3 conseils d’experts après la chute des prix de l’énergie: « Cassez vos contrats fixes et renégociez! »
Les prix de l’énergie sont de retour à des niveaux acceptables. Le gaz a fortement baissé mais reste toujours plus cher qu’avant-crise, l’électricité retrouve des seuils normaux. Dès lors, que doit faire le consommateur qui ne voit pas ses factures diminuer dans l’immédiat ? Le professeur Damien Ernst (ULiège) -spécialiste des questions énergétiques- et la Creg livrent leurs conseils.
Chute de tension sur les marchés du gaz et de l’électricité. Après une crise foudroyante qui a frappé toute l’Europe, les prix de l’énergie sont enfin de retour à des niveaux raisonnables. Une stabilisation partie pour durer ? « Actuellement, le prix du gaz est de 25 euros/mégawattheure. Au plus profond de la crise, il a grimpé jusqu’à 300 euros », compare Damien Ernst (ULiège), spécialiste des questions énergétiques.
Avant le Covid, qui marque aussi les balbutiements de la crise énergétique, le gaz coûtait entre 17 et 18 euros du mégawattheure. Les prix actuels de l’énergie sur les marchés de gros sont donc encore largement supérieurs par rapport à la période pré-covid. « Mais on retourne vers des niveaux tout à fait acceptables », note le professeur. Au niveau de l’électricité, la situation est d’ailleurs encore plus encourageante. « L’électricité est chiffrée à du 70 euros/mégawattheure, soit un retour à la normale. »
Quant à la question de savoir pourquoi l’électricité revient à son prix normal plus rapidement que le gaz, Damien Ernst y voit deux raisons. « Historiquement, on paie toujours le gaz un peu plus cher. Ensuite, le prix de la tonne de CO2 -qui influe directement sur le prix de l’électricité- a aussi complètement chuté. »
Pourquoi les prix ne diminuent pas aussi vite sur les factures ?
Malgré ces nettes baisses sur le marché de gros, le consommateur pourrait s’inquiéter de ne pas voir ses factures s’alléger dans l’immédiat. Pour ceux qui ont des contrats à prix fixes, c’est logique. Pour les autres qui ont des contrats à prix variables, indexés sur des marchés spot, on observe parfois un décalage entre le calcul de l’acompte demandé en début de mois et les prix du marché. « En termes de pricing, les fournisseurs font ce qu’on appelle du back-to-back, explique Damien Ernst. Ils achètent en gros volume, avec les prix en vigueur au temps T. Mais en quelques semaines, les prix du marché peuvent fortement baisser. Donc, renégocier son contrat est très bon pour le consommateur, mais catastrophique pour les fournisseurs, qui perdent de l’argent. »
La Creg (Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) précise que les cotations sur les marchés de gros ne représentent qu’une partie du prix de l’énergie final payé par le consommateur. « Les coûts administratifs, la marge du fournisseur, ou encore le coût de couverture de risque interviennent également », explique un porte-parole. « Cette formule est appelée composante énergie, à laquelle s’ajoute les tarifs d’utilisation des réseaux de transport et de distribution, la TVA, les taxes et surcharges pour finalement former le prix all-in payé par le consommateur. »
Prix de l’énergie: que faire avec votre contrat ?
Ainsi, Damien Ernst conseille à la totalité des personnes qui ont un contrat à prix fixe de contacter leur fournisseur pour changer de contrat. « Il faut soit passer en variable (1), soit négocier un nouveau contrat fixe à la baisse (2), soit changer de fournisseur (3). »
Il développe : « Plus personne ou presque n’a encore un contrat à prix fixe datant d’avant-crise, puisque la durée des contrats est de 3 ans maximum. Et même en 2021, le gaz était plus élevé que maintenant. Donc, vu la chute des prix observée, la totalité des consommateurs qui ont encore un contrat à prix fixe doivent le renégocier à la baisse. A l’heure actuelle, il n’y a pas une seule personne sous contrat fixe qui peut affirmer faire une bonne affaire sans l’avoir renégocié. Mon conseil est donc simple : cassez vos contrats à prix fixe et renégociez, ou optez pour un variable. Mais surtout, ne restez pas avec votre contrat fixe actuel. »
L’expert n’incite cependant pas à foncer vers du variable. « Il ne faut pas opter pour du variable à tout prix. Car il y a toujours des risques géopolitiques et de frappes sur les infrastructures énergétiques, qui peuvent venir perturber le marché. Ces derniers jours, une frappe est survenue sur un gazoduc en Iran, par exemple. Le plus prudent est donc de rester sur un contrat fixe, renégocié à la baisse. »
Ne pas foncer sur les contrats variables sans les comparer
Pour la Creg, les contrats fixes actuels restent relativement chers par rapport aux variables (environ 170€ pour l’électricité et 330€/an pour le gaz). « Bien entendu, le choix revient au consommateur, qui, en fonction de son profil de risque, préférera le fixe ou le variable. »
La Commission de régulation souligne en outre que les contrats variables bénéficient automatiquement des baisses actuelles de prix sur les marchés de gros. Pour les consommateurs ayant des contrats à prix fixe en cours conclus dans le courant de l’année 2023, la Creg conseille de « comparer leur contrat et envisager de changer de contrat et/ou de fournisseur, car ces contrats sont souvent chers. »
A noter, enfin, qu’il existe également des différences de prix importantes entre les contrats variables. « Les consommateurs qui signent un nouveau contrat doivent donc également comparer les contrats variables entre eux », suggère la Creg.
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