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Comment les pays voisins se défendent contre la flambée des prix de l’énergie

Mailys Chavagne

Si la Belgique mise sur la prolongation des mesures de soutien déjà en vigueur et sur la possibilité d’ »écrémer » les surprofits, elle plaide avant tout pour un accord au niveau européen. Mais que se passe-t-il de l’autre côté de la frontière, chez nos pays voisins ?

Face à la guerre en Ukraine et la crise énergétique actuelle, l’Europe se prépare au pire cet hiver. En Belgique, le gouvernement souhaite prolonger les mesures d’aide comme la TVA à 6% ou le tarif social étendu ainsi qu’aider les entreprises, et envisage même la possibilité d’« écrémer » les surprofits engrangés par les entreprises énergétiques. Mais qu’en est-il des autres pays européens ? Quelle stratégie ont adopté les pays limitrophes ?

La France: rationnement et coupures d’électricité

En France, les tensions sont palpables malgré le bouclier tarifaire qui a permis au gouvernement de limiter la facture d’énergie. Avec seulement 24 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF en état de fonctionner, le bouclier pourrait ne pas tenir ces prochains mois, et encore moins en hiver. En cause ? Des erreurs de construction, des retards de maintenance en raison de la crise du Covid, et des problèmes de refroidissement des centrales en raison de la sécheresse.

Bref, la situation inquiète les autorités, qui ont imaginé quatre scénarios possibles pour les mois qui arrivent :

  • Appel à la sobriété: tant les ménages que les entreprises et les commerces doivent tout faire pour limiter leur consommation. Les magasins sont par exemple tenus de fermer leurs portes lorsque la climatisation est en marche et d’éteindre toute lumière superflue pendant la nuit (enseigne lumineuse notamment). Ces mesures prendront effet le 15 octobre prochain.
  • Coupures d’électricité au cas par cas: il n’est pas exclu que certaines entreprises qui consomment le plus subissent de légère coupures d’électricité.
  • Baisse de tension généralisée à l’ensemble du réseau: cela se traduirait par des plus faibles performances, comme un wi-fi plus lent, une lumière plus faible, un smartphone qui met plus de temps à charger…
  • Rationnement: cette fois-ci, on ne parle plus des petites coupures d’électricité réalisées au cas par cas, mais des coupures d’électricité « temporaires, anticipées, localisées et tournantes » d’abord pour les entreprises mais aussi pour les particuliers pendant une durée de deux heures maximum, selon le gestionnaire de réseau RTE.

L’Allemagne: chasse au gaspillage

L’Allemagne, qui redoute une pénurie de gaz, a promulgué une série de mesures pour économiser l’énergie. Les pouvoirs publics entendent donner l’exemple : le chauffage dans les administrations et bâtiments publics sera plafonné à 19 degrés et même limité à 12 degrés là où les employés exercent un travail physique intensif. Il sera éteint dans les parties communes comme les couloirs et il n’y aura plus d’eau chaude pour se laver les mains.

Les commerces sont tenus de garder leurs portes fermées et d’éteindre leur éclairage pendant la nuit. Les bâtiments historiques devront également réduire leur éclairage, sauf s’il y a des contraintes de sécurité.

Cette chasse au gaspillage n’impactera pas tous les secteurs : les hôpitaux, les écoles ou les maisons de retraite ne sont pas concernés par ces économies de chauffage.

Les Pays-Bas: amortir l’inflation et augmenter le pouvoir d’achat

Aux Pays-Bas, on prend le problème dans l’autre sens: plutôt que de s’attaquer à la consommation des citoyens, le gouvernement opte pour une compensation financière afin d’amortir l’inflation. Le gouvernement néerlandais prévoit de débloquer un budget d’environ 16 milliards d’euros l’année prochaine afin d’aider les ménages à payer leurs factures d’énergie. Il augmentera également le salaire minimum de 10% et réduira l’impôt sur le revenu pour les revenus les plus faibles. Autre mesure plus anecdotique: une campagne publicitaire d’envergure incite la population à prendre des douches de cinq minutes seulement.

L’Espagne et le Portugal: plafonner les prix et réduire la TVA

Afin de limiter la croissance des prix de l’énergie, l’Espagne et le Portugal ont adopté leur propre système tarifaire et ont plafonné les prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité. Grâce à cela, l’électricité est trois fois moins chère qu’en Belgique.

Comment ? Il faut savoir que « les prix de gros de l’électricité sont déterminés par le coût incrémental de la dernière centrale qu’on met en route pour équilibrer l’offre et la demande », expliquait Charles Cuvelliez, professeur à l’École Polytechnique de Bruxelles à l’ULB, dans Matin Première. Sauf que dans la plupart des cas, cette centrale est au gaz. D’où l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique, qui connaît le même système. La différence est que les gouvernements espagnol et portugais ont décidé de subsidier le gaz qui est utilisé dans ces centrales. Résultat: le prix de fonctionnement de la dernière centrale diminue et entraîne avec lui une diminution des prix de gros de l’électricité.

Autre mesure adoptée en Espagne : l’État baissera la TVA sur le gaz de 21% à 5% à partir d’octobre et jusqu’à la fin de l’année. L’Espagne aligne ainsi  la TVA sur le gaz sur celle de l’électricité, plafonnée elle aussi à 5%.

L’Italie: taxer les surprofits des énergéticiens

La Belgique y songe, mais l’Italie est le premier État à avoir franchi le pas: les autorités ont décidé de prélever une surtaxe de 10% sur les bénéfices des grandes sociétés du secteur de l’énergie réalisés entre octobre 2021 et mars 2022. Pour le géant des hydrocarbures Eni, cela représente environ quelques centaines de millions d’euros. L’argent récolté permettra de financer plusieurs mesures estimées à 4,4 milliards d’euros et destinées à alléger la flambée des prix de l’énergie pour les ménages et entreprises.

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