Marie-Christine Marghem rallie Défi et la N-VA à sa proposition de prolongement du nucléaire
La députée MR et ex-ministre fédérale de l’Énergie Marie-Christine Marghem a reçu le soutien de trois députés d’opposition – deux élus N-VA et le président de DéFI, François De Smet – à sa proposition de loi visant à prolonger l’ensemble des réacteurs nucléaires belges, un texte qui fera l’objet d’un vote la semaine prochaine à la Chambre, au risque de diviser la coalition Vivaldi, rapporte le journal ‘De Tijd’.
Cette proposition de loi déposée le 20 septembre dernier a été prise en considération deux jours plus tard, deux jours après que la commission de l’énergie de la Chambre eut approuvé un projet de loi visant à reporter la sortie progressive de l’énergie nucléaire de 2015 à 2025. Le gouvernement négocie par ailleurs avec le groupe Engie la prolongation de la vie des réacteurs de Tihange 3 et Doel 4 jusqu’en 2035. La proposition de loi de Marie-Christine Marghem vise « à préserver l’ensemble des centrales nucléaires existantes » et « à assurer le cadre requis pour développer de nouvelles unités de production. »
Ce texte a reçu le soutien de cinq députés – deux de son parti, le MR (Michel De Maegd et Mathieu Bihet), deux N-VA (Theo Francken et Bert Wollants), et M. De Smet, le président de DéFI. « Cela menace de mettre (la coalition gouvernementale heptapartite) Vivaldi sous haute tension », souligne De Tijd.
La N-VA, dans l’opposition, plaide elle aussi – tout comme le président du MR, George-Louis Bouchez -, pour la prolongation d’un nombre accru de réacteurs (cinq au total dans l’esprit du président des libéraux francophones).
Mais, note le journal économique, le MR n’a jusqu’à présent pas accepté l’offre du président de la N-VA, Bart De Wever, qui a déjà offert à M. Bouchez un changement de majorité au parlement à plusieurs reprises.
Mme Marghem avait annoncé le mois dernier qu’elle soumettrait son texte à la signature de tous les autres partis si le gouvernement n’avait pas pris de mesures concrètes dans le cadre de ses négociations avec Engie, n’excluant pas dès lors de constituer une majorité alternative.
Selon ‘De Tijd’, la députée libérale dispose « maintenant du soutien politique » de son président de parti.
Deux partis de la Vivaldi dénoncent l’idée de Marie-Christine Marghem
Deux présidents de parti de la majorité fédérale, le CD&V et Groen, ont critiqué le projet prêté au MR et en particulier à sa députée Marie Christine Marghem .
« Je ne pense pas que chercher le soutien de l’opposition pour diviser la majorité soit la stratégie la plus sensée », a affirmé le président du CD&V, Sammy Mahdi, alors que la députée MR a obtenu l’appui de trois députés d’opposition – deux élus N-VA et le président de DéFI, François De Smet – à sa proposition de loi visant à prolonger l’ensemble des réacteurs nucléaires belges. « Je comprends la nervosité du MR », a ajouté M. Madhi lors de l’émission De Ochtend de la VRT-radio. « La clarté doit venir rapidement sur la base de la sécurité d’approvisionnement et de l’indépendance énergétique. J’espère qu’il y aura de la clarté d’ici la fin de l’année », a-t-il souligné.
Le coprésident de Groen – le parti de la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten -, Jeremie Vaneeckhout, a réagi plus vivement. « C’est une blague (en français dans le texte, ndlr) », a-t-il écrit-il sur Twitter. « Avec un palmarès aussi creux après six ans en tant que ministre compétent, dont quatre avec la N-VA, vous devriez avoir honte », a-t-il ajouté à l’adresse de Mme Marghem, en qualifiant son attitude d' »irresponsable ».
« Ce n’est pas ainsi que vous conduisez une politique énergétique. Avec de tels coups, on n’obtiendra pas d’accord avec Engie », a poursuivi M. Vaneeckhout en faisant référence aux négociations que mènent le Premier ministre Alexander De Croo et Mme Van der Straeten avec le groupe français sur la prolongation de dix ans des deux réacteurs nucléaires les plus récents, ceux de Tihange 3 et de Doel 4.
Pour Ecolo, le MR transgresse les règles de loyauté internes à la majorité
Le chef de groupe Ecolo à la Chambre, Gilles Van den Burre, s’est indigné de l’initiative prise par la députée Marie-Christine Marghem. A ses yeux, le MR fait voler en éclats les règles de loyauté au sein d’une majorité.
« C’est une attitude déloyale et je le regrette vivement. Une députée, manifestement soutenue par son président de parti, fait cavalier seul. Ce n’est pas comme ça que l’on procède si on veut faire avancer un sujet. Je constate que ce n’est pas la première fois que ce genre de problème se produit et ça continue. Nous avons des accords au sein de la majorité pour nous permettre de fonctionner et aujourd’hui ils ne sont pas respectés. Ce n’est pas comme ça que le MR va aider le gouvernement qui est en pleine négociation sur ce sujet », a expliqué M. Vanden Burre.
Pas de majorité de rechange, rassure Bouchez
Le MR n’entend pas constituer une majorité de rechange pour voter un texte prolongeant l’ensemble des réacteurs belges au-delà de 2025, a assuré le président, Georges-Louis Bouchez, interrogé par « Le Soir ».
« Pour moi, il ne peut être question de dégager une majorité alternative. Ce serait la chienlit. Ce n’est pas ma façon de travailler. Je veux que l’on avance sur le dossier nucléaire avec la coalition Vivaldi, je m’y emploie. Vous le savez, les négociations sont en cours avec Engie, et j’aimerais que ça aille plus vite, c’est vrai, mais je souhaite surtout qu’elles évoluent positivement et aboutissent », a déclaré M. Bouchez.
Au MR, le chef de groupe à la Chambre Benoît Piedboeuf disait également soutenir la discussion « mais pas sous cette forme-là ».