Illustration shows the logo of a Match supermarket, Friday 22 September 2023. Colruyt Group reached an agreement with Match NV and Profi NV to acquire 57 Match and Smatch supermarkets in Belgium. 690 jobs are threatened in the support services and the stores that are not sold to Colruyt. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS © belga

Voici les magasins Match et Smatch concernés par la reprise de Colruyt (carte interactive)

Colruyt Group annonce reprendre 57 magasins Match et Smatch en Belgique. Ces supermarchés appartiennent au groupe Louis Delhaize. Aucun candidat repreneur ne s’est par contre montré intéressé par la reprise des 27 magasins restants et des services logistiques, menaçant des centaines d’emploi.

Colruyt Group a conclu un accord avec les filiales Match et Profi du groupe Louis Delhaize en vue de l’acquisition de 28 magasins Match et 29 magasins Smatch en Belgique, annonce-t-il . Si l’opération est approuvée par l’Autorité belge de la concurrence (ABC), la transaction devrait être finalisée au premier trimestre 2024.

Les 57 magasins concernés (sur environ 80) par l’accord emploient 1.069 personnes et ont réalisé ensemble un chiffre d’affaires d’environ 300 millions d’euros en 2022. Les travailleurs actuels garderont leur emploi et leurs conditions, assure Colruyt Group.

Les 57 magasins, « qui sont géographiquement complémentaires au réseau » Colruyt, seront évalués dans les prochains mois afin de déterminer la formule la plus appropriée (OKay, Colruyt, …). Le résultat dépendra notamment de la taille du magasin, du marché local et des besoins des clients.

« Avec cette acquisition, en tant que seul détaillant véritablement belge, nous sommes déterminés à poursuivre le travail du groupe Louis Delhaize en Belgique, là où s’ancrent ses racines. C’est également un engagement que nous prenons envers tous les collaborateurs des magasins Smatch et Match concernés et envers leurs clients. Nous nous faisons forts de donner une suite positive à cette acquisition dans un contexte toujours plus internationalisé », commente le COO Jo Willemyns.

27 magasins restants

Aucun candidat repreneur ne s’est par contre montré intéressé par la reprise des 27 magasins restants et des services logistiques. « En l’absence de solution alternative, la direction a annoncé ce matin en conseil d’entreprise extraordinaire son intention de recourir à une procédure de licenciement collectif (…) Cette intention pourrait affecter au maximum l’emploi de 690 personnes« , indiquent les sociétés Match et Smatch dans un communiqué vendredi.

Le groupe Louis Delhaize se défait de ses magasins petit à petit. Cette année, il a notamment conclu des accords de reprises avec Carrefour pour toutes les enseignes Match et Smatch en France, soit 60 hypermarchés et 115 supermarchés, et avec E. Leclerc pour 2 hypermarchés et 25 supermarchés et magasins de proximité au Luxembourg.

Louis Delhaize, frère des fondateurs de la marque Delhaize le Lion, a fondé le groupe qui porte son nom en 1875 dans la région de Charleroi.

Colruyt: une épée de Damoclès au-dessus des travailleurs

Les travailleurs se disent vendredi « choqués » après l’annonce du groupe Louis Delhaize, a rapporté à l’agence Belga Elisabeth Lovecchio, permanente syndicale CNE. Les délégués nourrissent aussi bien des inquiétudes pour l’avenir des quelque 352 travailleurs du siège et des entrepôts, que pour les employés des magasins, qu’ils soient ou non repris par le groupe Colruyt.

Les employés des entrepôts et du siège, dont l’avenir semble presque scellé étant donné l’activation de la loi Renault, « risquent probablement de débrayer », a averti de son côté la permanente SETCa Catherine Roisin.

L’annonce de Louis Delhaize a constitué une « surprise » pour les travailleurs. « C’est au cours d’un CE ordinaire planifié jeudi, que les travailleurs ont été convoqués à un CE extraordinaire le lendemain. Aucune information n’a fuité« , a expliqué la permanente CNE.

Même stupéfaction du côté du SETCa, qui, par la voix de sa présidente (commerce) Myriam Delmée, se dit tout autant « surpris » d’une telle rapidité.

La cession récente par Louis Delhaize de ses magasins luxembourgeois et français fait craindre par ailleurs un « effet domino » sur l’ensemble des avoirs du groupe, dont les magasins Cora belges, en difficultés financières et qui occupent quelque 2.000 travailleurs.

La loi Renault a été activée pour le siège administratif du groupe situé à Wangenies (Fleurus) ainsi que les deux entrepôts de Wangenies et Nivelles. Quelque 352 travailleurs pourraient être licenciés collectivement. « Toutefois, la procédure Renault implique une première phase d’information lors de laquelle les syndicats et la direction se mettent autour de la table pour explorer d’autres solutions » a expliqué Catherine Roisin.Les syndicats espèrent par conséquent que la concertation sociale fera émerger d’autres pistes que l’activation de la loi Renault.

L’avenir semble également incertain pour quelque 338 travailleurs des magasins, à savoir ceux des 27 magasins qui n’ont trouvé aucun repreneur. Au total, ce sont donc 690 employés qui, depuis vendredi matin, sont dans « l‘expectative la plus totale » et voient « planer au-dessus de leur tête une épée de Damoclès« , a commenté Mme Roisin.

Cette dernière craint aussi qu’à l’instar de Delhaize et Mestdagh, le millier de travailleurs repris par Colruyt « tombent aux mains de franchisés, avec les conséquences que cela implique (perte de 25% de pouvoir d’achat, absence de représentation syndicale, régime hebdomadaire plus contraignant, etc). » Une riposte syndicale se prépare, des réunions étant d’ores et déjà planifiées la semaine prochaine. « Des actions ne sont pas à exclure », ont averti les syndicats.

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