Energie: « Une fiscalité environnementale tuerait la classe moyenne »
Sur la question de l’énergie, les positions de Melissa Depraetere et Georges-Louis Bouchez se rejoignent plus qu’elles ne s’opposent. Le nucléaire reste incontournable pour le mix énergétique du futur, et les mesures climatiques se doivent d’être collectives.
Cette semaine, l’accord tant attendu entre Engie et l’Etat belge sur la question de la prolongation du nucléaire a été acté. Les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 resteront actifs 10 années supplémentaires. Un accord que le MR, via le ministre des Classes moyennes David Clarinval, brandit comme une victoire. Georges-Louis Bouchez est clair au sujet du nucléaire : continuer à miser sur l’énergie atomique est une condition sine qua non pour que son parti monte dans un gouvernement après les prochaines élections.
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« Nous sommes dans une société qui consomme beaucoup d’énergie. Pour continuer à vivre de cette manière, nous avons besoin d’un mix entre le nucléaire et le renouvelable« . Selon le chef de file libéral, 80% de l’énergie consommée en Belgique vient de l’étranger. Il en appelle donc à une autonomie sur le plan énergétique. « Cela permettrait de garder les entreprises compétitives sur notre sol, ainsi que de maitriser les prix de l’énergie ».
Vooruit rejoint-il le MR ? « Nous sommes ouverts au débat« , tranche Melissa Depraetere. La présidente des socialistes flamands pose trois conditions à un nouvel investissement dans l’énergie nucléaire : éviter une flambée du prix des factures d’énergie, que ces nouvelles centrales soient sécurisées, et que le nucléaire permette d’éviter un black-out énergétique.
Débat sur l’énergie: limiter le réchauffement climatique, une affaire collective
Deuxième point sur lequel les deux présidents de parti trouvent un terrain d’entente : limiter le réchauffement climatique sera une affaire collective ou ne sera pas. Georges-Louis Bouchez s’oppose donc à toute mesure écologique qui pénaliserait les individus. L’homme politique libéral rejette par exemple le quota carbone, une mesure portée par les Engagés selon laquelle un citoyen qui pollue davantage paie davantage (principe du pollueur-payeur). « Je ne veux pas pénaliser les travailleurs, qui payent déjà suffisamment de taxes. Ajouter une fiscalité environnementale, ce serait tuer la classe moyenne ». Le Montois n’est pas contre l’instauration d’une taxe carbone en tant que telle, mais la conditionne à une augmentation des taxes sur le revenu.
« Il faut faire en sorte que l’écologie soit financièrement viable pour les citoyens »
Melissa Depraetere, présidente de Vooruit
Melissa Depraetere en fait une différence de fond d’avec les écologistes (de Groen), qui selon elle proposent des solutions centrées sur l’individu (vélos électriques, pompes à chaleur, etc.). « Nous devons trouver des solutions collectives pour limiter le réchauffement climatique. Il faut faire en sorte que l’écologie soit financièrement viable pour les citoyens ». La principale mesure de Vooruit ? Rénover les logements (sociaux) pour qu’il n’y ait plus de passoires énergétiques.
La technologie peut-elle sauver le climat ?
La formule est connue : à la décroissance proposée par les écologistes, les libéraux préfèrent une croissance verte teintée d’évolution technologique. Mais quelles solutions concrètes le MR propose-t-il en la matière ? Georges-Louis Bouchez veut des investissements industriels, centrés sur la captation de CO2, les batteries et l’hydrogène. Sans développer plus ce point, Melissa Depraetere déclare succinctement « qu’on doit pouvoir miser sur la technologie et l’innovation ».
Inondations en Wallonie et en Flandre : quelles solutions ?
Le sud du pays se souvient des événements tristes survenus à l’été 2021 : des inondations terribles avaient secoués la Vallée de la Vesdre, provoquant le décès de 39 personnes. La Flandre, et en particulier la région du Westhoek, a été touchée dans une moindre mesure par des inondations en novembre dernier. Comment éviter que de tels événements se produisent encore à l’avenir ? Le MR propose de permettre à la Défense d’intervenir en cas de catastrophe naturelle. L’objectif est de disposer d’effectifs prêts à intervenir directement, alors que l’aide sur le terrain avait cruellement manqué lors de ces inondations.
Melissa Depraetere plaide plutôt pour un renforcement de la Protection civile. En pointant le MR d’un doigt accusateur : « Ce service à la population a été démantelé par le gouvernement précédent, auquel vous participiez. Maintenant, il faut reconstruire ce que vous avez détruit ». La cheffe de file des socialistes flamands rappelle que le réchauffement climatique est la cause de ces inondations. « Pour nous attaquer à ce problème à la racine, nous avons besoin de penser d’une autre manière ». Selon la présidente de Vooruit, planter des arbres pour capter le CO2 en fait partie.
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