Crise de l’énergie: l’Allemagne mise sur ses centrales au charbon, la Hongrie annonce un « état d’urgence »
Le gouvernement allemand vient d’approuver mercredi l’utilisation d’un plus grand nombre de centrales électriques au charbon en raison de l’arrêt des importations de gaz en provenance de Russie. De son côté, le gouvernement hongrois a annoncé un « état d’urgence » pour répondre à la crise énergétique.
Les chambres parlementaires du Bundestag et du Bundesrat ont déjà adopté des amendements juridiques à cet effet, avec pour objectif de stocker davantage de gaz, en augmentant l’utilisation des centrales électriques au charbon pour produire de l’électricité. « Nous voulons économiser du gaz en été pour remplir nos installations de stockage pour l’hiver », a déclaré le ministre de l’Économie Robert Habeck.
Les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream 1 sont à l’arrêt depuis lundi en raison d’une maintenance. La grande inquiétude est que la Russie ne rouvre pas le robinet de gaz après la maintenance, qui prend généralement dix jours.
Selon l’ordonnance approuvée, les exploitants des centrales à charbon doivent veiller à ce que les installations soient techniquement remises dans un état qui leur permette de fonctionner en permanence sur le marché de l’électricité. Les frais encourus seront remboursés.
L’objectif urgent de l’élimination progressive du charbon en Allemagne d’ici 2030 n’est pas affecté par cette mesure temporaire, a annoncé le ministère.
Etat d’urgence en Hongrie
« La situation est extrêmement difficile partout en Europe en raison de la guerre (en Ukraine) et des sanctions prises en réaction. Le moment est donc venu de déclarer l’état d’urgence », a affirmé Gergely Gulyas, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, lors d’une conférence de presse à Budapest.
Face à la flambée des prix et aux « incertitudes » pesant sur l’approvisionnement l’hiver prochain, une série de mesures vont entrer en vigueur début août.
Parmi les points les plus notables, le gouvernement « a décidé d’augmenter fortement la production nationale de lignite« , un type de charbon fabriqué et consommé essentiellement localement.
Parallèlement, la grande centrale thermique de Matra, située dans les massifs montagneux du nord du pays, « doit être relancée immédiatement », a souligné M. Gulyas, à rebours des engagements climatiques du pays. Le site, à l’arrêt depuis mi-2021 en raison de problèmes techniques, aurait normalement dû être reconverti d’ici à 2025 afin de réduire les émissions polluantes.
La production de gaz sur le sol hongrois va également être accrue et les sources d’approvisionnement diversifiées. Pauvre en ressources naturelles, la Hongrie importe actuellement 65% de son pétrole de Russie et 80% de son gaz.
Autre mesure, les particuliers « consommant davantage de gaz et d’électricité que la moyenne devront modérer leur consommation ou payer le surplus au prix du marché ». Selon le chef de cabinet, un quart de la population pourrait être affecté.
Depuis 2012, les Hongrois bénéficient de tarifs réglementés, qui sont actuellement plus de cinq fois inférieurs à ce qu’ils débourseraient en cas de libéralisation du secteur.
Enfin, le gouvernement « va prolonger la durée d’exploitation » des vieux réacteurs de la centrale nucléaire de Paks, près de Budapest, construits dans les années 1980 et qui risquent désormais de rester opérationnels jusqu’en 2047.
Un projet d’agrandissement a été attribué au géant nucléaire russe Rosatom en 2014 mais il a pris du retard et la mise en service des nouvelles tranches a été repoussée à 2030 au plus tôt.
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