« Impensable aujourd’hui »: le CEO d’Engie douche les ambitions de l’Arizona, le MR réagit
Pour Vincent Verbeke, CEO d’Engie Belgium, la prolongation de certains réacteurs nucléaires est impensable. N’en déplaise à l’Arizona.
Les négociateurs du nouveau gouvernement fédéral peuvent faire une croix sur leurs projets de prolongation de réacteurs nucléaires supplémentaires ou le maintien en service de Doel 4 et de Tihange 3 pendant 20 ans. « Impensable aujourd’hui », a déclaré vendredi le directeur général d’Engie Belgium, Vincent Verbeke.
Le travail auquel Engie est confronté aujourd’hui dans le domaine nucléaire est déjà « colossal », a souligné M. Verbeke. Ce dernier pointe notamment le démantèlement des centrales nucléaires déjà à l’arrêt, la sécurisation des réacteurs qui fermeront en 2025 et, surtout, la prolongation de Doel 4 et de Tihange 3 jusqu’en 2035.
Il est donc tout simplement impensable de prévoir de maintenir Tihange 1 ouvert plus longtemps, par exemple, selon le patron d’Engie Belgique. « Nous nous concentrons sur ce que nous avons convenu, en particulier la prolongation de dix ans. Cela représente déjà un travail gigantesque. »
Par ailleurs, le nucléaire ne fait plus partie de l' »ambition stratégique » d’Engie, répète Vincent Verbeke. Le géant français de l’énergie se concentre davantage sur les énergies renouvelables et la flexibilité. « Nous n’investissons plus dans le nucléaire », ajoute le CEO.
Les projets de prolongation de Doel 4 et de Tihange 3 pour une période supplémentaire de dix ans semblent également mal tomber pour l’instant. « Une prolongation de 20 ans est un projet différent. Cela n’existe pas. »
Enfin, toujours selon M. Verbeke, le nucléaire est une énergie trop chère, et l’option la moins chère est d’investir dans les énergies renouvelables.
« Des propos inacceptables »
Le groupe MR à la Chambre, par la voix du député fédéral Mathieu Bihet, déplore les propos « inacceptables » tenus par Vincent Verbeke.
Pour les libéraux, qui participent aux négociations pour la formation de la coalition Arizona, « il appartient au gouvernement fédéral de définir l’avenir énergétique du pays et non à une entreprise en position de monopole, guidée par ses intérêts stratégiques propres. »
Pour Mathieu Bihet, « il est invraisemblable qu’une société comme Engie, partenaire historique de l’énergie nucléaire en Belgique, se permette de balayer les décisions politiques prises dans l’intérêt des citoyens et de l’indépendance énergétique de notre pays. Ces déclarations dénotent une attitude peu responsable, dans un contexte international où l’autonomie énergétique est plus cruciale que jamais. »
Pour le MR, les partenaires de la future majorité ont reçu un mandat très clair des électeurs et soutiennent fermement la volonté de relancer l’énergie nucléaire. « Compter uniquement sur des énergies renouvelables et la ‘flexibilité’ avancée par Engie ne répondra pas à l’urgence d’assurer une fourniture énergétique continue et stable, surtout face aux risques de pénuries« , ajoute le député, dans un communiqué.
« Nous ne pouvons accepter qu’un acteur monopolistique prétende limiter les ambitions énergétiques d’un État souverain sous prétexte de choix stratégiques. Le futur énergétique de la Belgique se décide au Parlement, pas dans les conseils d’administration d’Engie. »