
Cora ferme ses 7 magasins dès cette année, près de 1.800 emplois directs impactés: «Ca fait 2 ans qu’on nous dit de faire confiance»
La dernière enseigne de grande distribution active au sein du groupe Louis Delhaize, Cora, qui emploie 1.779 personnes, fermera ses portes dans les mois à venir.
Le débat autour de l’expression «aller chez Cora» ou «aller à Cora» va donc prendre fin. Pour la simple mais triste raison que plus personne n’y ira: l’enseigne a annoncé qu’elle se débarrasserait de ses sept magasins d’ici le début 2026. La procédure Renault a démarré ce mardi matin, annonce la présidente de la SetCa, Myriam Delmée.
L’effroi règne chez les près de 1.800 travailleurs de l’enseigne qui partent désormais en assemblée. «Les travailleurs demeurent sous le choc d’autant qu’ils avaient fait de nombreux efforts durant trois plans de redressement préalables. La direction a d’ailleurs reconnu qu’ils n’avaient pas démérité. Celle-ci n’a pas pu s’adapter aux nouveaux enjeux du commerce», écrit la CNE dans un communiqué publié à l’issue du conseil d’entreprise. Les travailleurs du Cora de La Louvière ont d’ailleurs débrayé à l’annonce de la fermeture. Un repreneur aurait néanmoins déjà été trouvé pour ce site.
C’est que l’avenir est incertain pour les 1.779 employés du groupe dont 60% sont âgés de plus de 45 ans, et 50% ont plus de 20 ans d’ancienneté. «Il s’agit de travailleurs spécialisés qui ont des compétences très précises, poursuit Myriam Delmée. Ils nécessiteront des formations et des reconversions efficaces pour éviter qu’ils ne soient que de la chair à canon.» Mais la syndicaliste est craintive, car cette reconversion pourrait bien durer plus de deux ans, ce qui implique un renvoi vers le CPAS, selon la stratégie de l’Arizona en matière d’emploi.
«La première phase d’information et de consultation est une étape cruciale de la concertation sociale. Je veillerai, ensemble avec le gouvernement wallon, à ce que cette phase soit respectée scrupuleusement par l’entreprise dans un souci permanent de dialogue et de transparence, a déclaré le ministre fédéral de l’Emploi, David Clarinval (MR). Nous développerons ensemble une stratégie commune d’accompagnement et de réemploi des collaborateurs de Cora mais également des sous-traitants et travailleurs indépendants indirectement frappés par cette décision.»
Avec ses sept magasins (trois dans le Hainaut, deux à Bruxelles, un à Liège et un au Luxembourg), Cora était la dernière enseigne de distribution active au sein du groupe Louis Delhaize après la vente des Match, Smatch et Delitraiteur à Colruyt et des Louis Delhaize à Delhaize. Carrefour a par ailleurs racheté les activités françaises et roumaines de Cora et Match, tandis que E.Leclerc a repris Cora Luxembourg. «Quand le groupe Louis Delhaize a vendu toutes ses activités de retail, on s’y attendait, relate Myriam Delmée. Cela fait deux ans que Cora nous dit de faire confiance, mais le modèle de l’hypermarché s’essouffle. Carrefour va mal et fait son beurre sur les franchises, désormais.»
Face à ce constat, la présidente de la SetCa rappelle la volonté des interlocuteurs sociaux du secteur de tenir une table ronde, «mais le patronat s’en moque», déplore Myriam Delmée. De son côté, le CEO du groupe, Olivier Haller, assure que la décision était inéluctable. « Les perspectives financières pour 2025 et 2026 ne permettaient pas d’aller plus loin car la perte nette aurait alors frisé les 90 millions d’euros sur ces deux années. Or nous voulions éviter à tout prix un scénario catastrophe de type faillite. » Selon le CEO, le groupe a tenté plusieurs scénarios, y compris la réduction des surfaces qui sont aujourd’hui trop grandes pour les consommateurs. Le patron assure qu’il examinera les contre-propositions des représentants des travailleurs dans le cadre de la loi Renault sur les licenciements collectifs qui vient de s’enclencher.
Pas de repreneur pour Cora
Pour l’enseigne Cora, le groupe Louis Delhaize est depuis longtemps à la recherche d’un repreneur, mais sans succès. Le groupe a connu trois restructurations depuis 2015. Fin de l’année dernière, la chaîne avait à nouveau dû faire l’objet d’une injection de capitaux à hauteur de 30 millions d’euros.
«Désormais, il se dit que le groupe se focalise sur les immeubles qui abritent les magasins et les galeries qui les entourent. Il vendrait ainsi les murs qui seraient réorganisés en plus petites surfaces», avance L’Echo sur son site internet.