Isoler les bâtiments: la mission (quasi) impossible
Comment migrer vers un système énergétique plus durable ? La rénovation du bâti est une première étape indispensable. Mais quasi impossible à réaliser actuellement.
L’efficacité énergétique constitue unanimement le pilier le plus urgent de la transition énergétique. Installer une pompe à chaleur dans une passoire énergétique serait un coûteux non-sens. Avant d’interdire l’un ou l’autre combustible de chauffage, la priorité est de rénover une grande partie du bâti, martèlent tous les experts.
En Wallonie comme en région bruxelloise, il est question de tripler, au minimum, la cadence des rénovations. «Mais je suis très préoccupé par la capacité des particuliers et de certaines entreprises à investir en ce sens», s’inquiète Damien Ernst, professeur à l’ULiège. Au-delà de la question financière et des conséquences sur l’accès à un logement abordable, une telle transition implique d’énormes besoins de main-d’œuvre, alors que le secteur de la construction fait déjà face à une pénurie structurelle. «On peut, certes, décider d’interdire toutes les chaudières, ajoute Hervé Jeanmart. Mais est-on capable d’entreprendre des rénovations aussi lourdes que celles envisagées, à une échelle aussi large et dans des temps aussi courts? La réponse est non.»
« On peut interdire toutes les chaudières. Mais est-on capable d’entreprendre des rénovations aussi lourdes, à une échelle aussi large et dans des temps aussi courts? La réponse est non »
«Rien qu’en Wallonie, il nous faudrait vingt mille travailleurs en plus si l’on veut pouvoir absorber les chantiers de rénovation à venir, indiquait récemment au Vif Francis Carnoy, directeur général de la Confédération construction wallonne. Or, à l’heure actuelle, sept mille offres d’emploi ne trouvent déjà pas preneurs.» A cela s’ajoute la question de la production en suffisance des matériaux de construction, dont le prix a considérablement augmenté.
Comme le soulignent plusieurs experts, le chantier des rénovations nécessite, en outre, un accompagnement bien plus poussé que le simple octroi de primes aux particuliers. «Dans le Brabant wallon, par exemple, les primes ne sont même pas toutes utilisées, poursuit Francesco Contino. Ce n’est donc pas toujours une question de budget. D’où l’importance de pousser les initiatives de coaching, afin d’aider les gens dans leurs démarches.»
Cliquez ici pour lire notre dossier sur les 8 défis majeurs pour l’électricité (et comment les résoudre)
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici