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Delhaize: les syndicats attendent du politique qu’il pose des actes

Les syndicats de chez Delhaize attendent du monde politique qu’il pose des actes face à l’attitude des multinationales qui abusent de la loi. Tel était le message que transmettait Myriam Djegham, secrétaire permanente Commerce à la CNE, à l’issue d’une rencontre, vendredi matin, entre les représentants du personnel de la chaîne de supermarchés et le gouvernement wallon à Namur.

Cette entrevue fait suite à l’annonce par Delhaize, mardi, de sa volonté de franchiser l’ensemble des 128 magasins de l’enseigne qui ne l’étaient pas encore. Depuis lors, une centaine de succursales concernées sont fermées, le personnel étant en grève. Lors de la réunion de vendredi matin, le gouvernement wallon a écouté les syndicats et leur a demandé quelles étaient les mesures politiques ou les leviers sur lesquels ils pouvaient agir, explique Myriam Djegham. « Chacun fait son boulot », répond-elle cependant. « S’ils veulent réellement un autre modèle d’entreprise en Wallonie, qui ne soit pas destructeur, c’est à eux de voir. » La mise sur pied d’une taskforce réunissant autorités fédérale et régionale a été évoquée.

   Du côté de la CNE, on évoque comme pistes de travail pour l’exécutif régional la régulation des implantations commerciales. Les aides publiques devraient en outre davantage être conditionnées lorsqu’elles s’adressent à des entreprises privées, suggère-t-on. « Les travailleurs wallons paient leurs impôts pour que l’argent aille ensuite dans les caisses de multinationales, qui les reversent ensuite à leurs actionnaires », dénonce la secrétaire permanente du syndicat chrétien.

   La prise de mesures est urgente, insiste-t-elle, rappelant la situation assez similaire dans laquelle se trouvent les quelque 2.000 salariés, pour l’essentiel wallons, du groupe Mestdagh. « Il faut agir vite pour protéger ces travailleurs et ceux de Delhaize. » « L’enjeu dépasse le secteur », souligne Myriam Djegham. « On est dans une logique de ‘PMEisation’ de l’entreprenariat depuis plusieurs années. Le politique ne découvre pas ça aujourd’hui. Qu’il pose des actes, et nous on les attend ! »

   La syndicaliste attend des autorités qu’elles recadrent les multinationales qui détricotent la loi sur le travail. « Delhaize a organisé son propre auto-dumping, en ouvrant ses propres magasins franchisés pour ensuite vanter ce modèle et dire qu’il fonctionne mieux. En cas de faillite, ce ne sera pas Delhaize qui prendra en charge les travailleurs, mais bien la collectivité. L’entreprise se dédouane totalement des risques. Si le politique n’est pas d’accord avec cela, qu’il mette des choses en place. »

   Dans la foulée de l’entrevue avec les syndicats, le gouvernement wallon a également reçu la direction de la chaîne de supermarchés. L’entreprise n’a pas souhaité commenter cette réunion, précisant seulement avoir répondu à l’invitation du gouvernement wallon afin de donner un peu plus de détails et de contexte sur l’annonce de mardi. Le gouvernement wallon indique de son côté dans un communiqué avoir « demandé à la direction des garanties quant au maintien de l’emploi et des droits acquis des travailleurs ». Il souligne que l’annonce du groupe de distribution « a été un choc pour les 9.000 travailleurs belges, considérés pourtant comme essentiels pendant la crise sanitaire. Leur inquiétude est légitime, d’autant plus que les résultats financiers du groupe sont positifs », glisse-t-il.

   Plus tôt dans la semaine, le ministre fédéral de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne s’est lui aussi entretenu avec les syndicats. Il a invité la direction de Delhaize à examiner d’autres pistes que la franchisation de ses magasins dans le cadre de la concertation sociale qui va s’ouvrir avec les syndicats, a-t-il indiqué jeudi à la Chambre. Le cas échéant, il désignera un conciliateur social.

  Un conseil d’entreprise extraordinaire, le premier depuis l’annonce d’il y a quelques jours, est prévu mardi prochain. L’ambiance s’y annonce tendue, selon la CNE. D’autant plus, fustige-t-elle, avec la menace par la direction de mettre au chômage économique les grévistes.

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