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Faut-il changer de contrat d’énergie? «Ces éléments ont un effet radical sur le prix du gaz»

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les prix du gaz peinent à retrouver les niveaux précédant la crise énergétique. Après une accalmie en début d’année, ils atteignent désormais leur record pour 2024, avec un pic à 40 euros du mégawattheure enregistré le 9 août. Pour le consommateur, la question du type de contrat à adopter est à nouveau soulevée. Plusieurs éléments permettent de ne pas céder à la panique.

Les prix du gaz atteignent leur niveau le plus élevé de 2024. Depuis début août, ils flirtent avec des pics à 40 euros/mégawattheure sur les marchés de gros de l’énergie. Un seuil souvent considéré comme symbolique.

Car cette barre marque le pas avec les prix en vigueur d’avant-crise (environ 25 euros/mégawhatteure), mais reste toutefois largement en-deçà des records de 2022, qui frôlaient avec les 300 euros du mégawattheure.

Paradoxalement, les tarifs des fournisseurs ont légèrement baissé en août. La raison est simple: les prix de gros ne se répercutent pas immédiatement sur les contrat des clients, car ils sont déterminés après l’action de plusieurs mécanismes. Un temps de «percolation» est nécessaire.

Energie et gaz: une augmentation sur les contrats en septembre

«Les prix actuels sont certes éloignés du niveau le plus bas de cette année (NDLR: atteints en février, voir infographie ci-dessous), mais restent nettement moins chers qu’en 2022 et 2023. Profitez de la fin de l’été pour comparer votre contrat d’énergie avec l’offre du marché», conseille Jordi Van Paemel, spécialiste énergie chez Testachats.

Selon l’association de défense des consommateurs, un contrat d’énergie (gaz et électricité) coûte actuellement entre 170 et 180 euros de plus sur une base annuelle, en comparaison avec les prix observés au mois de mars. Si cette tendance se poursuit dans les semaines à venir, les tarifs fixes risquent ainsi de redevenir plus chers en septembre.

«Nous constatons une différence entre les prix variables et les prix fixes d’environ 20 %».

Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG).

Le dilemme -presque saisonnier désormais- se repose: que choisir entre contrat fixe ou contrat variable? Le plus avantageux, à l’heure actuelle, est clairement le variable. Mais c’est aussi celui qui protège le moins et qui vous expose directement aux variations du marché. A l’inverse, «considérez un contrat fixe comme une sorte d’assurance», résume Testachats.

Actuellement, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) constate toujours «une différence entre les prix variables et les prix fixes d’environ 20 %». «Cela reste une prime de risque assez élevée payée par les consommateurs pour bénéficier d’une garantie de prix fixe. Il leur appartient à de déterminer quel type de contrat convient le mieux à leur profil de risque.»

Energie: les craintes de retour sur les marchés

Pourquoi les craintes sur le prix du gaz surviennent-elles à nouveau, alors que la crise énergétique semblait maîtrisée? «Historiquement, le prix du gaz a toujours été sujet aux événements extérieurs. La situation géopolitique actuelle tendue impacte les marchés de gros. Au moindre risque, ils s’emballent et les prix du gaz s’envolent», souligne Florence Carlot, experte en énergie chez Arthur D Little.

L’incursion ukrainienne en Russie n’est pas le seul élément qui explique cette remontée. Les événements au Moyen-Orient peuvent également impacter la situation. Mais ces éléments géopolitiques n’expliquent pas tout. L’Europe fait souvent face à des soucis d’infrastructure (comme une pipeline endommagée) ou des décisions politiques régulatoires qui peuvent créer des doutes sur les marchés. «Ces éléments ont un effet radical sur le prix du gaz», indique Florence Carlot.

La tension géopolitique omniprésente explique toutefois en grande partie pourquoi les niveaux d’avant-crise n’ont jamais été retrouvés sur le long terme. «Au sortir de l’été, les craintes sur le prix du gaz augmentent et les marchés sont traditionnellement moins sereins. Ils redoutent systématiquement un hiver froid, un problème géopolitique ou d’infrastructure. Mais ce sont toujours les mêmes «drivers» qui pèsent dans la balance: ils n’étonnent plus vraiment», estime la spécialiste.

Les stocks mastocs

Car, en deux ans de crise, l’Europe a fait ce qu’il fallait pour se protéger. Au niveau de ses stocks, surtout, qui sont remplis à plus de 90%. «Il n’y a donc pas de raison fondamentale de paniquer. On devrait aborder l’automne de façon beaucoup plus sereine qu’il y a trois ans. Il est cependant impossible de savoir si on retrouvera des niveaux de 25 euros/mégawattheure sur le long terme»

Car si les stocks sont mastocs, les besoins en gaz restent croissants dans le monde entier. En raison des tensions en Russie, l’offre vers l’Europe est affaiblie et la compétition s’avère plus rude avec l’Asie. Tant que cette source d’approvisionnement -la Russie- n’est pas totalement remplacée, cette situation d’incertitude persistera plusieurs années. «A l’heure actuelle, la seule issue de remplacement est le gaz liquéfié (GNL)», d’après Florence Carlot.

Contrat variable, électricité et mazout

Pour l’experte, tant que cette situation d’incertitudes n’est pas clarifiée, «il est peut-être préférable de rester sous contrat variable. Aujourd’hui, le prix du gaz est plus élevé que c’est qu’on a connu historiquement, mais il reste à un niveau tout à fait acceptable par rapport aux niveaux en vigueur lors de la crise énergétique. Etant donné que les stocks sont bons, je vois peu d’intérêt à bouger vers un contrat fixe», dit-elle.

Par ailleurs, les fournisseurs ont appris de la crise énergétique et adoptent des stratégies qui maîtrisent davantage les risques. «En principe, l’impact sur les contrats devrait être beaucoup plus limité par rapport à 2022.»

Côté électricité, la situation est tout autre. La Belgique ne connaît pas de soucis d’approvisionnement. Ni de prix, qui connaissent une pression à la baisse. «Par rapport au gaz, la dépendance vis-à-vis d’un apport extérieur est moindre. On reste également safe par rapport à l’approvisionnement des pays limitrophes. Le seul risque potentiel avec l’électricité, c’est le souci technique», affirme Florence Carlot.

Quant au mazout, les prix du mois d’août s’avèrent légèrement inférieurs aux prix moyens pour la saison. Le moment idéal, peut-être, pour remplir sa cuve à l’aube de l’automne, et la hausse des prix qui ira probablement avec.

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