Jeunes et indépendants: pourquoi ils sont de plus en plus nombreux (infographies)
Le 12 août marque la journée internationale de la jeunesse. En Belgique, les jeunes indépendants seraient de plus en plus nombreux, malgré tous les sacrifices que le statut impose. Tour d’horizon de quelques jeunes qui n’ont pas hésité à lancer leur projet.
Depuis la crise sanitaire, les gens osent davantage se lancer dans le bain, indique le ministre des Indépendants David Clarinval (MR). Il y a une hausse des jeunes indépendants, qui se constate dans les chiffres ». Entre 2018 et 2022, leur nombre a augmenté de 32% pour les 18-22 ans et de 26% pour les 22-25 ans, d’après les chiffres de l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (INASTI). Un phénomène qui concerne surtout les jeunes, puisque, toutes catégories d’âges confondues, le nombre d’indépendants a augmenté de 14%. L’INASTI précise que « la part des jeunes indépendants dans le total de chaque année reste assez stable, même si elle a effectivement tendance à augmenter ».
L’INASTI estime que « l’augmentation des chiffres constatée peut s’expliquer par les mesures d’amélioration apportées depuis plusieurs années au statut social (des indépendants, NDLR) ». Le ministre des Indépendants se targue d’avoir pris une dizaine de mesures, pour faciliter la tâche des indépendants à chaque étape de leur vie. « Pour les plus jeunes, nous avons réduit le montant de la cotisation sociale due pour les premiers mois d’activité. Nous avons aussi permis d’adapter ce montant en fonction des revenus touchés. Cela permet à ceux qui se lancent d’acheter du matériel ou de louer un immeuble dans le cadre de leur activité ».
Les secteurs privilégiés par les jeunes indépendants
Les mesures mises en place pour améliorer le statut social des indépendants auraient activé la fibre entrepreneuriale de nombreux jeunes, surtout attirés par les secteurs de l’industrie et les professions libérales (voir graphique ci-dessus). Le secteur de la construction aurait particulièrement le vent en poupe. Emilien, qui avait 19 ans lorsqu’il crée son entreprise d’abattage et d’élagage, l’a bien compris. « J’avais envie de travailler à ma manière, d’être libre au niveau des horaires et de pouvoir faire mes propres choix. Au début, je bossais avec des sociétés de sous-traitance. Depuis quelques mois, je travaille uniquement à mon compte ».
Malgré les aides mises en place par David Clarinval, le jeune chef d’entreprise s’est senti délaissé à ses débuts. « Je n’étais pas bien informé de mes droits et devoirs en tant qu’indépendant. Comptable, banquier, secrétariat social… On me disait une chose, puis son contraire. Sans mon entourage, je ne m’en serais pas sorti avec toutes les démarches ».
S’il vit toujours chez ses parents, Emilien travaille 6 jours sur 7 pour vivre de sa passion. « Il n’y a qu’un jour par semaine où je ne suis pas sur le terrain, et c’est pour m’occuper de la paperasse. Si je n’aimais pas autant mon métier, je ne tiendrais pas ».
« Certaines choses sont plus difficiles à obtenir juste parce que nous portons l’étiquette de jeune »
Emilien, jeune indépendant
Loin du discours de son ministre de tutelle, Emilien estime qu’on ne prend pas encore assez au sérieux les jeunes qui se lancent dans la vie active avec leur projet. « Certaines choses sont plus difficiles à obtenir juste parce que nous portons l’étiquette de ‘jeune’. Je trouve qu’on devrait donner plus de responsabilité à un jeune de 20 ans qui ose se lancer comme indépendant, qu’à une personne du même âge qui est encore aux études. Il faut arrêter de nous mettre des bâtons dans les roues : se lancer est déjà assez compliqué comme ça ».
Avant de démarrer son entreprise d’abattage et d’élagage, le jeune chef d’entreprise travaillait déjà comme étudiant dans les parcs et jardins. Se lancer ensuite comme indépendant était une suite logique pour lui.
Etudiant-entrepreneur : tester son projet pendant les études
Derrière Emilien, un tas d’autres jeunes aux cerveaux bouillonnants d’idées travaillent sur des projets qu’ils aimeraient voir se concrétiser plus tard. C’est notamment le cas de Fanny, 22 ans, qui sera diplômée d’un Bachelier en construction en septembre. Étudiante-entrepreneuse à l’ULiège, elle bénéficie d’aménagements horaires afin de mener à bien un projet en parallèle de ses études. « On se sent écouté et accompagné, ça fait du bien de voir qu’on croit aux jeunes entrepreneurs ». Son projet ? Proposer des pistes cyclables à base de plastique recyclé. Pour l’aider dans son travail, Céline, 32 ans et diplômée en sciences et gestion de l’environnement, l’accompagne. « Avec un projet comme celui-là, les jeunes peuvent se rendre compte qu’ils ne doivent pas voir la montagne qui les attendent. Il faut plutôt y aller pas à pas ».
Fanny est consciente de la chance qu’elle a d’être suivie sur un projet comme celui-là. « C’est bien de le faire pendant ses études car on a plus de temps à y consacrer. Dans le monde du travail, il n’y a pas autant d’aide et plus de responsabilités ».
Le ministre des Indépendants David Clarinval salue ce genre d’initiative. « Les étudiants-entrepreneurs ont de l’ambition. Ils osent prendre des risques et ont l’esprit d’entreprendre. C’est une charge, mais ils auront une longueur d’avance sur les autres au moment de se lancer dans la vie active ».
Pour les jeunes comme Emilien, Céline et Fanny qui aimeraient lancer leur projet, le ministre prévient : « Gérer son temps librement, ça veut aussi dire faire preuve de responsabilité. Ce n’est pas donné à tout le monde ».
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