Delhaize: le Setca porte plainte pour non-respect de la loi Renault
Le Setca dépose plainte auprès de l’Auditorat du travail de Bruxelles pour non-respect de la loi Renault et de l’obligation de consultation et d’information, dans le cadre du conflit social qui oppose l’organisation syndicale à la direction de la chaîne de supermarchés Delhaize. La plainte vise la personne morale-l’employeur (Delhaize) et trois membres de la direction, précise le Setca dans un communiqué diffusé jeudi.
« La direction déclare invariablement dans la presse qu’elle est prête à engager le dialogue et souhaite être transparente, mais ses actions sont en contradiction flagrante avec ces propos et la concertation sociale n’est pas respectée », dénonce l’organisation socialiste.
« Le plan a été présenté comme un fait accompli, et les représentants des travailleurs n’obtiennent pas les informations nécessaires pour mener une bonne concertation. »
Le Setca dénonce encore l’hypocrisie de la direction qui affirme rechercher un climat serein dans les discussions, « mais pendant ce temps, les grévistes sur le terrain subissent des intimidations quotidiennes et des visites de huissiers aux piquets de grève ».
La direction rappelle pour sa part que la franchise est, à ses yeux, la seule option possible afin de renouer avec la croissance. Elle ajoute que les 9.000 employés pourront conserver à terme leurs conditions de travail et salariales.
Delhaize rejette également la qualification de licenciement collectif et donc l’application de la loi Renault. L’objectif est en effet que tous les contrats du personnel soient intégralement transférés aux repreneurs. Au siège, où les effectifs devraient être réduits de 280 postes, les emplois disparaîtraient progressivement au fur et à mesure de la reprise des magasins. Là non plus, il n’est donc pas question de licenciement collectif, ajoute-t-on.
Trois membres de la direction sont personnellement visés par cette plainte car le syndicat souhaite également s’adresser aux « interlocuteurs humains qui décident du plan et l’exécutent ». Certains de ces interlocuteurs sont présents depuis de nombreuses années et il était important qu’ils se sentent concernés par la situation, a commenté Myriam Delmée, présidente du Setca.
Quarante-trois supermarchés Delhaize étaient encore fermés jeudi matin en Wallonie et à Bruxelles, a fait savoir un porte-parole de la direction. La contestation s’est surtout manifestée dans la nuit, lors de l’action de blocage du dépôt à Zellik, organisée depuis mercredi soir par des travailleurs de Delhaize et des responsables syndicaux. Cette action s’est terminée vers 5h00. Essentiellement menée à l’extérieur, elle n’a pas empêché le fonctionnement normal du centre de distribution, selon la direction.
Selon la CNE, la direction a fait appel à la police qui est intervenue de manière « plus que musclée », en cours de nuit, pour permettre à huit camions de sortir du centre de distribution. Et cela, « alors que nous étions hypers pacifiques », a déclaré à l’agence Belga, Elisabeth Lovecchio, soulignant qu’il n’y avait eu aucun blessé.
« Nous avons d’abord fait venir un huissier, mais cela n’a rien donné », rétorque le porte-parole de la marque au lion. « La police locale a alors été sollicitée. » Les forces de l’ordre ont mis fin à l’action.
En raison du blocage, auquel ont participé en tout plusieurs centaines de personnes, selon la CNE, un nombre limité de camions a pu sortir du dépôt.
La direction confirme qu’aucun transport n’a pu se faire mais ajoute que l’activité à l’intérieur du bâtiment s’est poursuivie normalement. L’entreprise va tenter de combler les retards dans les prochaines heures et les jours à venir. « Nous regrettons énormément cette action qui a un impact sur l’entreprise, les collaborateurs et les fournisseurs. »
La direction de l’enseigne au lion a annoncé début mars son intention de mettre sous franchise ses 128 magasins intégrés. Depuis, la situation entre syndicats et direction de Delhaize ne cesse de se tendre.
Une quarantaine de magasins n’ont pas encore rouvert depuis le 7 mars et ce ne sera pas encore pour ce jeudi, vraisemblablement. La direction fait savoir qu’elle va envoyer des huissiers vers ces magasins où ceux qui veulent travailler sont nombreux, mais dont l’entrée est bloquée par une poignée de gens.
Un conciliateur social a été désigné pour déminer le conflit. Une première réunion est prévue en sa présence le 18 avril.