédure de transfert judiciaire.
En décembre, le tribunal avait finalement donné son feu vert aux conditions de reprise du transporteur —pour les seules activités cargo (et non les passagers)— par un consortium de deux sociétés: une néerlandaise, PESO Aviation Management, et une autre britannique, Air One Holding International, qui affirme gérer la cinquième plus grande flotte cargo d’avions gros porteurs au monde.
La nouvelle structure doit s’appeler Air One Belgium et conservera, selon le plan stratégique, 197 des 401 collaborateurs actuels (pilotes compris) de la compagnie. Mais ce chiffre pourrait être moins important encore. Si les avions d’Air Belgium ayant besoin d’un entretien urgent venaient à manquer, «le rapport entre le personnel repris et les nécessités réduites à deux avions» ne serait pas équilibré, alerte le curateur. Si tout se déroule selon le plan, cependant, les 200 autres collaborateurs —du personnel de cabine, essentiellement— resteront au chômage économique (c’est le cas depuis la fin octobre) jusqu’au moment du transfert de la licence de vols à la nouvelle entité et seront ensuite licenciés.
Un conseil d’entreprise extraordinaire ce mercredi
«A ce jour, bien que le repreneur doive « réaliser » le transfert [d’Air Belgium à Air One Belgium], certains points-clés sont soit retardés, soit non résolus dans cette phase. Par l’introduction de cette requête, Bernard Vanham exprime ses préoccupations quant à la capacité d’Air One à finaliser cette seconde phase dans les délais impartis et souhaités», indique Air Belgium, qui ajoute qu’il revient au repreneur de se positionner par rapport à cette demande. Or, «à ce jour, rien n’indique qu’Air One ne prendra pas les mesures nécessaires pour rassurer tant le praticien que le tribunal sur sa capacité à mener à bien l’exécution du transfert», conclut le transporteur.
Une audience est prévue ce jeudi devant le tribunal de l’entreprise de Nivelles, qui devra se prononcer sur cette demande du praticien. Un conseil d’entreprise extraordinaire était par ailleurs en cours mercredi matin.
(Avec Belga)
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