Jonas Gahr Store © Belga

Plafonner le prix du gaz? La Norvège fait de la résistance

Le Vif

Devenue le premier fournisseur de l’Europe en gaz naturel à la place de la Russie, la Norvège a douché lundi les espoirs d’une majorité de pays européens qui souhaitent un plafonnement du prix des importations de gaz pour alléger leur facture énergétique.

Dans un communiqué, le Premier ministre Jonas Gahr Støre, a annoncé être « d’accord pour avoir un dialogue encore plus étroit avec l’UE à l’avenir concernant les différentes propositions qui sont sur la table ».  « Nous abordons les discussions avec l’esprit ouvert mais nous sommes sceptiques à l’égard d’un prix maximum pour le gaz », a-t-il ajouté. 

Au milieu des mesures d’urgence évoquées vendredi par les ministres européens de l’Energie pour enrayer la flambée des factures de gaz et d’électricité, certains ont évoqué un plafonnement du prix des importations de gaz dans l’UE.

Elle-même défavorable à cette idée qui pourrait pousser les fournisseurs de gaz naturel liquéfié (GNL) à aller voir ailleurs, la Commission doit rendre cette semaine son projet de texte législatif contenant toutes les mesures d’urgence sur l’énergie.

La Norvège, qui a largement tiré parti de la flambée des cours exacerbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, s’est jusqu’à présent montrée discrète sur la question d’un plafonnement.

Soulignant l’importance du prix comme mécanisme d’ajustement de l’offre et de la demande, Oslo renvoie la balle aux groupes pétroliers et rappellent que les clients européens ont eux-mêmes insisté dans le passé pour des contrats au comptant (aux prix variables) plutôt que des contrats à long terme donnant plus de visibilité.

« Un prix maximum ne changera rien au problème fondamental, à savoir qu’il y a trop peu de gaz en Europe », a estimé M. Støre lundi.

Critiques

Conséquence de la guerre en Ukraine, le pays scandinave a récemment supplanté la Russie au rang de premier fournisseur de gaz vers l’Europe grâce à une hausse de 8% de ses propres livraisons et, surtout, à la chute des livraisons russes.

Envolée des prix et hausse de la production contribuent à remplir les caisses de l’Etat norvégien.

Ses revenus pétrogaziers pourraient atteindre 1.500 milliards de couronnes (150 milliards d’euros) en 2022 – et 1.900 milliards l’an prochain -, pulvérisant le record établi l’an dernier (830 milliards), d’après les calculs de la banque Nordea Markets.

Mais des critiques se font jour à l’intérieur et hors des frontières, certains craignant que le pays ne passe pour un « profiteur de guerre ». « Alors que la guerre et la crise de pouvoir qui s’ensuit s’éternise, les sommes qui circulent vers le nord se révèlent embarrassantes », jugeait la semaine dernière l’hebdomadaire britannique The Economist.

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