Guerre Israël-Hamas: vers une explosion du prix du gaz cet hiver? (infographie)
Depuis l’attaque terroriste du Hamas, la panique est de retour sur les marchés du gaz. Pourtant, son prix n’a pas encore explosé. Une évolution à craindre pour cet hiver ? Eléments de réponse.
Le 24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Un mouvement qui fait bondir le prix du gaz au-delà de 60 euros le mégawattheure (€/MWh), sur un marché européen jusque-là fort dépendant des robinets gaziers russes. La suite, les ménages l’ont douloureusement ressentie à chaque fin du mois sur leur facture. Le conflit russo-ukrainien a poussé les prix jusqu’à un pic (voir infographie), 6 mois plus tard. Le 26 août 2022, en Europe, le gaz coûtait 293€/MWh.
Aujourd’hui, son prix oscille autour de 50€/MWh. Après l’attaque terroriste du Hamas sur Israël début octobre, celui-ci a augmenté, mais dans de moindres proportions que lors du conflit opposant Moscou à Kiev. Pour Adel El Gammal, professeur de géopolitique de l’énergie à l’ULB, cela s’explique par trois facteurs.
- « Les stocks de gaz sont remplis, à la différence de l’hiver 2021-2022. À un tel point qu’on réfléchit à stocker du gaz en Ukraine ».
- « La consommation de gaz est plus faible qu’historiquement. On assiste à des hivers plus cléments, donc les gens se chauffent moins. Et puis, l’activité économique a ralenti ».
- « L’Europe a réduit sa dépendance au gaz russe, qui a été remplacé par d’autres sources d’approvisionnement ».
Le prix du gaz pourrait-il exploser, avec le conflit israélo-palestinien ?
Ces éléments conjugués expliquent pourquoi le prix du gaz est plus ou moins stable en ce moment. « Il reste autour de 50€/MWh parce qu’il y a trop d’offre par rapport à la demande », explique le spécialiste des questions énergétiques Damien Ernst (ULiège). Ce prix pourrait-il exploser, au vu du conflit israélo-palestinien ? « Prévoir l’évolution du prix du gaz est compliqué, car il est fixé par le marché, qui réagit à un très grand nombre de facteurs externes, tous entachés d’une grande incertitude« , indique Adel El Gammal.
« Les fournisseurs sont terrorisés à l’idée d’une frappe sur une installation énergétique »
Damien Ernst (ULiège)
« Les traders paniquent sur les marchés du gaz, estime Damien Ernst. Les fournisseurs sont terrorisés à l’idée d’une frappe sur une installation énergétique. C’est pourquoi on n’observe pas de baisse des prix pour le moment ». L’expert parle de « prix de la peur », qui explique selon lui pourquoi, même si le besoin n’est plus là, l’Europe continue à acheter du gaz, en prévision d’un éventuel dérapage dans le conflit qui oppose Israël et le Hamas.
L’extension de la guerre à d’autres pays pourrait influencer les prix à la hausse. « C’est une énorme incertitude, reconnait Adel El Gammal. Il est très difficile de savoir comment va évoluer la situation au niveau géopolitique ». En tout cas, le professeur n’a pas observé d’effet durable de l’attaque du Hamas sur le prix du gaz.
« C’est le scénario le plus probable pour cet hiver »
Damien Ernst, lui, pointe un scénario qu’il évalue comme le plus probable pour l’hiver à venir. « Pour l’instant il fait doux et il y a beaucoup de vent. Cela veut donc dire que les éoliennes tournent à plein régime, et que l’on doit moins se chauffer ». Le chercheur de l’ULiège estime que le prix du gaz pourrait redescendre à 30€/MWh, soit le niveau d’avant l’éclatement de la guerre en Ukraine. « Les prix ne peuvent rester aussi élevés dans le temps, alors qu’on ne peut plus stocker le gaz. Pour continuer à le faire, il faudrait baisser le prix, pour réenclencher la demande ».
Adel El Gammal, lui, estime que deux choses pourraient pousser le prix du gaz européen à la hausse : « Un: nous dépendons encore pour une part non négligeable du gaz russe. Il ne faudrait pas qu’ils décident de couper le robinet, sinon nous ferons face à des problèmes d’approvisionnement. Deux: si l’hiver qui arrive est rude ».
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