Prolongation du nucléaire: les négociations entre le gouvernement et Engie se poursuivront dans les prochains jours
Les négociations avec Engie en vue de prolonger les réacteurs de Tihange 3 et Doel 4 se poursuivront dans les prochains jours, a annoncé samedi le cabinet du Premier ministre Alexander De Croo. L’objectif partagé par les deux parties reste d’aboutir rapidement à un accord, selon un communiqué.
Le Premier ministre et la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, négocient depuis plusieurs mois avec le groupe français la prolongation de dix ans des deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge afin de garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité du pays. Au mois de juillet, les deux parties avaient conclu un accord de principe (lettre d’intention).
L’accord final était attendu d’ici la fin de l’année. Il prendra donc un peu de retard. « De nombreuses avancées ont pu être réalisées ces derniers jours, sur un nombre conséquent de points cruciaux, ce qui réjouit les deux parties. Un délai est néanmoins nécessaire pour parvenir à un accord qui satisfait entièrement les deux parties », dit un communiqué.
« Le gouvernement fédéral et Engie ont, dès lors, décidé de prolonger les discussions en cours dans les prochains jours. L’objectif reste d’aboutir rapidement à un accord permettant la prolongation de la durée de vie des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 pour 10 ans. Cet objectif est partagé tant par le gouvernement fédéral que par Engie », ajoute-t-il.
Le gouvernement s’est réuni en comité restreint dans la matinée et a donné mandat aux négociateurs de poursuivre les discussions. En vertu d’une loi de 2003, confirmée en 2015, le parc nucléaire belge doit en principe s’éteindre en 2025. La prolongation des deux réacteurs concernera les hivers 2026-27 et les années qui suivent. « De nombreuses mesures et de nombreux investissements ont déjà été mis en place pour garantir la sécurité d’approvisionnement d’ici là », assure le gouvernement dans le communiqué.
Pour permettre cette sortie du nucléaire, un Mécanisme de Rémunération de Capacité (CRM) a notamment été mis en place, qui doit compenser la fin partielle de cette source d’énergie. Il repose entre autres sur de nouvelles capacités offertes par des centrales au gaz. L’accord de principe conclu en juillet entre le gouvernement fédéral et Engie doit faire en sorte que les réacteurs de Tihange 3 et Doel 4 soient opérationnels en octobre-novembre 2026 afin que la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays soit garantie à l’entrée de l’hiver 2026-2027, avaient alors expliqué M. De Croo et Mme Van der Straeten.
Une nouvelle société doit voir le jour, dont l’Etat belge et Engie seront actionnaires à parts égales et dans laquelle seront logés les deux réacteurs prolongés. L’exploitant demeure Engie Electrabel mais l’Etat entrera dans le capital de cette structure.
Outre la constitution de cette nouvelle société, d’autres points sont abordés, selon plusieurs médias et des sources proches du dossier, dont celui de la gestion des déchets issus de l’activité nucléaire en Belgique et la lourde facture que devra supporter Engie pour ce faire alors que le gouvernement n’a pas encore déterminé la méthode de stockage qui sera utilisée.
Or, il y a peu, Engie a contesté le surcoût de plusieurs milliards d’euros fixé par la Commission des provisions nucléaires. Le gouvernement avait fixé la fin de l’année pour trouver un accord. Celui-ci devrait prendre quelques jours de plus.
Si ces quelques jours ne changeront guère la situation, le temps est néanmoins compté. L’accord doit être soumis à la Commission européenne et les opérations pour la prolongation des deux réacteurs doivent encore commencer et recevoir l’aval de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) pour aboutir à une prolongation opérationnelle en 26-27.