Un militant de Youth for Climate déguisé en Patrick Pouyanné lors d'une action le 25 mai. Source : Belga

Manifestations, actions coup de poing: pourquoi TotalEnergies fait l’objet de vives critiques

Ces dernières semaines, les actions se sont multipliées à l’encontre de TotalEnergies. Quels sont les principaux reproches qui leurs sont adressés ?

Vendredi 13 mai, une action coup de poing a été menée devant la centrale électrique de TotalEnergies à Marchienne-au-Pont (Charleroi) par les syndicats. Plusieurs centaines de travailleurs ont bloqué l’accès au site. Mercredi dernier, l’assemblée générale du groupe s’est déroulée devant une salle presque vide à Paris, après que plus de 250 militants ont empêché de nombreux actionnaires de s’y rendre en se postant devant la salle qui accueillait l’événement. À Bruxelles, des jeunes ont manifesté contre un projet pétrolier de la compagnie en Afrique de l’Est le même jour. Et une carte blanche, signée par Greenpeace, Youth for Climate et d’autres collectifs, a été publiée dans Le Soir.

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La liste des actions perpétrées à l’encontre de TotalEnergies ces dernières semaines est longue. Mais, au juste, que leur reproche-t-on ?

1. TotalEnergies est la dernière compagnie pétrolière et gazière occidentale à ne pas avoir annoncé son retrait de Russie

Le groupe mise de plus en plus sur le gaz, présenté comme une énergie moins nocive que le charbon et le pétrole. A elle seule, la Russie représentait ainsi 31,5 % de la production gazière de TotalEnergies en 2021. À la différence d’autres poids lourds dans les hydrocarbures (BP, Shell, Equinor, Exxon), la multinationale refuse donc pour le moment d’annoncer un retrait de tous ses actifs russes. TotalEnergies est en effet actionnaire de plusieurs grands groupes pétroliers et gaziers russes, comme Novatec (19,4%) ou Yamal LNG (20%).

À la fin du mois d’avril, les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie ont contraint le groupe français à promettre un « début de repli » sur le projet d’une gigantesque usine de gaz naturel liquéfié en Sibérie, nommé Arctic LNG 2. En revanche, TotalEnergies reste jusque-là bien présent dans le champ voisin de Yamal, avec un mégaprojet gazier de 24,6 milliards d’euros inauguré en 2017. Dans une carte blanche publiée mercredi dans Le Soir, les signataires écrivent : « Que [TotalEnergies] le veuille ou non, le maintien de ses investissements présente un risque de complicité de crimes de guerre. »

2. TotalEnergies continue de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers

Si le chantier d’Arctic LNG 2 semble mal embarqué pour Total, d’autres continuent leur petit bonhomme de chemin malgré les nombreuses pressions d’ONG internationales et de certains gouvernements. Par exemple, le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) qui serait, d’après certains observateurs, « le projet le plus climaticide de son histoire ».

Deux militants manifestant contre le projet EACOP à Bruxelles le 25 mai. Source : Belga

Le projet EACOP consiste en un oléoduc chauffé de 1400 kilomètres (le plus long au monde) qui relierait l’Océan indien au Lac Albert, en traversant la Tanzanie et l’Ouganda. Toujours dans le même texte signé entre autres par Greenpeace et Youth for Climate mercredi dans Le Soir : « Il s’agit d’un désastre humain et environnemental colossal pour toute la région. Plus de 100.000 personnes voient leur activité agricole directement entravée. Le projet menace d’extinction des espèces classées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et menace de contamination les deux plus grandes réserves d’eau douce d’Afrique de l’Est, les lacs Victoria et Albert. » La construction devrait commencer en 2025.

Nicolas Terraz, directeur général Exploration-Production de TotalEnergies, dit du projet EACOP qu’il est « un exemple concret de la mise en application de l’ambition et des engagements de la Compagnie pour la biodiversité. (…) Nous sommes fiers de participer à ces développements majeurs pour la Compagnie et transformateurs pour leurs pays hôtes. »

3. Une communication hypocrite ?

Dans sa communication, TotalEnergies se concentre largement sur son investissement dans les énergies renouvelables. Un discours loin de la réalité, quand on sait que les énergies fossiles représentent encore 90% de son activité et 75% de ses investissements. Son nouveau plan climat est très loin de respecter les objectifs fixés dans l’accord de Paris et les recommandations de l’agence internationale de l’énergie, qui préconise la fin des investissements dans les énergies fossiles dès 2021. 

Outre ses campagnes de « greenwashing », la multinationale tente de renforcer son image publique en s’associant à divers événements et institutions qui ont une connotation positive auprès de l’opinion publique. Ainsi, TotalEnergies est un des sponsors principaux des 20km de Bruxelles – course qui aura lieu ce dimanche – pour un budget à hauteur de 50 000 euros. Le concours Reine Élisabeth, qui a lieu actuellement, est également partenaire de la multinationale.

Carine Thibaut, la porte-parole de Greenpeace Belgique, s’est rendue ce mercredi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour mettre en garde contre les effets négatifs de ce type de publicité. Son intervention s’inscrit dans le cadre d’une campagne menée à l’échelon européen par une coalition d’organisations pour l’interdiction de la « publicité fossile », comme l’Union européenne l’avait fait pour l’industrie du tabac. 

Selon une étude menée par l’Université d’Harvard et publiée en février 2021, la pollution de l’air générée par l’utilisation des énergie fossiles tue 8,7 millions de personnes par an, ce qui est plus que le tabagisme.

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