Delhaize: 450 pertes d’emploi depuis la franchisation des magasins, les conditions de travail détériorées?
La franchisation des magasins Delhaize a provoqué la perte de 450 emplois en un an. Ces départs engendreraient la dégradation des conditions de travail, dénonce le syndicat chrétien CNE. Une version contestée par l’entreprise.
Un an après les premières franchisations des magasins Delhaize intégrés, 450 travailleurs et travailleuses ont déjà quitté l’enseigne au lion à Bruxelles et en Wallonie, et n’ont pas été remplacés, indique mardi la CNE.
Alors que le processus de franchisation devrait arriver à son terme en novembre, plus de 10% des quelque 4.300 membres du personnel à Bruxelles et en Wallonie « ne sont (donc) déjà plus là », constate le syndicat chrétien.
Il s’agit de démissions, de départs pour force majeure médicale, de pensions ou autres. Ces personnes sont « poussées vers la sortie » et ne sont pas remplacées, ce qui entraîne une dégradation des conditions de travail du personnel restant, explique Myriam Djegham, secrétaire nationale de la CNE. Le syndicat affirme que les repreneurs visent « les temps partiels médicaux et les travailleurs plus âgés », leur reprochant de « coûter trop cher » ou les poussant à partir en cas de désaccord.
« On a pu comptabiliser jusqu’à 28 emplois disparus dans un seul magasin. Au rythme moyen actuel, dans 4 ou 5 ans, des milliers d’emplois auront été détruits sans qu’Ahold Delhaize n’aie dépensé le moindre euro d’indemnités de licenciement », dénonce Rosetta Scibilia, propagandiste pour la CNE, citée dans le communiqué. Selon la CNE, les conditions de travail dans les magasins se détériorent, notamment en raison du départ des travailleurs, qui ne sont pas remplacés, « mais aussi par les exigences de productivité à tout prix. (…) La polyvalence est utilisée au maximum ».
Le syndicat dénonce aussi que certains magasins ouvrent le dimanche toute la journée, « ce qui est illégal », explique Mme Djegham. Lorsque Delhaize avait annoncé son intention de franchiser l’ensemble de ses magasins, les syndicats et le personnel s’étaient mis vent debout, avertissant d’une dégradation des conditions de travail et de pertes d’emploi. Pour la CNE, « nos craintes étaient fondées ».
« Même s’il n’y a plus de délégations syndicales dans ces magasins, nous ne laisserons pas la loi de la jungle s’installer dans ces magasins et nuire à tous les travailleurs du commerce », prévient le syndicat. « Ces propos ne reflètent pas la réalité du terrain », a réagi Delhaize, par la voix de son porte-parole Roel Dekelver. « Nous avons encore beaucoup de contact avec les magasins franchisés (127, un seul doit encore l’être, NDLR) et l’on ne voit pas du tout la même chose. La grande majorité (du personnel) est content », assure-t-il.
« Les magasins tournent beaucoup mieux. Que ce soit au niveau du chiffre d’affaires, des volumes ou de la satisfaction de la clientèle, tous les voyants sont au vert. Cela montre que nous avons pris la bonne décision et nous ne pouvons pas imaginer qu’un magasin tourne bien avec du personnel mécontent », poursuit le porte-parole. M. Dekelver ajoute encore que Delhaize « regrette » que « des messages négatifs » continuent d’être diffusés « alors que tout tourne bien. Cela contraste énormément avec la réalité. Nous regrettons ce nouvel essai pour créer une atmosphère négative ».