Notre conseil de lecture: le nucléaire et le climat ne font pas si bon ménage
Autant il est logique que la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine pousse nos dirigeants à s’interroger sur des ressources alternatives, dont le nucléaire, autant il est incompréhensible que les menaces qui pèsent sur la centrale de Zaporijia, la plus grande d’Europe, ne les amènent pas à se poser davantage de questions sur l’opportunité de réinvestir dans la filière atomique. Les pronucléaires endurcis ou de circonstance peuvent, il est vrai, s’appuyer sur l’argument de la dimension décarbonée de cette énergie.
Rédacteur en chef du site d’actualité Reporterre, Hervé Kempf s’inscrit en faux contre cette dernière affirmation dans Le Nucléaire n’est pas bon pour le climat (1). Pour le militant écologiste, il faut prendre en compte d’autres critères que le taux des émissions de gaz à effet de serre pour promouvoir une énergie: sa dangerosité, sa faisabilité, son coût, ses conséquences sur la vie quotidienne et le type de société que son adoption induit. Il rappelle qu’un accident dans une centrale nucléaire est une possibilité, accrue désormais par les risques d’attentats ou de phénomènes naturels inédits dus au dérèglement climatique.
«En réalité, un aspect crucial se dissimule sous le voile des discussions à n’en plus finir derrière le nucléaire, soutient Hervé Kempf. Pour aller vers la sobriété, il faut passer par une redistribution des richesses. Il ne faut pas envisager les efforts uniformément, mais les doser selon le niveau de consommation énergétique et matériel de chacun […]. Or, il est bien documenté maintenant que plus on est riche, plus on pollue. […] Si toute la société doit s’engager dans la réduction des émissions, les riches doivent prioritairement y contribuer.» Ce qui expliquerait certaines résistances…
(1) Le Nucléaire n’est pas bon pour le climat, par Hervé Kempf, Seuil Libelle, 60 p.
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