Pourquoi allumer son feu en mettant du petit bois sur les grosses bûches est meilleur pour votre santé
Opter pour le bois de chauffage se justifie sur le plan économique actuellement: il reste peu onéreux par rapport aux autres énergies. Mais ce mode de chauffage n’est pas sans effets secondaires.
Il coûte plus cher qu’avant mais il reste une solution économiquement intéressante: il faut certes débourser 50% à 60% de plus qu’avant la crise des prix de l’énergie pour s’en procurer mais, assure Valbiom (le centre de référence de l’économie biosourcée en Wallonie), cette énergie reste moins coûteuse que les énergies fossiles comme le gaz et le mazout. En septembre 2024, une stère de bois sec, livrée en milieu urbain, se vendait autour de 127 euros mais on en trouve aussi, notamment lors d’achats directs auprès des producteurs, autour de 60 ou 70 euros/stère. «Le bois était sans doute sous-coté avant 2022, compte tenu des coûts engendrés par la coupe des arbres, leur débitage et le séchage des bûches, détaille Ludovic Charloteaux, expert bois-énergie chez Valbiom. Il a aujourd’hui rattrapé son retard de coûts liés à l’inflation.»
En Wallonie, a calculé Canopéa, entre 3 et 10% des ménages se chauffent principalement au bois, une proportion constante dans le temps. Mais un ménage wallon sur quatre dispose d’une installation de chauffage au bois, soit au titre de mode de chauffage principal, soit au titre de chauffage d’appoint, ce qui est le cas dans quelque 400.000 logements au sud du pays. Dans les provinces de Namur et de Luxembourg, le chauffage au bois a davantage de succès encore puisqu’un tiers des ménages se réchauffent de cette manière.
Une énergie renouvelable mais…
S’il est peu onéreux, le bois de chauffage n’en soulève pas moins des questions d’ordre environnemental. Certes, si les bûches consommées par les flammes proviennent d’une forêt gérée de manière durable, on peut considérer qu’il s’agit d’une énergie neutre en carbone: en grandissant, l’arbre a en effet capté le CO2 présent dans l’air, le purifiant d’autant. Le plus souvent, les arbres achetés pour alimenter les chauffages au bois sont en outre de provenance locale. Leur transport n’alourdit donc pas, ou guère, la facture environnementale.
Mais en brûlant, les bûches libèrent du monoxyde de carbone, des oxydes d’azote et autres particules polluantes et nocives pour la santé. On les retrouve tant à l’intérieur des habitations où l’on fait du feu qu’à l’extérieur, où les fumées de combustion provoquent une augmentation avérée des taux de benzène et de particules ultrafines capables de pénétrer profondément le système respiratoire. Sans parler des métaux lourds présents surtout dans l’écorce et des composés organiques volatils (COV). Surtout si la combustion est incomplète et/ou le bois trop humide. «Tous types d’installations confondues, le chauffage au bois est responsable de quelque 36,5% des émissions de particules fines en Wallonie», assure-t-on chez Canopea.
Quiconque souhaite se chauffer au bois en limitant son impact sur la qualité de l’air intérieur et extérieur devrait donc être attentif à quelques consignes. Le bois brûlé doit être sec, c’est-à-dire avoir été conservé au sec pendant 18 à 24 mois. Brûler du bois humide est à la fois plus polluant et moins intéressant pour la production de chaleur. Tant qu’à choisir du bois à brûler, autant opter pour du charme ou du hêtre, moins polluants que des résineux ou du chêne. Les appareils et conduits de cheminée doivent bien sûr être correctement entretenus. Enfin, sachant que 80% des émissions polluantes se produisent dans les dix à quinze minutes qui suivent l’allumage, il est recommandé d’allumer son feu en plaçant de grosses bûches dans le bas du foyer et le petit bois par-dessus, ce qui diminue les émissions de 30% à 50%, selon les estimations de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). Cette procédure, qui peut paraître contre-intuitive, permet de brûler davantage les composés volatiles s’échappant du bois amené à haute température.
Et la santé ?
Les émissions polluantes dégagées par le bois en combustion n’en sont pas moins dommageables sur le plan de la santé. On estime que quelque 40.000 décès prématurés peuvent être imputés, en Europe, à la combustion de bois de chauffage et à l’inhalation des fumées qui en découlent. «On observe 68% de cancers du poumon en plus pour une population se chauffant au bois minimum 30 jours par an que pour une population ne se chauffant jamais au bois», abonde Noé Lecocq, chargé des questions climatiques chez Canopea.
Ce qui explique que le brûlage de bûches soit interdit à Montréal, par exemple. Il a été question, en 2015, de prendre la même mesure radicale à Paris mais, devant le tollé ainsi provoqué, les autorités ont reculé. A Utrecht, aux Pays-Bas, une interdiction entrera en vigueur pour les nouvelles constructions en 2025 et dans toutes en 2030. Et à Bruxelles, à partir du 1er janvier 2025, tous les nouveaux poêles à bois installés devront satisfaire à certaines normes européennes en matière d’émissions polluantes. Dans la capitale, les poêles et systèmes de chauffage au bois sont responsables d’environ un dixième des particules en suspension dans l’air.
Les pellets moins polluants
Le prix du pellet, lui, s’est tassé ces derniers temps, pour retrouver son niveau d’avant la crise du Covid. Si, à l’automne 2022, il se vendait autour de onze euros pour un sac de quinze kilos, il s’en trouve aujourd’hui au prix de 5,5 euros le sac à condition d’en acheter une palette complète. Un prix qui, selon les prévisions de Valbiom, devrait rester stable cet hiver. Les pellets, ces amalgames de sciure de bois dépourvus de colle, dégagent moins de particules polluantes que les bûches lors de leur combustion.
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