Acheter son panneau photovoltaïque chez Lidl, une affaire en or ? « A ce prix… »
En Allemagne, le hard-discounter Lidl commercialise un kit photovoltaïque installable sur son balcon ou sa terrasse. Technologie du futur ou gadget peu rentable ?
Un kilo de carottes dans une main, un panneau photovoltaïque dans l’autre? En Allemagne, il est désormais possible de faire ses courses alimentaires et ramener une mini centrale d’énergie en même temps.
Le hard-discounter Lidl commercialise en effet un kit solaire à installer sur son balcon ou sa terrasse, et à brancher soi-même directement à une prise de son habitation. Concrètement, le panneau injectera automatiquement sa production sur le réseau électrique interne. L’idée séduit et rayonne au-delà des frontières allemandes. Selon Lidl, l’installation permettrait de couvrir la consommation de fond d’un appartement ou d’une petite maison, pour un prix attrayant : 199 euros/pièce.
Outre-rhin, l’ensemble « PBKW 300 A1 Smart », de la marque Parkside, est vendu sous la forme d’un « kit de démarrage prêt à l’emploi », composé d’un panneau photovoltaïque (107cm x 77cm) d’une puissance de 150 Wc, d’un onduleur réseau de 300 W, de 5 m de câble et d’accessoires pour le fixer, le monter et le raccorder.
A l’heure actuelle, seuls les magasins allemands de la chaine hard-discount commercialisent le produit. « Il n’y a pas de projet similaire en Belgique », assure Julien Wathieu, porte-parole de Lidl.
Photovoltaïque de balcon: est-ce autorisé ?
Le consommateur belge qui souhaiterait tout de même s’aventurer en Allemagne pour se procurer le produit le ferait à ses risques et périls. Car en Belgique, « utiliser ce type d’installation est tout bonnement interdit », rappelle Régis François, fondateur et président de l’Asbl Beprosumer, qui défend les intérêts des propriétaires belges de panneaux photovoltaïques. « Aucun cadre légal n’autorise ce branchement direct à une prise du réseau électrique de la maison », assure-t-il.
Photovoltaïque de balcon: est-ce fiable et rentable ?
En cas d’évolution de la législation, le système – autorisé en Allemagne, en France et en Espagne, notamment – pourrait-il représenter une solution fiable et rentable à l’avenir ? « Avec ce prix de 199 euros, ce micro-onduleur… personnellement, je n’opterais pas pour ce genre de produit », déconseille Régis François. « Sans parler de la question liée à l’assurance habitation, poursuit-il. C’est évidemment bon marché. Mais la rentabilité du produit est très faible ».
De fait, en considérant un taux d’autoconsommation de 80 % et un tarif du kWh à 0,25 €, le kit permettrait d’économiser à peine une trentaine d’euros par an. Aux prix actuels de l’électricité, il faudrait donc 6 ou 7 ans pour amortir l’achat.
« Un système similaire existe pour les propriétaires de camping-car, qui veulent voyager en autonomie, note encore Régis François. C’est beaucoup plus répandu. Mais pour les habitations de particuliers, je m’en tiendrais aux installations photovoltaïques classiques. »
Un avantage
Le président de Beprosumer reconnaît toutefois un avantage au kit de balcon. « Etant donné que les installations photovoltaïques appartiennent au propriétaire, ce système permettrait au locataire de devenir un ‘mini-producteur’ de l’énergie qu’il consomme et de réduire quelque peu sa facture. Il faut toutefois avoir un balcon relativement bien orienté ».
En revanche, Régis François réfute l’argument de vente de Lidl, qui assure que le système peut couvrir la consommation de fond d’un appartement ou d’une petite maison. « Ce n’est pas réaliste. La consommation moyenne d’une habitation en Wallonie se situe à 3500 kWh par an. Si on parle d’un appartement ou d’une petite maison, on est à 2500-3000 kWh », estime-t-il.
Or, le produit Parkside annonce une production annuelle de… 100 kWh. On est très loin du compte. « Une installation à 199 euros capable de générer 3000kWh par an, ça n’existe pas, prolonge Régis François. Pour obtenir ce résultat, il faut une toiture orientée plein sud, et investir dans un système photovoltaïque de qualité, qui se chiffre entre 5.500 à 6000 euros ».
Risques et nécessité d’agrégation
« Toute installation de production renouvelable raccordée au réseau de moins de 10 kilovoltampères (kVA) doit être déclarée et agréée », ajoute Jean-Michel Brebant, porte-parole d’Orès, opérateur des réseaux gaz et électricité en Belgique.
Le but de la législation : éviter les bricolages électriques sur le réseau. « Une installation électrique est potentiellement dangereuse si elle n’est pas agréée et si elle ne répond pas au règlement technique des installations électriques qui régit l’ensemble des bonnes pratiques sur le réseau », rappelle le porte-parole d’Orès.
Les risques liés à ce type d’installation ne doivent pas être sous-estimés, estime Jean-Michel Brebant. « Si l’installation photovoltaïque est en capacité de provoquer une surtension sur votre réseau électrique, et si les onduleurs décrochent, tous vos appareils électriques peuvent être endommagés, voire détruits », souligne-t-il.
Dès lors, que faire en cas de doutes sur la nature de votre système ? « Quand vous voulez réinjecter de l’énergie sur votre réseau, il faut absolument une installation agréée par un organisme certificateur du type Vinçotte, qui remettra une attestation de conformité par rapport au règlement technique », relève Jean-Michel Brebant.
« Si ce type d’installation fait dépasser les 220 volts sur votre réseau intérieur, on dépasse également le niveau de sécurité des appareils électriques, qui peuvent être facilement endommagés. Les PC ou les téléviseurs sont ultra sensibles aux hausses de tension », met-il en garde.
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