Comparer les contrats d’énergie variables sera désormais plus facile
Comparer les offres sur le marché de l’énergie n’aura jamais été aussi compliqué qu’aujourd’hui… En cause: des prix en constante évolution et des méthodes de calcul trop différentes d’un régulateur à l’autre. Les plaintes ont néanmoins été entendues : désormais, une seule et même méthode sera employée pour calculer le coût annuel des contrats à prix variables.
Paramètres divers et variés, ambiguïté, manque de transparence… « Les régulateurs de l’énergie ne sont pas sur la même longueur d’onde », déplorait récemment l’organisation de protection des consommateurs Test Achats. Chacun y va en effet de sa propre méthodologie pour calculer le coût annuel des contrats à prix variables. Sans parler des méthodes d’indexation, rarement identiques d’un régulateur à l’autre… Par conséquent, comparer les fournisseurs d’énergie, autrefois si simple, est devenu un véritable parcours du combattant, surtout à l’heure où les prix de l’énergie ne cessent de fluctuer.
Afin de répondre à cette problématique, le VREG, la CWaPE, BRUGEL et la CREG utiliseront désormais une méthode uniforme pour calculer le coût annuel estimé des contrats d’électricité et de gaz naturel à prix variables. Mais quel était le problème et qu’est-ce qui va changer?
Un problème d’indexation
Ce qui permet de faire la distinction entre un contrat variable et un contrat fixe, c’est justement ce paramètre d’indexation. Alors qu’un tarif fixe reste inchangé durant toute la durée du contrat, le tarif variable fluctue en fonction de l’évolution du marché, et plus précisément en fonction d’un paramètre d’indexation lié aux marchés de gros de l’électricité ou du gaz. Impossible donc de savoir à l’avance combien vous devrez payer au bout d’un an de consommation. Les régulateurs eux-mêmes se basent sur des profils de charges, c’est-à-dire des données statistiques estimées chaque année sur base des habitudes de consommation de l’année précédente, pour ventiler mensuellement la consommation totale d’un ménage belge.
Au moment de faire la comparaison des offres sur le marché, l’estimation faites pour votre acompte sera dès lors basée sur le dernier paramètre d’indexation connu, ou plutôt les paramètres, car il en existe des dizaines. Et c’est là tout le problème… Les paramètres d’indexation varient à la fois selon les fournisseurs – et parfois chez un même fournisseur selon le type de contrat -, l’intensité (à quel point la hausse/baisse des prix va être répercutée) et la périodicité (indexés tous les mois, tous les trois mois…). Selon un rapport de la Creg le 28 avril dernier, « plus de 34 paramètres d’indexation différents étaient alors utilisés dans les formules d’indexation » pour le gaz et l’électricité.
Une livraison à court et long terme
Autre problème : les formules tarifaires sont basées sur des paramètres soit de type forward, soit de type spot. Les paramètres spot suivent les bourses de l’énergie pour une livraison le jour suivant, la semaine suivante ou le mois suivant. Les paramètres forward suivent l’évolution des prix sur les marchés à plus long terme et concernent donc les produits livrés au cours du trimestre suivant ou de l’année suivante.
Les prix spot dépendent de paramètres plus volatiles tels que le changement de température tandis que les prix forward sont plus spéculatifs. Les prix spot comportent donc un risque plus élevé pour les consommateurs, en particulier à l’heure actuelle.
Par exemple, si les prix d’un contrat variable sont indexés tous les trois mois sur base de paramètres forward (long terme), le prix affiché en novembre pour ce fournisseur est celui que vous paierez pour votre consommation pour les mois de novembre, décembre et janvier. À l’inverse, si les prix du contrat sont indexés mensuellement sur base de paramètres spot, le prix affiché en novembre pour ce fournisseur est basé sur le prix appliqué au cours du mois précédent, c’est-à-dire octobre. En d’autres termes, on ne connaît pas encore le réel prix de l’énergie à partir du mois de novembre.
Ces différences rendent donc la comparaison des contrats variables difficile. « Vu qu’il n’existe aucune méthode uniforme de projection des prix pour les contrats variables, les consommateurs peuvent être confrontés à des prix allant du simple au triple pour un même contrat en fonction du comparateur choisi », illustrait notamment Julie Frère, porte-parole de Test Achats.
Une méthode de calcul uniforme
Dès ce mois de novembre, les régulateurs vont adopter une méthode de calcul uniforme. L’objectif: proposer le classement le plus fiable possible des offres.
Précurseur en la matière, la VREG utilise depuis mai 2022 cette nouvelle méthodologie pour calculer le coût annuel de ces contrats variables. Cette méthode prend en compte les prix de l’énergie attendus pour les 12 prochains mois, sur la base des cotations disponibles sur les bourses de l’énergie pour des livraisons futures. Par conséquent, le classement des fournisseurs d’énergie est moins dépendant des paramètres d’indexation qu’ils ont choisis.
Un bon début, estime Test Achats, qui souligne néanmoins la nécessité de poursuivre le travail. Car le problème de la multiplication des paramètres d’indexation est encore bien présent. « Nous demandons de simplifier les paramètres et d’aligner les moments d’indexation, par exemple en imposant une indexation mensuelle à tous les fournisseurs », explique Julie Frère.
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