La Chambre approuve la prolongation de dix ans de Tihange 3 et Doel 4
La Chambre a approuvé vendredi en séance plénière les quatre projets de loi qui permettront la prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3.
Ces textes préparés par la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten modifient notamment la loi de 2003 de sortie du nucléaire. Le parc nucléaire belge doit en principe s’éteindre en 2025. Une dérogation est faite pour les deux réacteurs les plus récents, et ce pour une durée de dix ans.
Les autres projets de loi créent la société Bewatt qui détiendra les parts de l’Etat belge dans la société commune avec Engie où seront logés juridiquement les deux réacteurs. Ils mettent aussi sur pied l’organisme public Hedera chargé de la gestion financière des passifs nucléaires et du contrôle des dépenses qui y sont liées.
Prolongation de Tihange 3 et Doel 4 : une longue saga
Le vote de ces textes met fin à une longue saga entamée dès le début de la législature et qui a longtemps divisé la coalition Vivaldi jusqu’à ce que l’invasion de l’Ukraine change la donne. Le 24 février 2022, l’Europe découvre un peu tard sa dépendance au gaz russe. Le 18 mars, le gouvernement décide de prolonger les deux réacteurs.
Des négociations ardues s’ouvrent avec Engie. Il faudra attendre la fin juin 2023 pour un accord détaillé. Et c’est en décembre que l’accord de quelque 1.000 pages sera signé.
Concrètement, les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 redémarreront en novembre 2025, soit un an plus tôt qu’attendu. Engie versera 15 milliards d’euros à l’État belge pour le stockage des déchets et réserve 8 milliards d’euros pour les travaux de démantèlement des centrales, soit un total de 23 milliards. Ce faisant, avec ce plafonnement, l’électricien se défait d’une incertitude qui pesait lourd sur son avenir. Les deux réacteurs seront logés dans une société détenue à parts égales par Engie et l’État belge.
Dans le monde politique, le débat a été vif, particulièrement dans la Vivaldi entre des écologistes qui longtemps s’opposeront à cette prolongation et un MR, fervent partisan du nucléaire… mais qui a toutefois confirmé l’échéance de 2025 sous la législature précédente.
Certains ne sont pas rassasiés
Le débat qui s’est tenu jeudi en séance plénière avant le vote a permis à chacun de répéter ses arguments dans une discussion qui est loin d’être close. Plusieurs députés n’ont pas caché qu’à leurs yeux qu’il faudrait aller plus loin dans la prochaine législature: abolir complètement la loi de 2003, prolonger de vingt ans plutôt que de dix ans Tihange 3 et Doel, envisager la relance des autres centrales et développer de nouvelles capacités.
« Pourquoi pas le faire maintenant? » a demandé dans la majorité Marie-Christine Marghem (MR). La députée a exprimé son soutien aux amendements de l’opposition allant dans ce sens ainsi que son vote contre deux des projets de loi et son abstention sur un troisième.
« Ne vous trompez pas: ces projets de loi forment un paquet où tous les éléments sont liés », a averti Mme Van der Straeten.
Après le vote, il faudra mettre en œuvre ces textes en poursuivant un objectif dans les dix ans qui viennent: un approvisionnement énergétique propre et payable, a-t-elle ajouté.